En juin, la Thaïlande est devenue le premier en Asie à légaliser l’usage de la marijuana à des fins médicales. Mais un marché récréatif en plein essor a provoqué une vive réaction. Mardi 22 novembre 2022, les boosters de pot de Thaïlande se battent contre l’offre de délégalisation du cannabis.
Les défenseurs de la marijuana en Thaïlande ont manifesté à Bangkok
En juin, la Thaïlande est devenue la première nation d’Asie du Sud-Est à légaliser la culture de cannabis. Les Thaïlandais peuvent l’utiliser à dans les domaines de la médecine et de la cuisine. Les partisans de la légalisation ont célébré cette décision comme un pas en avant pour la liberté personnelle. En fait, ils ont reconnu une rare lueur de rationalité dans une région connue pour ses lois draconiennes sur les drogues. Mais cinq mois plus tard, ils sont descendus dans la rue pour protester contre la pression croissante des conservateurs.
En effet, le mardi 22 novembre 2022, environ 200 manifestants, certains portant des T-shirts en feuilles de marijuana ont manifesté. En fait, ils se sont rassemblés devant le Government House à Bangkok. Ils veulent protester contre le renversement potentiel de la récente dépénalisation de la marijuana.
Comme l’a rapporté le site Toute la Thaïlande :
« Le rassemblement de mardi a réuni des cultivateurs et des revendeurs de cannabis confrontés à des pertes financières. Parmi eux se trouvent également des fumeurs qui souhaitent profiter de leur marijuana sans soucis. »
Le cannabis redeviendra-t-il illégal en Thaïlande ?
Il y a de très fortes chances que le cannabis redevienne illégal. C’est donc un enjeu assez important en ce moment. Plus tôt cette année, la Thaïlande a retiré le cannabis de sa liste de stupéfiants de catégorie 5, comprenant l’opium. Mais la mesure, qui a été menée par le ministre de la Santé publique Anutin Charnvirakul, a été incomplète. Cela signifie qu’elle était prise sans mettre en place une loi pour réglementer l’utilisation du cannabis. En particulier, la loi ne stipule pas les conditions de la culture et de la vente du cannabis en Thaïlande.
Par conséquent, ce vide de réglementation a émergé une industrie de la marijuana récréative en plein essor. À travers le pays, des centaines de magasins de cannabis ont vu le jour. Ainsi, des dispensaires mobiles et des étals de rue vendent une myriade de variétés de marijuana. De plus, on y trouve des joints pré-roulés et des gommes infusées à l’herbe.
Trois grands facteurs ont déclenché une réaction violente de la part de certains conservateurs :
- La prolifération soudaine de ces entreprises,
- L’essor apparent de la consommation de marijuana chez les adolescents,
- Les reportages haletants des médias sur l’hospitalisation de jeunes après avoir consommé des produits comestibles à base de marijuana.
Beaucoup réclament maintenant des restrictions plus strictes, même pour que la marijuana soit reclassée sur la liste des stupéfiants interdits.
Quelles sont les réactions des autorités face à la situation ?
Afin d’atténuer la pression, les autorités ont introduit plusieurs réglementations fragmentaires. Ils précisent que le cannabis ne peut pas être vendu aux enfants ou à proximité des écoles et des temples. Ils entendent également fixer des limites strictes sur la quantité de THC, l’ingrédient actif de la plante, que les aliments et les médicaments peuvent contenir.
D’ailleurs, un projet de loi plus large sur le contrôle du cannabis a également été présenté au Parlement hier. Ceci réglemente la culture, la vente et l’utilisation de la marijuana. Mais l’absence de quorum a empêché le débat sur la loi. De plus, la législation n’est pas certaine d’être adoptée. D’ailleurs, certains responsables dans les partis d’opposition et la coalition au pouvoir du Premier ministre Prayut Chan-o-cha partagent le même avis. En effet, ils ont fait valoir que le cannabis devrait être remis sur la liste des drogues jusqu’à ce qu’un cadre juridique plus strict soit mis en place.
Toutefois, Anutin défend sa politique et exclut la recriminalisation de la marijuana. Cependant, il est possible que ni lui ni son parti ne soient en mesure de prendre ces décisions. Ainsi, on attend les prochaines élections du pays, qui doivent se tenir d’ici mai 2023.
Compte tenu de la manière maladroite dont cette libéralisation s’est déroulée jusqu’à présent, la poussée pionnière de la Thaïlande pourrait bien finir par être une fausse aube pour la libéralisation de la marijuana en Asie.