L’industrie du cannabis au Canada, autrefois saluée comme une grande réussite du gouvernement Trudeau, est aujourd’hui confrontée à de graves défis. Près de six ans après la légalisation, de nombreuses entreprises légales se retrouvent en difficulté, et beaucoup se demandent si le gouvernement fédéral a abandonné le secteur qu’il a contribué à créer.
La promesse de la légalisation du cannabis
Lors de l’adoption de la Loi sur le cannabis en 2018, les objectifs étaient clairs : garder le cannabis hors de portée des jeunes, protéger la santé publique et réduire la criminalité liée à son commerce illicite. En théorie, un secteur réglementé devait éliminer ou du moins réduire considérablement le marché noir. Cependant, la réalité a été plus complexe.
Les chiffres ne mentent pas
Entre 2018 et 2021, l’industrie du cannabis a contribué à hauteur de 43,5 milliards de dollars au PIB du Canada et a soutenu plus de 150 000 emplois. Pourtant, malgré ces contributions économiques significatives, le marché illicite demeure robuste, représentant encore environ 35 % des ventes totales à l’échelle nationale selon Statistique Canada.
L’échec de la compétitivité du marché légal
Une étude de Deloitte a révélé que le prix moyen du cannabis sur le marché noir reste 20 % inférieur à celui des produits vendus dans les magasins autorisés. Cette disparité de prix incite les consommateurs soucieux de leur budget à se tourner vers des sources non autorisées, malgré les risques associés à l’achat de produits non réglementés.
La réponse provinciale
Face à l’inaction du gouvernement fédéral, certaines provinces ont pris les devants pour soutenir le secteur légal. Par exemple, l’Ontario a réduit les marges de gros imposées aux producteurs autorisés et a alloué 31 millions de dollars à la lutte contre le marché illicite. De son côté, l’Alberta a autorisé les détaillants licenciés à vendre leurs produits lors de festivals, offrant ainsi de nouvelles opportunités d’engagement avec les consommateurs.
Le désengagement du gouvernement fédéral
Le manque d’engagement du gouvernement fédéral est palpable. En février 2024, le Comité permanent des finances de la Chambre des communes a recommandé des ajustements à la structure de la taxe d’accise pour aider l’industrie légale à rivaliser avec le marché illicite. Cependant, ces recommandations sont restées lettre morte, laissant l’industrie dans une position de vulnérabilité.
L’urgence d’une action fédérale
Le besoin d’une réforme significative à l’échelle nationale est plus pressant que jamais. L’examen statutaire de la Loi sur le cannabis, bien qu’en retard d’un an, a confirmé que le marché illicite reste solidement implanté et que de nombreux détaillants illégaux continuent de prospérer, au grand désespoir des opérateurs légitimes.
Alors que les provinces continuent de prendre des mesures pour soutenir leurs industries légales, le manque d’action significative du gouvernement fédéral met en péril l’héritage de la légalisation du cannabis. Avec des élections fédérales prévues dans un peu plus d’un an, il reste encore du temps pour que le gouvernement Trudeau prenne des mesures décisives pour assurer la durabilité et le succès de l’industrie du cannabis au Canada. Seul le temps dira s’ils suivront l’exemple de leurs homologues provinciaux.
