La marijuana et les troubles neurologiques

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La marijuana est une plante qui fait l’objet de nombreux débats. Depuis des siècles, elle a été utilisée à des fins médicinales et récréatives. Cependant, malgré ses propriétés médicinales connues, ses effets psychoactifs sont plus discutés et documentés. En effet, l’utilisation de la marijuana est souvent associée à des risques sur la santé mentale et physique. Ces derniers résultent de l’interaction du THC avec le système endocannabinoïdes.

Il nous intéresse dans cet article de comprendre les effets de la marijuana sur le cerveau et les troubles neurologiques liés à sa consommation.

Qu’appelle-t-on par troubles neurologiques ?

Par définition, les troubles neurologiques sont des perturbations du système nerveux central ou périphérique. Ils peuvent avoir des causes génétiques, mentales, traumatiques ou encore issu de la prise de drogue comme la marijuana. Selon les estimations, plus de 6,8 millions de personnes décèdent chaque année en raison de ces troubles. Il est observé que la proportion de personnes touchées par ces pathologies augmente en même temps que celle des personnes âgées de plus de 65 ans. Cette tendance devrait s’accentuer en France, où on estime que la tranche d’âge des 65 ans et plus représentera 17,8 % de la population en 2060.

cerveau et marijuana

Comment la marijuana agit-elle sur le cerveau ?

La marijuana est principalement composée du tétrahydrocannabinol ou THC. Celui-ci est un cannabinoïde psychoactif qui agit principalement en se liant aux récepteurs endocannabinoïdes, CB1 et CB2, présents dans le cerveau et la moelle épinière. Consommer régulièrement de la marijuana peut entraîner des modifications structurelles et fonctionnelles dans le cerveau. Celles-ci affectent particulièrement les régions impliquées dans la régulation de la mémoire, de l’attention et de l’humeur. Les études montrent que consommer quotidiennement de marijuana à un jeune âge peut entraîner des perturbations de la neurodéveloppement. En outre, le THC peut réduire la densité de matière grise dans le cerveau. À long terme, la marijuana peut également être associée à des risques accrus de développer des troubles mentaux. Les plus courants sont : la schizophrénie, l’épilepsie, les troubles de l’humeur et les troubles de l’attention/hyperactivité (TDAH).

Toutefois, il est essentiel de souligner que plus de recherches sur les effets de la marijuana sur le cerveau sont nécessaires pour  une meilleure compréhension de cet aspect.

La marijuana et ses effets à long terme sur le cerveau

Les effets à long terme de la marijuana sur le cerveau ont été largement étudiés dans des modèles animaux et chez l’homme. Les études montrent que l’utilisation régulière de cette substance à un jeune âge peut entraîner des perturbations de la neurodéveloppement, y compris une réduction de la densité de matière grise dans le cerveau.

Des études épidémiologiques ont montré que l’utilisation prolongée de marijuana est associée à des perturbations de la cognition, notamment de la mémoire, de l’attention et de la capacité de résoudre les problèmes. Ces perturbations peuvent être temporaires ou permanentes. Elles peuvent varier considérablement en fonction de la dose, de la durée d’utilisation et de l’âge de début de l’utilisation.

Des études ont montré que l’utilisation régulière de marijuana est associée à une augmentation du risque de développer des troubles mentaux tels que la schizophrénie, les troubles de l’humeur et les troubles de l’attention/hyperactivité (TDAH).

Il faut toutefois noter que les effets de la marijuana peuvent varier considérablement selon les consommateurs.

Comment la marijuana affecte-t-elle la mémoire ?

Les consommateurs réguliers de cannabis peuvent souffrir de problèmes de mémoire en raison de la présence de tétrahydrocannabinol (THC) dans la plante. Une étude publiée en 2016 dans la revue Nature a montré que le THC a un impact négatif sur un récepteur situé dans les mitochondries. Cela a pour conséquence une réduction de l’énergie produite à l’intérieur des cellules, ce qui a un impact direct sur les neurones et leur capacité à fonctionner correctement.

Effet à court terme

Il est largement reconnu par les scientifiques que la consommation de la marijuana a un impact sur la mémoire. Selon le professeur Mitch Earleywine de l’Université de Californie du Sud, tant que le THC est présent dans l’organisme, les capacités de mémorisation sont altérées, affectant la compréhension des informations et leur stockage. Il est important de noter que cet impact varie en fonction de l’âge des consommateurs, de la date de début de la consommation et de la fréquence et la quantité de cannabis consommé.

