Les deux endocannabinoïdes les plus connus sont l’anandamide et le 2-AG. Ils ont été découverts au début des années 1990. Ils sont synthétisés dans l’organisme à partir de l’acide arachidonique. Il s’agit d’un acide gras oméga-6 essentiel présent dans la viande, les œufs, le lait et le poisson. Ils sont fabriqués à partir d’un autre acide oméga-6 appelé acide linoléique. Ce dernier est présent dans les noix, les graines et certaines huiles végétales raffinées. L’anandamide et le 2-AG attirent l’attention. Mais ils ne sont pas les seuls à interagir avec les récepteurs CB1 et CB2. En effet, un nouvel endocannabinoïde a été découvert récemment.
Qu’est-ce qu’un endocannabinoïde ?
Les endocannabinoïdes sont aussi appelés cannabinoïdes endogènes. Ce sont des molécules cannabinoïdes sécrétées naturellement par l’organisme.
Le système endocannabinoïde est un organisme régulateur universel. Le système endocannabinoïde joue un rôle très important dans le corps humain pour notre survie. Cela est possible grâce à sa capacité à jouer un rôle vital dans le maintien de l’homéostasie du corps. Par exemple, dans le corps humain, il comprend :
- le cerveau,
- le système endocrinien
- et le système immunitaire.
Le système endocannabinoïde est un système multidimensionnel unique. Premièrement, c’est un système rétrograde qui peut agir comme un « régulateur principal » dans le corps. Deuxièmement, il a un champ d’influence très large en raison de l’abondance de récepteurs cannabinoïdes situés partout, des cellules immunitaires aux neurones. Enfin, les cannabinoïdes sont rapidement synthétisés et décomposés. Cela les permet de ne pas rester en grande quantité dans le corps très longtemps. Cela pourrait en effet faire de la thérapie aux cannabinoïdes une alternative plus sûre aux opioïdes ou aux benzodiazépines.
Nouveaux endocannabinoïde présent dans les poissons et les compléments alimentaires
Dans un article de 2019, des chercheurs de l’Université de l’Illinois ont rapporté la découverte récente de quatre endocannabinoïdes et de leurs dérivés. Ils sont tous synthétisés dans l’organisme à partir de deux acides gras essentiels de la famille des oméga-3. On trouve principalement ces acides gras dans les poissons et les compléments alimentaires.
Ce qui nous amène à cette découverte récente, une molécule appelée pentadécanoylcarnitine carnitine (PDC). Selon un article de Scientific Reports, le PDC est synthétisé dans l’organisme à partir d’un autre acide gras alimentaire connu sous le nom d’acide pentadécanoïque ou C15:0. On le trouve essentiellement dans les produits laitiers entiers, mais aussi dans certains poissons, plantes et autres aliments. Il se lie aux récepteurs CB1 et CB2, entre autres. Il peut jouer un rôle dans divers processus physiologiques liés à la régulation :
- de l’inflammation,
- de la douleur,
- de l’humeur
- et du sommeil.
L’étude résume ses travaux comme suit : « Comme les humains, les grands dauphins sont des mammifères à longue durée de vie dotés d’un gros cerveau. Il a été démontré qu’il existe des associations entre des concentrations circulantes plus élevées de C15:0 et C17:0 et un risque plus faible de maladies métaboliques chroniques. Lorsque les dauphins ont été nourris avec un régime modifié de poisson riche en C15: 0, leur métabolisme sérique a changé. Cela va entrainer une réduction des taux d’insuline et de cholestérol ainsi qu’une réduction de l’anémie. »
Étude des métabolites C15:0
Pour mieux comprendre ces changements, l’équipe s’est cette fois penchée sur l’étude de l’activité biologique des principaux métabolites C15:0. Tout d’abord, elle a analysé des tests sanguins précédemment prélevés sur des dauphins soumis à un régime alimentaire modifié. Cela a pour but d’identifier les composés qui augmentaient avec la consommation d’acides gras. Après six mois d’alimentation, la pentadécanoyl carnitine est apparue comme le métabolite numéro un le plus associé ou prédit par un apport élevé en C15:0.
Le PDC a ensuite été testé en laboratoire sur une douzaine de systèmes cellulaires humains qui ont modélisé divers états pathologiques pour élucider ses effets immédiats. Il a été démontré qu’il a des effets anti-inflammatoires dose-dépendants dans cinq de ces systèmes qui sont considérés comme cliniquement importants dans le traitement des maladies cardiovasculaires, immunitaires, néoplasiques ou cancéreuses (liées aux tumeurs), pulmonaires et cutanées.
Enfin, pour évaluer ses mécanismes d’action moléculaires, les scientifiques ont testé l’activité du PDC sur une gamme de cibles, notamment des récepteurs, des transporteurs, des canaux ioniques et des enzymes. Il a été démontré qu’il est un agoniste complet des récepteurs CB1 et CB2, le reliant à un seul autre endocannabinoïde connu, le 2-AG.
L’article conclut : « En raison de la baisse de la consommation de lait entier dans la population générale, des recherches supplémentaires sont nécessaires. Cela permettra d’évaluer les liens possibles entre l’augmentation mondiale des allergies, les troubles mentaux et du sommeil et les carences nutritionnelles C15:0. »
Des recherches plus approfondies sur la pentadécanoylcarnitine et son rôle en tant qu’endocannabinoïde seraient également les bienvenues. Il semble être l’un des au moins sept endocannabinoïdes identifiés à ce jour qui servent de facteurs de signalisation dans le système endocannabinoïde, le principal système de régulation du corps. Cependant, jusqu’à présent, il a été peu étudié dans la littérature scientifique.
