La consommation de cannabis est un facteur de risque de suicide pour les jeunes

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L’usage de cannabis n’est pas inhabituel. Il a déjà été associé à la survenue de troubles mentaux (anxiété, dépression, syndromes psychotiques). Il serait également associé à un risque accru de suicide, même en cas d’utilisation peu fréquente. C’est la découverte d’une équipe de l’American Institute of Health avec une large cohorte.

Cannabis et comorbidités psychiatriques

cannabis

Des études épidémiologiques sérieuses dans la population générale ont montré que les maladies mentales et la dépendance comorbide sont très courantes chez les consommateurs réguliers de cannabis.

Cannabis et troubles anxieux

  • Troubles anxieux primaires

Les troubles anxieux sont primaires lorsque la symptomatologie a commencé avant la consommation de cannabis. Dans l’étude NESARC et dans les essais cliniques, les troubles anxieux primaires sont plus fréquents chez les patients toxicomanes/abuseurs de cannabis que chez les témoins, indépendamment de la consommation d’alcool ou d’autres drogues.

  • Trouble anxieux induit par le cannabis

Une méta-analyse de cinq études épidémiologiques longitudinales a révélé que la consommation de cannabis et l’abus/dépendance au cannabis étaient des prédicteurs de l’apparition ultérieure de troubles anxieux, mais de manière relativement modeste.

Différencier les troubles anxieux indépendants de ceux causés par l’intoxication ou le sevrage/retrait de cannabis

Les troubles anxieux sont beaucoup plus fréquents chez les femmes que chez les hommes qui abusent/dépendent du cannabis. La symptomatologie des troubles anxieux indépendants, souvent primitifs, est bien caractérisée par :

  • la répétition de troubles anxieux aigus survenus avant la consommation de cannabis dans les troubles de paniques,
  • la recherche de la désinhibition pour faciliter les relations avec les autres dans les phobies sociales (anxiété sociale dans le Manual of Diagnostics and Statistics of Mental Disorders [DSM-5] version 5),
  • la recherche de survie à des blessures antérieures dans des états de stress post-traumatique,
  • et les ruminations axées sur les difficultés de la vie quotidienne du trouble anxieux chronique généralisé.

La symptomatologie anxieuse induite par la consommation de cannabis se manifeste notamment par la survenue d’attaques de panique lors de la consommation (jusqu’à 20% des usagers). Son évolution est spontanément bénéfique grâce à l’élimination du delta-9-tétrahydrocannabinol (THC), principal principe actif du cannabis.

La symptomatologie anxieuse associée au sevrage chez les toxicomanes au cannabis se développe après une période d’abstinence, comme après le réveil. Elle se caractérise par de l’irritabilité ou de la nervosité, l’existence d’un besoin irrépressible de consommer du cannabis. Elle est propice à la reprise de la consommation. En cas de sevrage, la symptomatologie atteint son maximum au jour 3 ou 4 et disparaît spontanément en quelques semaines.

En pratique, la symptomatologie des troubles anxieux primaires et des troubles anxieux induits par la consommation de cannabis est imbriquée. Les relations sont à double sens et les problèmes se renforcent mutuellement. Les entretiens motivationnels visent à expliquer ces séquences chez chaque patient, étape nécessaire pour comprendre le cercle vicieux et la nécessité de réduire ou mieux arrêter la consommation pour améliorer l’anxiété.

Un problème grandissant chez les jeunes

En France, « plus de 25 % des 18-25 ans déclarent consommer depuis un an », précise la MILDECA.

Mais « à 25 ans, le cerveau est en phase de maturation. Des études d’imagerie ont montré que les adolescents se trouvent dans un état unique de transformation et de remodelage du cerveau. Cela les rend plus sensibles aux effets des substances psychoactives. »

Des études ont déjà montré que « la consommation de cannabis à l’adolescence entraîne des troubles cognitifs, physiologiques et comportementaux. Il est de plus nocif et persistant quand la consommation est précoce (surtout avant 15 ans) et régulière », poursuit la MILDECA.

Mais comment le fait de fumer un joint pourrait-il affecter votre santé mentale ? C’est essentiellement une question posée par une équipe du National Institute on Drug Addiction (NIDA).

Même sans antécédents de dépression

Premièrement, les chercheurs ont recueilli des données sur la consommation de drogues auprès de plus de 280 000 jeunes adultes âgés de 18 à 35 ans à partir des enquêtes nationales sur la consommation de drogues et la santé (NSDUH).

Ils les ont ensuite répartis en quatre groupes : 

  • ceux qui n’ont jamais consommé de cannabis, 
  • ceux qui n’en ont pas consommé tous les jours, 
  • ceux qui en ont consommé presque quotidiennement (au moins 300 jours par an) 
  • et ceux qui en ont consommé avec difficulté (malgré les conséquences négatives). 

Ils ont également enregistré des épisodes de pensées suicidaires ainsi que des actions.

Le constat est clair : « Même les jeunes qui ne consommaient pas de cannabis quotidiennement, moins de 300 jours par an, étaient plus susceptibles d’avoir des pensées suicidaires et de tenter leur propre vie que ceux qui ne fumaient pas du tout. », concluent les auteurs.

Plus précisément, parmi les adolescents sans antécédents de dépression, seulement 3 % de ceux qui n’ont jamais consommé de cannabis ont eu des pensées suicidaires.

Alors que chez les utilisateurs occasionnels, ce chiffre monte à 7 % et 9 % pour les utilisateurs quotidiens. En cas de consommation problématique, ce pourcentage atteint 14 %.

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