Une récente étude menée par des chercheurs de l’UTHealth Houston révèle que les personnes ayant un trouble lié à la consommation de cannabis (CUD) sont plus susceptibles de subir des complications graves après une intervention chirurgicale. Ces résultats soulignent l’importance pour les professionnels de la santé de prendre en compte la consommation de cannabis lors de la planification et du suivi des patients subissant une chirurgie.
Les conséquences néfastes de la consommation de cannabis sur les complications postopératoires
Selon le National Institute on Drug Abuse, pas moins de 16,3 millions de personnes aux États-Unis étaient atteintes de CUD en 2021. Ce trouble se caractérise par une incapacité à arrêter la consommation de cannabis malgré les problèmes de santé et les difficultés sociales qu’il peut entraîner. Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont découvert que les patients atteints de CUD avaient environ 20 % de risques supplémentaires de présenter des complications graves après une intervention chirurgicale par rapport à ceux n’ayant pas ce trouble.
Les premières interactions des patients avec le système de santé surviennent souvent lorsqu’ils subissent une chirurgie. En plus de leurs problèmes de santé préexistants, tels que l’hypertension artérielle et le diabète, certains patients consomment régulièrement du cannabis, ce qui doit désormais être considéré comme un problème de santé majeur. Les résultats de l’étude mettent en évidence le fait que la consommation de cannabis peut avoir un impact significatif sur la santé, contrairement à l’idée souvent répandue selon laquelle elle serait inoffensive.
Les données révèlent les risques accrus pour les patients atteints de CUD
Les chercheurs ont utilisé une base de données nationale d’échantillons de patients hospitalisés pour analyser plus de 62 000 hospitalisations liées à des chirurgies majeures électives aux États-Unis entre 2016 et 2019. Les résultats ont montré que les patients atteints de CUD présentaient un risque plus élevé de complications postopératoires. Parmi ces complications figuraient des problèmes tels que l’ischémie myocardique, l’insuffisance rénale aiguë, l’accident vasculaire cérébral, l’insuffisance respiratoire, la thromboembolie veineuse, les infections nosocomiales et les complications chirurgicales. De plus, les patients atteints de CUD ont également supporté des coûts d’hospitalisation plus élevés que les autres.
Les implications pour la pratique médicale et les mesures de précaution
À mesure que la consommation de cannabis augmente et que les produits à base de cannabis deviennent de plus en plus puissants, les chercheurs soulignent les problèmes de sécurité auxquels sont confrontés les patients consommateurs de cannabis subissant une intervention chirurgicale. En réponse à ces préoccupations, l’American Society of Regional Anesthesia and Pain Medicine a récemment publié de nouvelles directives recommandant un dépistage systématique de la consommation de cannabis chez tous les patients avant une chirurgie. Il est également recommandé d’informer les patients des risques accrus d’effets indésirables liés à la consommation de cannabis.
D’un point de vue anesthésique, les consommateurs de cannabis peuvent nécessiter des doses plus élevées de médicaments anesthésiques pendant la chirurgie. De plus, ils peuvent éprouver des niveaux de douleur plus élevés après l’intervention et nécessiter une quantité plus importante d’opioïdes pour la gestion de la douleur postopératoire. Il est donc essentiel que les médecins prennent en compte la consommation de cannabis d’un patient afin de pouvoir ajuster les doses de médicaments administrées et surveiller attentivement toute complication potentielle.
Les auteurs de l’étude, tels que le Dr Paul Potnuru, professeur adjoint d’anesthésiologie à la McGovern Medical School de l’UTHealth Houston, soulignent l’importance pour les professionnels de la santé d’être conscients de la consommation de cannabis de leurs patients avant une chirurgie. Cette prise de conscience permettra d’adapter les traitements et les médicaments en fonction des besoins spécifiques de chaque patient.
En conclusion, les résultats de cette étude mettent en évidence le lien entre la consommation régulière de cannabis et les complications postopératoires. Les patients atteints de troubles liés à la consommation de cannabis ont un risque accru de complications graves après une intervention chirurgicale. Il est donc essentiel que les professionnels de la santé intègrent la consommation de cannabis dans leur évaluation préopératoire et leur suivi postopératoire, afin d’assurer la sécurité et le bien-être des patients. De plus, il est nécessaire de sensibiliser les patients aux risques potentiels associés à la consommation de cannabis et de mettre en place des directives claires pour la prise en charge de ces patients lors de procédures chirurgicales.