Fredericton — Une analyse approfondie sur une période de six ans, impliquant plus de 10 000 conducteurs canadiens accidentés, révèle une tendance préoccupante : le cannabis a désormais surpassé l’alcool en tant que substance affaiblissant les facultés la plus fréquemment détectée dans les analyses sanguines post-accident. Cette étude, la National Drug Driving Study 2024, a été menée par l’Université de la Colombie-Britannique et couvre plusieurs provinces.
Un phénomène émergent
Entre 2018 et 2023, des chercheurs ont analysé des échantillons de sang de conducteurs blessés provenant de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de la Saskatchewan, de l’Ontario, du Québec, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de Terre-Neuve-et-Labrador. Les résultats sont alarmants : 54 % de ces conducteurs ont été testés positifs pour au moins une substance affaiblissant les facultés. Parmi eux, 16,6 % avaient du THC dans leur sang, surpassant légèrement les 16 % ayant de l’alcool.
Une problématique nationale
L’étude souligne que la conduite sous l’influence du cannabis est un problème émergent au Canada.
« Conduire après avoir consommé du cannabis semble être un problème émergent au Canada et pourrait maintenant être plus courant que conduire après avoir bu de l’alcool », indique le rapport.
Toutefois, l’étude nuance en affirmant que, malgré la prévalence croissante du cannabis, l’alcool reste un danger majeur en raison de son fort potentiel d’accidents graves. La plupart des conducteurs testés positifs au cannabis présentaient de faibles niveaux de THC, la principale substance psychoactive de la plante.
Le Canada Atlantique en tête
Une découverte notable de l’étude est la prévalence élevée de la consommation de cannabis parmi les conducteurs blessés dans le Canada atlantique. Sur les 624 conducteurs blessés testés en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et à Terre-Neuve-et-Labrador, 26 % étaient positifs à la marijuana, contre 22 % pour l’alcool. Globalement, 70 % de ces conducteurs avaient consommé soit de la drogue, soit de l’alcool, dépassant la moyenne nationale.
Le Dr Jeff Brubacher, auteur principal de l’étude et professeur au département de médecine d’urgence de l’Université de la Colombie-Britannique, souligne l’importance de ces résultats.
« C’est la chose la plus frappante. Je dirais que c’est un problème partout au pays, mais il semble être pire dans le Canada atlantique », a-t-il déclaré.
Une tendance liée à la légalisation
Depuis 2012, des chercheurs de la Colombie-Britannique examinent la présence de cannabis et d’alcool dans le sang des conducteurs. Le Dr Brubacher note une augmentation notable du nombre de conducteurs ayant de la marijuana dans leur organisme depuis la légalisation en 2018. Cette légalisation semble avoir contribué à la hausse des cas de conduite avec facultés affaiblies par le cannabis.
Effets du cannabis sur la conduite
L’étude détaille les effets du cannabis sur la conduite, notamment des déficits d’attention, un temps de réaction ralenti et des altérations dans des tâches cruciales comme le maintien de la trajectoire dans une voie ou la surveillance du compteur de vitesse. Néanmoins, le Dr Brubacher indique que les consommateurs réguliers de cannabis peuvent développer une certaine tolérance à ces effets.
Conclusion
Cette étude met en lumière une tendance inquiétante au Canada : la conduite sous l’influence du cannabis devient de plus en plus fréquente, avec des implications significatives pour la sécurité routière. Bien que l’alcool reste un danger majeur, l’augmentation de la consommation de cannabis parmi les conducteurs nécessite une attention particulière des autorités pour développer des stratégies de prévention et de sensibilisation adaptées.
