Pistes de réflexion en faveur de la légalisation du cannabis

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Les questions autour de la légalisation du cannabis sont toujours d’actualité et d’autant plus pertinentes en France. Si la plupart des pays européens sont plus flexibles quant à l’usage du cannabis, l’État français hésite à le légaliser. Pourtant, de nombreux arguments vont en faveur de la légalisation des cannabinoïdes. Leurs potentialités médicales sont déjà admises dans de nombreux pays à travers le monde. Nombre de nos concitoyens sont ouverts aux débats, malgré certaines critiques dépassées. Parfois, il faut ouvrir notre esprit à d’autres raisonnements et ne pas rester borné. Cela est nécessaire pour trouver les solutions les plus intelligentes. Voici quelques pistes de réflexion qui pourraient influencer la réticence du public à la légalisation du cannabis.

Dépénalisation du cannabis par le Portugal a fait baisser la mortalité liée aux drogues

Le Portugal a choisi de dépénaliser la possession (en infime quantité) et l’usage du chanvre. Cette décision a été prise afin de faciliter l’accessibilité des usagers de cannabis aux soins. Le nombre de personnes décédées lié à l’usage a considérablement baissé vingt ans après l’application de cette décision. Autre constat, le taux de consommation de cannabis n’a pas dépassé la moyenne européenne. Par conséquent, cette initiative a nettement réduit les affaires judiciaires afférentes et l’effectif des prisonniers. En France, la consommation du cannabis n’a pas décliné alors qu’on a octroyé un milliard d’euros pour la lutte antidrogue (2018). Cela témoigne de l’inefficacité des actions politiques menées pour combattre les drogues.

L’emprisonnement n’empêche pas la consommation du cannabis

Malgré l’emprisonnement des usagers (3/4 des affaires judiciaires) et des trafiquants (8/10 des condamnés) de cannabis, les chiffres ne baissent pas. Même lorsqu’ils sont emprisonnés, les gens incarcérés pour consommation de cannabis continuent d’en prendre et les trafiquants d’en vendre. De ce fait, l’effectif moyen de consommation chez la population française ne baisse pas non plus. Or, il est rare de sanctionner par emprisonnement la simple consommation (6 pays dans toute l’Union européenne). La France devrait sans doute envisager de s’aligner avec les autres pays européens pour plus d’homogénéité.

Légaliser le cannabis n’est ni laxiste ni risqué

Il faut se faire à l’idée que la consommation de cannabis est une réalité à laquelle il faut s’adapter. Par conséquent, la politique devrait concentrer ses efforts dans le contrôle des produits dérivés du chanvre et dans leur vente. Le gouvernement devra également renforcer les actes de prévention liés à leur usage. Contrairement aux idées reçues, légaliser le cannabis n’implique pas de rester passif ni de sous-estimer la dangerosité de son abus. C’est comme faire du parachute, on est conscient que c’est risqué, mais on peut prendre des mesures pour réduire les risques. En légalisant le cannabis, on parviendra mieux à prévenir les risques afférents. L’État devrait par exemple établir les normes en matière de culture, de vente et promotion des produits à base de cannabis. De cette manière, l’État peut limiter la mainmise des réseaux de trafic de drogues.

Les citoyens français sont favorables à la réforme politique en ce qui a trait au cannabis

Selon le CSA, plus de la moitié des Français sont contre la pénalisation du cannabis, car elle est inefficace (69 %). De même, 73 % des citoyens considèrent qu’une approche plus préventive serait plus efficace pour combattre les trafics illicites. D’autres sondages soutiennent ces avis. Par exemple, 72 % des Villeurbannais étaient favorables à la dépénalisation du cannabis suite à la consultation communale de 2018. En outre, selon une certaine enquête (Terra Nova), la moitié des Français admettent l’autorisation encadrée de l’usage du cannabis. Cet avis est notamment partagé par les sympathisants de gauche ainsi qu’une tranche importante des jeunes Français.

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Lacune de l’intimidation pénale

On a tendance à penser que le fait de pénaliser l’usage de cannabis les protège alors que cela provoque le contraire. En fait, plus les jeunes ont peur des répressions, plus ils s’isolent pour en consommer. L’INSERM insiste sur le fait qu’il faut obtenir la confiance des jeunes et compter sur les instances psychosociales pour prévenir l’usage. En fait, la pénalisation n’est qu’une forme d’intimidation qui n’empêche pas l’usage. Il faut plutôt renforcer chez ces jeunes la sensibilisation sur la dangerosité des drogues.

On a tort de penser qu’il faut privilégier la lutte antidrogue à l’accompagnement

Après un demi-siècle de répression, la consommation de cannabis n’a pas décliné en France (1er consommateur). Certes l’usage récréatif comporte des risques, mais il faut renforcer l’approche de santé publique au lieu de raffermir les répressions. La consommation du cannabis est un fait social qui exige de prendre des mesures d’accompagnement aux personnes vulnérables à cet effet. Ces dernières regroupent notamment les sujets dépendants aux drogues, les principales cibles des trafiquants de drogues. Il serait plus efficace de faire comprendre aux jeunes les dangers liés à l’usage abusif des drogues (méfaits psychosociaux, surdosage, etc.). En accompagnant les personnes vulnérables, l’État sera plus à même de restreindre le crime organisé dans le territoire français.

