L’année 2023 s’est révélée être un tournant majeur dans la politique des psychédéliques aux États-Unis, où des progrès significatifs ont été réalisés en matière de recherche, de réglementation et de perception sociale. Au-delà de la légalisation de la marijuana, le pays a vu émerger une série d’événements marquants, notamment des directives gouvernementales, des débats au Congrès, des ouvertures de centres de services de psychédéliques et des demandes d’approbation de médicaments psychédéliques. Cet article explore en détail les moments clés qui ont façonné cette année exceptionnelle pour les psychédéliques aux États-Unis.
L’impact du projet de loi de la National Defense Authorization Act (NDAA) de 2024
À la fin de 2023, le président Joe Biden a signé la NDAA de 2024, un projet de loi de défense qui a pris une dimension inattendue en incorporant des dispositions liées aux psychédéliques. Cette loi exige désormais la réalisation d’essais cliniques obligatoires sur les psychédéliques, tels que la psilocybine, la MDMA, l’ibogaïne et le 5-MeO-DMT, pour les membres du service actif. Cela marque une reconnaissance officielle du potentiel thérapeutique de ces substances dans le traitement des traumatismes liés au service militaire.
Directives historiques de la FDA sur la recherche psychédélique
En juin, la Food and Drug Administration (FDA) a publié des directives pionnières concernant la recherche sur les psychédéliques. Ces directives ont jeté les bases d’une approche plus claire pour les chercheurs travaillant sur des médicaments psychédéliques, soulignant l’importance de méthodologies de recherche solides. Cela témoigne d’une évolution dans la manière dont les organismes de réglementation considèrent ces substances et ouvre la voie à une recherche plus approfondie.
Audiences historiques au Congrès sur les psychédéliques
En novembre, le sous-comité sur la santé des anciens combattants de la Chambre des représentants a organisé une audience inédite consacrée aux psychédéliques. Intitulée « Thérapies émergentes : avancées dans la bataille contre le suicide », cette audience a permis de discuter des avantages potentiels des psychédéliques dans le traitement des problèmes de santé mentale chez les anciens combattants. Cet événement a marqué une reconnaissance croissante de l’utilité clinique des psychédéliques.
Demande d’approbation de la MDMA
Après des essais cliniques approfondis, la MAPS Public Benefit Corporation a officiellement soumis à la FDA une demande d’approbation pour l’utilisation de la MDMA comme médicament sur ordonnance dans le traitement du SSPT (syndrome de stress post-traumatique). Si cette demande est approuvée, la MDMA deviendra la première substance psychédélique à être autorisée en tant que médicament pharmaceutique aux États-Unis, signalant ainsi une avancée majeure dans le domaine de la santé mentale.
Ouverture de centres de services de psilocybine en Oregon et légalisation potentielle au Colorado
L’Oregon a franchi une étape significative en approuvant la première licence nationale pour un centre de services de psilocybine. Cette approbation permet aux individus de consommer de la psilocybine dans un environnement supervisé, soulignant la volonté croissante de réglementer ces substances de manière responsable. En parallèle, le Colorado a adopté une législation établissant un cadre réglementaire pour les psychédéliques légaux, anticipant ainsi une légalisation imminente.
Veto du gouverneur de Californie à la légalisation des psychédéliques
Malgré l’élan positif, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a opposé son veto à un projet de loi visant à légaliser la possession limitée de certains psychédéliques. Bien que ce revers ait déçu de nombreux partisans, le sénateur Scott Wiener prévoit de déposer un nouveau projet de loi axé sur un accès thérapeutique réglementé en 2024.
Réformes au niveau des États
Plusieurs États ont connu des avancées dans la réforme de leur politique sur les psychédéliques. L’Arizona, le Massachusetts, le Minnesota, le Nevada et l’État de Washington ont tous vu des initiatives allant de la création de groupes de travail à l’étude de la légalisation. Ces développements reflètent une volonté croissante au niveau des États d’explorer les avantages potentiels des psychédéliques.
Mouvement local de décriminalisation
Au niveau local, plusieurs villes ont adopté des mesures de décriminalisation des psychédéliques, suivant l’exemple de Denver en 2018. Eureka (CA), Ferndale (MI), Jefferson County (WA), Portland (ME) et Provincetown (MA) ont été parmi les juridictions qui ont franchi le pas en 2023. Ces initiatives locales témoignent d’une évolution des attitudes à l’échelle communautaire.
