Cannabis licite : Une ère révolutionnaire commence à Taounate avec la première usine de transformation

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L’industrie du cannabis au Maroc entre dans une nouvelle phase historique avec l’inauguration de la première usine de transformation de cannabis licite dans la province de Taounate. Cet événement marque une étape décisive dans la mise en œuvre de la loi 13-21, promulguée pour encadrer les usages légaux du cannabis, et pourrait transformer profondément l’économie locale. En présence du directeur général de l’Agence Nationale de Réglementation des Activités relatives au Cannabis (ANRAC), Mohamed El Guerrouj, et du gouverneur de la province de Taounate, Saleh Daha, l’inauguration de cette usine symbolise une opportunité tant pour les agriculteurs que pour l’économie régionale.

Une filière légale, un avenir prometteur

Depuis l’adoption de la loi 13-21 en 2021, le Maroc a entamé une régulation ambitieuse du secteur du cannabis, auparavant largement contrôlé par des réseaux illégaux. Cette loi permet la culture et la transformation du cannabis à des fins médicinales, cosmétiques et industrielles. L’inauguration de cette première usine de transformation à Taounate représente l’aboutissement de plusieurs années de préparation et d’engagement des autorités marocaines à encadrer cette nouvelle industrie.

Selon Mohamed El Guerrouj, cette usine ouvrira de nouvelles perspectives économiques et sociales dans la région. « Le lancement effectif de cette unité industrielle n’est que le début d’une série d’initiatives visant à structurer le secteur. Nous veillons à ce que les agriculteurs et les investisseurs locaux soient accompagnés afin qu’ils puissent pleinement profiter de cette transition vers une économie formelle et encadrée, » a déclaré le directeur général de l’ANRAC.

Un modèle d’industrie durable

Cette usine de transformation du cannabis, construite sur une superficie de plus de 3000m² et dotée des dernières technologies d’extraction, s’annonce comme un exemple de développement industriel durable. Le projet, porté par l’investisseur Mustapha El Missouri, natif de Taounate, témoigne de l’ambition de faire de cette filière un pilier de l’économie locale. « Ce projet représente un investissement de 20 millions de dirhams et a permis la création de 25 emplois permanents, ainsi que plus de 300 emplois saisonniers. C’est un véritable levier de développement pour la région, » explique El Missouri.

La création de cette usine n’a pas été un long fleuve tranquille. La réglementation stricte imposée par l’ANRAC, couplée aux nombreuses démarches administratives, a nécessité des efforts collectifs pour voir ce projet se concrétiser. Pourtant, cette rigueur est essentielle pour garantir la transparence et la conformité aux normes internationales, notamment en matière de production pharmaceutique et cosmétique.

Un soutien aux agriculteurs et une chance de rédemption

Le Maroc est l’un des plus grands producteurs mondiaux de cannabis, avec une production largement concentrée dans les régions du Rif, dont Taounate fait partie. Cependant, la plupart des agriculteurs de cette région se sont longtemps trouvés en marge de la légalité, menacés par des poursuites judiciaires liées à la culture illicite de cette plante.

La Grâce Royale accordée en août 2024 à 4 831 personnes condamnées pour des infractions liées à la culture de cannabis est venue apporter un souffle d’espoir aux communautés locales. Elle a permis à ces agriculteurs de tourner une page et de s’inscrire dans une dynamique légale. Beaucoup d’entre eux ont désormais l’opportunité d’intégrer cette nouvelle filière réglementée. « L’adhésion des agriculteurs est primordiale pour garantir le succès de cette industrie. La Grâce Royale a permis à beaucoup d’entre eux de repartir de zéro et d’envisager un avenir dans la légalité, » souligne un responsable local.

L’accompagnement des agriculteurs est d’ailleurs au cœur des priorités de l’ANRAC, qui propose des formations spécialisées sur les méthodes de culture respectant les standards internationaux. Cet encadrement a pour but d’améliorer la qualité des récoltes tout en réduisant l’impact environnemental de la production de cannabis. Une initiative qui vise à faire du Maroc un acteur incontournable sur le marché mondial du cannabis médical.

Un contrôle rigoureux pour un avenir durable

L’ANRAC a mis en place un programme de contrôle strict afin d’assurer le respect des normes dans chaque étape de la chaîne de production, de la culture des plantes à la transformation finale. Le directeur de l’agence a expliqué que ces contrôles permettent de garantir une production de qualité, en adéquation avec les exigences internationales, et de prévenir toute dérive vers des usages non conformes.

« Nous avons développé un système de traçabilité rigoureux, qui permet de suivre chaque lot de cannabis depuis sa culture jusqu’à son utilisation finale. Cela garantit la transparence du processus et renforce la confiance des consommateurs et des partenaires internationaux, » a précisé Mohamed El Guerrouj lors de son discours inaugural.

Cette approche vise également à protéger les petits agriculteurs des dérives du marché noir et à garantir que seuls ceux respectant la réglementation bénéficient des avantages de cette filière en plein essor.

Une opportunité pour le développement local

L’usine de Taounate ne se contente pas de transformer le cannabis ; elle transforme toute une région. En créant des emplois et en favorisant l’essor d’une filière à haute valeur ajoutée, ce projet va permettre à des centaines de familles de sortir de la précarité. Les agriculteurs, souvent marginalisés, voient désormais leurs efforts reconnus et valorisés dans un cadre légal. Pour la province de Taounate, c’est un pas de géant vers une croissance économique durable.

Mustapha El Missouri espère d’ailleurs que son usine deviendra un modèle pour le développement du cannabis licite au Maroc. « Nous avons de grandes ambitions pour cette usine. Elle doit être le fer de lance d’une industrie qui peut non seulement changer la vie des agriculteurs, mais aussi renforcer la position du Maroc sur le marché mondial du cannabis médical et industriel, » a-t-il déclaré avec enthousiasme.

L’avenir du cannabis licite au Maroc : entre espoir et défi

Si l’inauguration de cette usine à Taounate est un signal positif, le chemin vers une industrie entièrement légale et régulée reste parsemé d’obstacles. Les défis sont multiples : garantir l’accès des petits agriculteurs au marché, assurer un encadrement efficace des cultures, et prévenir les risques de dérives vers des circuits illégaux.

Cependant, avec la loi 13-21 et le soutien des autorités marocaines, le Maroc semble bien parti pour réussir cette transition historique concernant le cannabis. Le potentiel est immense, et si les initiatives comme celle de Taounate continuent de fleurir, le Royaume pourrait bien devenir un acteur majeur dans le secteur du cannabis licite à l’échelle internationale. En attendant, Taounate se prépare à tirer les premiers bénéfices de cette révolution verte.

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