L’utilité de l’aménagement de salles de consommation de cannabis

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’aménagement de salles de consommation de cannabis peut être bénéfique. En effet, on serait tenté de penser que cela augmente le nombre de toxicomanes au niveau des quartiers. Mais en fait, on installe ces salles dans les sites les plus fréquentés par les consommateurs. La gare de Paris-Nord a par exemple été depuis longtemps (1980) le repère des usagers d’héroïne. Par ailleurs, l’INSERM argumente notamment que ces pièces réduisent l’usage de cannabis dans les espaces publics. Soulignons quand même qu’après l’aménagement de ces salles, l’effectif des seringues jetées dans les rues a nettement baissé (divisé par trois). C’est également ce qui s’est passé en Australie (Sydney) et en Espagne (Barcelone).

Par ailleurs, les salles de consommation de cannabis des dispositifs d’aide aux usagers vulnérables. En effet, ces endroits disposent de services sociosanitaires pour améliorer leurs conditions de vie (santé mentale, réinsertion sociale, emploi, etc.). En fréquentant ces lieux, les usagers peuvent contrôler leur consommation (surdose, infections), tout en bénéficiant des services sociaux et de soins. Mais la fréquentation de ces salles contribue aussi à la réduction à la délinquance selon l’INSERM (2021). On constate une baisse de délits allant jusqu’à moins 28 % dans centres de consommation installés dans les métropoles (Paris, Strasbourg).

L’inefficacité de contraindre le sevrage

Retenons qu’obliger le sevrage favorise les récidives et augmente les risques de décès. Il ne faut pas oublier que les usagers dépendants sont déjà vulnérables donc cela peut aggraver leur état. Au lieu d’un sevrage imposé, la forte dépendance exige plutôt un soutien médical et psychosocial. D’ailleurs, de nos jours, la quasi-totalité des institutions médicales n’admet pas le sevrage forcé du fait de sa dangerosité.

La différence entre les drogues (cocaïnes et héroïnes) et le cannabis

Le degré de dangerosité d’une drogue dépend souvent de sa toxicité et de sa capacité à rendre un usager dépendant. Le potentiel addictif des molécules de cannabis est nettement plus faible comparé à celles de l’héroïne ou de la cocaïne. De plus, il n’y a presque pas de risque de mort associé au surdosage de la consommation de cannabis. Cette comparaison est également valable avec le tabagisme qui favorise à la fois l’addiction et la mort (40 000 décès annuellement).

Erreur dans le fait de penser que consommer du cannabis favorise l’attrait d’autres drogues

On veut faire croire au public que la consommation du cannabis implique de tomber dans d’autres drogues (héroïne, cocaïne, etc.). Cette réflexion est erronée, car les usagers ne veulent pas forcément les mêmes sensations. Les gens se font une idée sur l’effet des drogues avant de s’y adonner. Ils font ainsi leur choix en fonction de leurs attentes. C’est comme dans les parcs d’attractions, il y a des personnes qui préfèrent les sensations fortes des montagnes russes et d’autres, les simples manèges. On remarque qu’en France l’essai du tabac (environ 47 000000) est nettement supérieur à celui du cannabis (environ 17 000 000).

Que penser de la légalisation du cannabis en définitive ?

Pour conclure, les pistes de réflexion en faveur de la légalisation du cannabis sont nombreuses et recevables. D’ailleurs, la plupart des Français sont favorables à cette réforme. Comprenons que le cannabis n’est pas plus toxique que l’héroïne ou la cocaïne et pas plus mortel que le tabagisme. On doit se faire à l’idée que l’usage du chanvre est un fait social à laquelle la politique doit s’adapter. Plusieurs manières peuvent l’y aider, on peut envisager la dépénalisation, car l’emprisonnement n’arrange pas vraiment les choses. On a compris que la dépénalisation de la consommation du cannabis au Portugal a diminué la mortalité des usagers. Cette légalisation n’est pas non plus une forme de passivité puisqu’elle induit des mesures préventives et d’accompagnement. Au lieu d’obliger le sevrage, il vaut mieux renforcer le système de soins sanitaire et psychosocial. En outre, les centres de consommation de cannabis permettent notamment de réduire le taux d’usage de cannabis dans nos rues. La sensibilisation et l’éducation peuvent également aider à conscientiser les gens sur la dangerosité des drogues. En définitive, on doit affermir les efforts dans la prévention et le soutien des personnes vulnérables au cannabis.

Par ailleurs, les salles de consommation de cannabis procurent de nombreux bénéfices.

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