Cour fédérale rejette la pression du médecin pour reprogrammer la psilocybine
En décembre, une cour d’appel fédérale a rejeté la demande d’un médecin de l’État de Washington visant à reprogrammer la psilocybine en vertu de la loi fédérale sur les substances contrôlées. Parallèlement, la Drug Enforcement Administration (DEA) a proposé une fois de plus d’interdire deux psychédéliques, la 2,5-diméthoxy-4-iodoamphétamine (DOI) et la 2,5-diméthoxy-4-chloroamphétamine (DOC), suscitant ainsi des débats sur la réglementation.
L’année 2023 restera gravée comme une période charnière dans l’histoire de la politique des psychédéliques aux États-Unis. Entre les initiatives fédérales, les avancées au niveau de la recherche, et les évolutions au sein des États, le pays a témoigné d’un changement significatif dans la manière dont il aborde les psychédéliques. Bien que des obstacles subsistent, comme le veto du gouverneur de Californie, l’élan positif est indéniable.
Le fait que la NDAA intègre des dispositions relatives aux essais cliniques sur les psychédéliques pour les membres du service actif souligne une reconnaissance institutionnelle du potentiel thérapeutique de ces substances, particulièrement dans le contexte des traumatismes liés au service militaire. Cette approche pragmatique pourrait ouvrir la voie à une réévaluation plus large de la classification et de la perception des psychédéliques au sein de la société.
Les directives historiques de la FDA concernant la recherche psychédélique constituent un pas important vers une approche plus cohérente et favorable des organismes de réglementation envers ces substances. Cela offre un cadre plus clair aux chercheurs et encourage des études plus approfondies sur les effets thérapeutiques des psychédéliques.
L’audience au Congrès sur les psychédéliques, centrée sur les avantages potentiels de ces substances dans le traitement des problèmes de santé mentale chez les anciens combattants, reflète une prise de conscience croissante des implications thérapeutiques des psychédéliques au niveau gouvernemental. Cela pourrait éventuellement conduire à des changements dans la politique nationale de santé mentale et à des programmes de traitement plus inclusifs.
La demande d’approbation de la MDMA pour le traitement du SSPT représente un jalon majeur. Si cette demande est acceptée par la FDA, cela marquera non seulement l’acceptation de la MDMA comme traitement médical, mais aussi un précédent significatif pour d’autres psychédéliques qui pourraient suivre.
L’ouverture du premier centre de services de psilocybine en Oregon et les démarches législatives au Colorado indiquent une approche plus pragmatique de la réglementation des psychédéliques. Ces actions pourraient établir des modèles pour d’autres États cherchant à adopter une approche responsable de la légalisation des psychédéliques.
Cependant, le veto du gouverneur de Californie à la légalisation des psychédéliques souligne les défis persistants dans l’acceptation de ces substances à tous les niveaux politiques. Malgré cela, le sénateur Scott Wiener envisage une approche réglementée axée sur l’accès thérapeutique en 2024, suggérant que même les revers politiques peuvent ouvrir des opportunités pour de nouvelles initiatives.
Au niveau des États, les réformes et initiatives locales témoignent d’une volonté croissante d’explorer les avantages potentiels des psychédéliques. Les mouvements de décriminalisation au niveau local, en particulier dans les grandes villes, reflètent un changement culturel et politique plus large vers une approche plus nuancée des psychédéliques.
La décision de la Cour d’appel fédérale de rejeter la demande de reprogrammation de la psilocybine et la proposition de la DEA d’interdire certains psychédéliques soulignent les tensions persistantes entre les défenseurs des psychédéliques et les organismes de réglementation. Ces débats continuels soulignent l’importance d’une discussion éclairée et d’une recherche continue pour informer les décisions politiques.
En conclusion, l’année 2023 a été marquée par des développements significatifs dans la politique des psychédéliques aux États-Unis. Entre les avancées fédérales, les initiatives au niveau des États, et les progrès dans la recherche, le pays semble prêt à entreprendre une réévaluation sérieuse de sa politique à l’égard des psychédéliques. Les défis demeurent, mais l’élan positif observé ouvre des perspectives encourageantes pour l’avenir de ces substances dans le contexte thérapeutique et culturel.