Le HHC, molécule dérivée du cannabis, sera bientôt interdit : le ministre de la Santé annonce une mesure imminente
Le HHC, une molécule dérivée du cannabis, sur le point d’être interdit
Une nouvelle tendance a émergé en Europe ces derniers mois : le HHC, une molécule dérivée du cannabis qui a rapidement trouvé sa clientèle. Profitant d’un flou juridique, cette substance est commercialisée à la fois dans des boutiques physiques et en ligne, créant ainsi une véritable manne financière pour les commerçants. Cependant, le ministre de la Santé a récemment annoncé son intention d’interdire le HHC dans les semaines à venir, ce qui a poussé les boutiques à agir rapidement pour écouler leurs stocks.
Le compte à rebours est enclenché : après des mois de ventes florissantes sur Internet et en magasin, il ne fait aucun doute que l’hexahydrocannabinol (HHC), une molécule dérivée du cannabis actuellement en vente libre, sera bientôt ajoutée à la liste des substances classées comme stupéfiants, tout comme son cousin, le THC.
« Je pense que cela se fera d’ici quelques semaines », a déclaré le ministre de la Santé, François Braun, lors d’une annonce lundi.
Les effets du HHC, connus depuis longtemps par les scientifiques, restent néanmoins peu étudiés. Cependant, les spécialistes en addictologie estiment qu’ils sont comparables à ceux du tétrahydrocannabinol (THC), la substance responsable des effets psychoactifs du cannabis. Contrairement au THC, les produits à base de HHC n’étaient pas soumis à une interdiction jusqu’à présent. On peut notamment retrouver cette molécule dans des fleurs de CBD, sur lesquelles elle est vaporisée, dans des résines, des e-liquides pour cigarettes électroniques, ainsi que dans des infusions et des confiseries. Les commerçants qui en vendent « exploitent une faille dans la classification », selon François Braun. Pour eux, c’est donc une course contre la montre pour réaliser des bénéfices et liquider leurs stocks.
« Nous avons de nombreux clients qui s’approvisionnent en masse », déclare un commerçant.
L’interdiction imminente du HHC suscite de nombreuses interrogations quant à la manière dont les commerçants l’appréhendent. Interrogées par 20 Minutes, plusieurs enseignes de CBD proposant ce cannabinoïde de synthèse, ainsi qu’une boutique spécialisée dans la vente de HHC, ont refusé de répondre, préférant ne pas s’étendre sur cette molécule et sa large gamme de produits qui se vendent comme des petits pains.
La ruée vers les stocks avant l’interdiction imminente
Alors que les consommateurs se posent des questions quant à l’opportunité d’acheter du HHC, certains commencent à s’exprimer ouvertement sur le sujet. Un vendeur d’une boutique parisienne confie :
« Pour l’instant, il vaut mieux faire des réserves, parce que le HHC ne va pas rester en magasin très longtemps. L’interdiction n’est pas encore en vigueur, mais nous sommes certains que cela va être interdit quoi qu’il arrive. Donc prévoyez vos stocks ! D’ailleurs, nous avons beaucoup de clients qui font des achats importants en prévision d’une éventuelle interdiction. »
Pour le moment, les affaires vont mieux que jamais.
« Nous ne cessons de nous réapprovisionner », ajoute-t-il. « Nous n’avons pas le choix étant donné le nombre de commandes que nous recevons. Les clients font des réserves, donc nous sommes prêts à répondre à la demande. »
Des risques potentiels et des mesures de liquidation des stocks
Mais est-il réellement judicieux de constituer des stocks d’un produit qui sera bientôt illégal ?
« Il n’y a pas de tests spécifiques pour le HHC, mais parfois il peut réagir positivement aux tests de dépistage du THC »,
reconnaît le commerçant, qui conseille aux clients de s’abstenir d’en consommer avant de prendre le volant. L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA) a noté dans un rapport publié en avril que le HHC présente des « risques sanitaires et sociaux potentiels ». Cette molécule est déjà classée comme substance psychoactive et interdite dans certains pays européens, tels que la Finlande, la Pologne et l’Autriche.
Sentant le vent tourner, les sites de vente en ligne de HHC mettent tout en œuvre pour ne pas se retrouver avec des stocks invendables. Sur de nombreux sites, aucun réapprovisionnement n’est prévu : certains produits sont en rupture de stock et des promotions fleurissent ces derniers jours. « LIQUIDATION DES STOCKS », annoncent certains sites en caractères majuscules, offrant des réductions allant jusqu’à 50 % pour écouler rapidement leurs produits.
Le temps presse.
« Il y a une lacune dans le système qui doit être comblée rapidement pour mettre fin à cette vente libre », estime le ministre de la Santé, laissant la décision d’interdiction entre les mains de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Un avis est attendu « dans le courant du mois de juin », a précisé le cabinet du ministre.