Après plus d’un demi-siècle de classification du cannabis dans la catégorie la plus restrictive des drogues, l’Administration américaine de lutte contre la drogue (DEA) envisage enfin de reclasser la marijuana de l’annexe I (interdit) à l’annexe III (médicaments sur ordonnance) en vertu du Controlled Substances Act (CSA). Cette annonce a suscité des réactions mitigées de la part des acteurs de la réforme de la politique sur les drogues et de l’industrie du cannabis.
Le reclassement selon la DEA : Progrès ou demi-mesure ?
La proposition de la DEA de reclassement de la marijuana à l’annexe III ne répond pas aux attentes de nombreux défenseurs de la réforme de la politique sur les drogues. En effet, bien que ce reclassement puisse sembler être un pas dans la bonne direction, il soulève plusieurs préoccupations majeures :
Maintien de la criminalisation et de l’injustice sociale
Le reclassement ne libérera pas les personnes incarcérées pour des condamnations liées au cannabis ni n’effacera les antécédents criminels. De plus, il n’empêchera pas les arrestations des consommateurs et patients utilisant légalement la marijuana dans le cadre des programmes étatiques actuels.
Pérennisation de la prohibition des entreprises et patients étatiques légaux
Même après un reclassement au calendrier III, les utilisateurs médicaux et récréatifs ainsi que les entreprises conformes aux lois étatiques resteront en violation de la loi fédérale. Le reclassement ne protégera que davantage les produits approuvés par la FDA et les entités enregistrées auprès de la DEA pour manipuler la marijuana.
Besoin d’une réforme globale
La décriminalisation complète de la marijuana est le seul moyen d’aligner la politique fédérale sur la majorité des États et sur la volonté du peuple américain. Le reclassement au calendrier III ne résoudra pas les injustices historiques et les disparités continues causées par la prohibition de la marijuana.
Mobilisation pour une réforme plus ambitieuse
United for Marijuana Decriminalization, une coalition d’organisations de réforme de la politique sur les drogues et de l’industrie du cannabis, appelle le public à agir en participant à la période de commentaires publics de la DEA et à exiger une réforme plus ambitieuse. Le reclassement est largement insuffisant pour les réformes nécessaires afin de rectifier les injustices historiques et les disparités continues.
Vers un modèle européen inspiré par les États-Unis
L’utilisation du modèle de reclassement du cannabis proposé par la DEA aux États-Unis pourrait également être envisagée en Europe. Une évaluation des lois nationales et régionales, une consultation des parties prenantes, des propositions de changements législatifs et une campagne publique pourraient permettre d’introduire des réformes progressistes en matière de cannabis en Europe.
En conclusion, bien que le reclassement proposé par la DEA représente un pas dans la bonne direction, il est largement insuffisant pour répondre aux attentes des défenseurs de la réforme de la politique sur les drogues. Une mobilisation publique généralisée est nécessaire pour influencer un changement vers le retrait complet du cannabis de la liste des substances contrôlées et pour promouvoir une réforme globale de la politique sur le cannabis.