Hier, 19 août 2024, le roi Mohammed VI du Maroc a surpris le pays en accordant une grâce royale à plus de 4 800 agriculteurs de cannabis, poursuivis ou condamnés pour la culture illégale de cette plante. Cette décision marque un tournant dans la gestion de la culture du cannabis au Maroc, le premier producteur mondial selon l’ONU.
À la veille de la fête nationale de la « Révolution du Roi et du Peuple », cette annonce a provoqué une onde de choc dans le pays, tant pour sa dimension humanitaire que pour ses implications économiques.
La Nouvelle Stratégie de Légalisation du cannabis
Depuis l’adoption en 2021 de la loi encadrant les usages industriel et médical du cannabis, le Maroc a entrepris une mutation de son secteur agricole. Les régions du Rif, historiquement marquées par la culture illégale du cannabis, sont désormais au cœur d’une stratégie de régularisation. Cette initiative vise à transformer ces régions en pôles économiques légaux et à encourager les agriculteurs à rejoindre les circuits formels de production de cannabis thérapeutique.
La grâce royale est perçue non seulement comme un geste de clémence mais aussi comme une incitation à intégrer les agriculteurs dans l’économie légale. Mohammed El Guerouj, directeur de l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC), a salué cette mesure, la qualifiant de « pas important vers l’élimination progressive de la culture illicite ». Selon lui, cette grâce permet aux agriculteurs et à leurs familles de « vivre dans la sérénité et la quiétude », après des décennies de précarité et de peur des poursuites judiciaires.
Un Impact Social et Économique Majeur
L’intégration des agriculteurs de cannabis dans l’économie légale promet d’avoir un impact social et économique considérable. Le Rif, une région longtemps marquée par la pauvreté et l’exclusion, pourrait bénéficier de cette nouvelle orientation. Le développement d’activités liées à la transformation, l’industrialisation, et l’exportation du cannabis, notamment pour des usages médicaux, pharmaceutiques et industriels, ouvre de nouvelles perspectives de développement durable pour la région.
La légalisation progressive et l’inclusion des agriculteurs dans ce nouveau cadre économique pourraient non seulement améliorer la vie des individus concernés mais également restructurer l’économie régionale. La transformation du secteur du cannabis au Maroc représente un pas vers une régulation plus juste et un développement plus équitable, tout en offrant une alternative viable à la culture illégale.
Conclusion
Cette grâce royale, en plus de marquer un tournant dans la gestion du cannabis au Maroc, démontre l’engagement du royaume à régulariser un secteur historiquement lié à l’illégalité. En intégrant les agriculteurs de cannabis dans une économie légale et en offrant des perspectives de développement durable, le Maroc mise sur une transformation profonde de son tissu économique et social, notamment dans les régions du Rif.
Le succès de cette initiative dépendra toutefois de la capacité du pays à encadrer efficacement la transition, à soutenir les agriculteurs dans cette nouvelle voie et à promouvoir des pratiques agricoles durables et légales. Le Maroc semble ainsi s’engager sur une voie prometteuse, où tradition et modernité pourraient enfin se réconcilier pour le bien-être de tous.