Après l’arrêt de consommation

Plusieurs études ont étudié la durée des effets du cannabis sur la mémoire, notamment après l’arrêt de sa consommation. Celles-ci ont montré que les impacts sur les fonctionnalités mémorielles disparaissent avec le temps. Par exemple, des chercheurs du General Hospital de Boston ont observé que les effets du THC sur la mémoire s’estompaient rapidement. Dans cette étude, 88 jeunes âgés de 16 à 25 ans qui consommaient du cannabis régulièrement, certains ont dû arrêter de fumer pendant un mois et d’autres ont pu continuer. Les résultats de cette étude montraient clairement que les participants qui avaient arrêté de consommer du cannabis obtenaient de meilleurs résultats que les autres. Ces résultats ont été confirmés par une autre étude dirigée par Harrison Pope. La recherche  a montré qu’après seulement 28 jours d’abstinence, aucune distinction ne pouvait être faite entre les deux échantillons. Il est clair que la consommation de cannabis a des effets néfastes sur la mémoire qui ne doivent pas être négligés. Cependant, les fonctions mémorielles se restaurent à la suite d’une période d’abstinence.

Troubles neurologiques associés à la marijuana

La marijuana est connue pour diverses maladies neurologiques liées à sa consommation. Les risques de développer ces troubles sont plus accrus chez les adolescents et les jeunes adultes. 

Voici quelques exemples des plus courantes :

Le TDAH

Les effets psychoactifs de la marijuana sont principalement liés à la présence du THC dans la plante. Ce cannabinoïde agit en se liant aux récepteurs cannabinoïdes  du système nerveux central.  Ces récepteurs sont principalement exprimés dans les régions du cerveau impliquées dans la régulation de la mémoire, le plaisir, la perception de la douleur et d’autres processus.

Lorsque le THC se lie au CB1, il provoque des modifications de la neurotransmission et des réponses cellulaires qui peuvent altérer les processus neurobiologiques liés au développement et au fonctionnement normal du système nerveux central. Des études récentes ont montré que cette perturbation de la neurotransmission et des réponses cellulaires liées à l’utilisation régulière de cannabis peut augmenter le risque de troubles de l’attention et d’hyperactivité (TDAH).

D’autres recherches ont établi que le THC agit sur les récepteurs CB1 de l’hippocampe, une région du cerveau qui est impliquée dans la mémoire et l’apprentissage. Les chercheurs ont découvert que le THC réduit la neurogenèse, qui est le processus de formation de nouveaux neurones dans l’hippocampe. Cette réduction de la neurogenèse peut entraîner des perturbations de la mémoire et de l’apprentissage, qui sont des symptômes caractéristiques du TDAH.

En somme, le cannabis provoque le TDAH en perturbant les processus neurobiologiques liés au développement et au fonctionnement normal du système nerveux central. Les cannabinoïdes comme le THC, se liant aux récepteurs CB1 présents dans le système nerveux central, perturbent la neurotransmission et les réponses cellulaires, ce qui peut augmenter le risque de troubles de l’attention hyperactivité.

La schizophrénie

Il existe un lien entre la consommation de marijuana et l’apparition de symptômes schizophréniques. Des études montrent que les personnes qui consomment quotidiennement de la marijuana sont plus susceptibles de développer des troubles psychotiques telles que la schizophrénie, contrairement à celles qui n’en consomment pas. Cependant, la consommation de cannabis n’est pas la seule cause de ce trouble neurologique. Il est possible que des facteurs de risque préexistants, tels que des antécédents familiaux de troubles psychotiques, augmentent la probabilité de développer des symptômes schizophréniques chez les consommateurs réguliers de marijuana. Les recherches sur les mécanismes biologiques sous-jacents à cette corrélation sont en cours. Toutefois,  il est en va de penser que la marijuana affecte les neurotransmetteurs cérébraux tels que la dopamine. Celle-ci jouant un rôle important dans la régulation de l’humeur et de la perception.

Cerveau

L’épilepsie

La prise de marijuana peut entraîner des crises d’épilepsie ou le développement de cette maladie chez certaines personnes. Des études ont conclu que le THC peut augmenter l’excitabilité neuronale et perturber l’équilibre des neurotransmetteurs. Ceci ayant pour conséquences des crises d’épilepsie. En outre, il a été démontré que le THC peut augmenter la libération de glutamate, un neurotransmetteur excitateur, tout en réduisant la libération de GABA, un neurotransmetteur inhibiteur. Cela peut entraîner une hyperactivation des neurones et une perturbation de l’équilibre des neurotransmetteurs. Ce qui peut provoquer des crises convulsives ou exposer le consommateur à des risques accrus de développer l’épilepsie. Cependant, des recherches plus poussées sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes de cette association.

Conclusion

Les propriétés psychoactives du THC impactent considérablement le bon fonctionnement du cerveau. On peut ainsi conclure que la prise de marijuana est étroitement liée à des risques certains de troubles neurologiques. Compte tenu de ces aspects, la position de la France par rapport à la restriction du cannabis est tout à fait compréhensible. Cependant, la légalisation de cette substance dans certains pays européens laisse-t-il entendre que ces derniers soient insensibles aux effets délétères du cannabis ?

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