Le Maroc et Israël intensifient leur coopération en élargissant leur domaine de partenariat. Cette fois-ci, le Maroc fait appel à l’expertise israélienne dans le secteur émergent du cannabis à usage thérapeutique. Dans un pas audacieux, le pays accueillera un congrès à Tanger du 16 au 18 novembre prochain, réunissant des acteurs clés de la filière et des consultants israéliens. Cette collaboration vise à renforcer les compétences marocaines dans ce domaine en plein essor.
Exploration du cannabis médicinal : Coopération Maroco-Israélienne
Le Maroc, connu pour sa production de résine de cannabis, explore désormais les opportunités du cannabis à des fins médicales, cosmétiques et industrielles. En 2021, le pays a adopté une loi ouvrant la voie aux « usages licites du cannabis médical ». Pour accompagner cette transition, l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis a été créée. Cette évolution légale reflète la volonté de convertir les cultures illicites de cannabis en activités légales et créatrices de valeur ajoutée, tout en offrant de nouvelles perspectives d’emploi.
Congrès de Tanger : L’Étape cruciale
Dans cette perspective, la ville de Tanger se prépare à accueillir un congrès majeur sur l’utilisation thérapeutique du cannabis du 16 au 18 novembre. Cet événement rassemblera divers acteurs de l’industrie, dont des agriculteurs, des médecins, des pharmaciens et des coopératives, dans le but de renforcer les compétences locales et de favoriser le développement du secteur.
Redouane Rabii, président de l’Association Marocaine Consultative d’Utilisations du cannabis (AMCUC), souligne l’importance de cette initiative en mettant l’accent sur la nécessité de rassembler les parties prenantes du domaine du cannabis médical. Selon lui, la coopération avec des pays ayant une expérience significative dans ce domaine, comme Israël, est cruciale pour le succès de cette entreprise novatrice.
Une collaboration stratégique avec Israël
La décision de collaborer avec Israël dans le domaine du cannabis médical ne relève pas du hasard. Redouane Rabii explique que le choix d’Israël en tant que partenaire repose sur son expertise reconnue dans ce domaine. Israël est en effet un pionnier dans la recherche et le développement du cannabis médical, avec une expérience avancée dans les domaines scientifique, médical et réglementaire.
Défis et perspectives pour les cultivateurs marocains
Bien que le Maroc soit le premier producteur mondial de résine de cannabis et qu’il ait légalisé l’utilisation médicale du cannabis, cette transition soulève des préoccupations parmi les cultivateurs locaux. Historiquement, la culture du cannabis a soutenu environ 400 000 personnes, soit environ 60 000 familles au Maroc. La légalisation pourrait affecter les revenus des cultivateurs de la région du Rif, ce qui suscite des inquiétudes quant à la redistribution des bénéfices.
Un cultivateur, cité dans le journal Le Monde en mai 2023, exprime sa crainte que les profits de cette légalisation ne profitent davantage à l’État et aux grandes entreprises pharmaceutiques, au détriment des cultivateurs traditionnels.
L’initiative du Maroc de collaborer avec Israël pour développer l’utilisation thérapeutique du cannabis reflète un changement de paradigme dans la perception de cette plante. En élargissant son partenariat avec Israël, le Maroc s’ouvre à de nouvelles opportunités dans le domaine du cannabis médical, tout en cherchant à renforcer ses compétences locales et à favoriser le développement économique.
Cependant, il est important de trouver un équilibre entre les avantages potentiels de la légalisation et la protection des intérêts des cultivateurs traditionnels. Le congrès de Tanger devrait servir de plateforme pour discuter de ces défis et explorer des solutions collaboratives pour l’avenir de l’industrie du cannabis médicinal au Maroc.