Le cannabis est certainement la plante la plus populaire en ce moment. Il faut dire qu’il est sur toutes les bouches et au cœur de nombreuses discussions. Chaque personne a son avis sur la question. Pour certaines, il reste une drogue néfaste. Pour d’autres, son usage n’apporte pas de dangers néfastes pour la santé. Néanmoins, on ne peut nier un fait : il dispose de nombreux effets thérapeutiques. En effet, on lui vante des propriétés médicinales, utiles pour traiter et soigner de nombreux troubles, maux et maladies. De nombreuses personnes choisissent d’ailleurs de se soigner uniquement avec la marijuana. Ainsi, de nombreux États dans le monde ont décidé de légaliser l’usage médical du cannabis. C’est le cas de nombreux États américains, de l’Allemagne ou encore de la Thaïlande. En France, les études sont toujours en cours. Il a pourtant été légalisé en Polynésie française. Néanmoins, quelques zones d’ombres subsistent…
La légalisation du cannabis médical, une mesure opportuniste
Bien qu’étant considérée comme une collectivité d’outre-mer française, la Polynésie française garde une certaine autonomie et indépendance vis-à-vis de la Métropole. De ce fait, l’État polynésien possède son propre président, son propre gouvernement et même sa propre Assemblée. C’est donc dans ce contexte que l’assemblée locale a adopté ce mois-ci la légalisation du cannabis médical. Cependant, cette loi qui légalise le cannabis médical est fragile pour bon nombre de parlementaires locaux. Ces derniers dénoncent d’une part une loi considérée comme incomplète et floue. D’autre part, c’est l’opportunisme du gouvernement qui est pointé du doigt. En effet, ces derniers ont agi sans concertation dans l’élaboration de cette loi.
D’ailleurs, le président polynésien, Édouard Fritch est connu pour être un fervent adversaire du cannabis. Il est notamment le principal responsable de la lenteur de la légalisation du cannabis thérapeutique. Par ailleurs, il dénonce régulièrement les effets néfastes et « pervers » du cannabis médical. Il a d’ailleurs souligné l’importance de faire un « débat de société » afin de réunir de nombreux acteurs. Ces derniers comprendraient des élus locaux, des médecins, des producteurs ainsi que des malades. En plus de cela, il a ordonné la mise en place d’une étude sur les variétés locales de cannabis. L’idée est d’étudier et cerner la plante, ainsi que ses effets. Tous ces paramètres devaient être réunis avant de pouvoir proposer un quelconque texte.
Les choses ont toutefois changé cette semaine. En effet, le gouvernement a sorti un texte mettant à jour la classification des substances vénéneuses. Ce texte permet une dérogation concernant l’usage du cannabis thérapeutique. Cela va de sa production à sa consommation, en passant par sa commercialisation. Ce texte est vivement critiqué. Il arrive peu avant des élections importantes. On comprend donc la mise en place rapide de cette mesure, considérée comme opportuniste.
Un texte incomplet qui présente des défauts
Le texte en question présente de nombreux défauts, selon de nombreux rapports locaux. D’une part, étant écrit à la va-vite, il est incomplet. D’autre part, il a été rédigé sans concertation préalable avec les professionnels. Ainsi, ce dernier ne tient pas compte de la réalité ni des besoins des malades. De plus, ce texte vient entraver une proposition de loi beaucoup plus complète. Il s’agit de celle de la proposition déposée par la députée Nicole Sanquer. Sa proposition de loi n’a d’ailleurs jamais été étudiée. Il convient de souligner que cette dernière est une figure notable de l’opposition au président Édouard Fritch. L’une des mesures phares de sa proposition est l’autorisation d’une expérimentation avant la légalisation effective du cannabis thérapeutique. Cela comprend deux ans d’expérimentation et de test sur un nombre limité et réduit de patients.
Un manque de tests et de recherches
L’un des premiers mots qui vient en tête lors de la lecture de la loi est certainement l’immaturité. La prise de décision de cette loi est une initiative prise uniquement par le gouvernement. Aucune consultation n’a eu lieu, quand bien même le président a jugé nécessaire la mise en place d’une large consultation. En temps normal, il aurait fallu se réunir avec les acteurs locaux, des scientifiques, des médecins, des médecins traditionnels ainsi que divers patients. Cela aurait permis de mettre en avant les besoins et les solutions, afin de sortir une proposition complète mûrement réfléchie.
Qui plus est, il semble même que le gouvernement ne maîtrise pas le sujet. En effet, lors des questions posées par la commission législative, les réponses du ministre de la Santé étaient floues. Il était incapable de répondre aux questions concernant les pathologies visées, sur la prescription ou même sur la distribution.
Il va sans dire que la situation s’annonce compliquée. Une légalisation n’est pas une chose anodine, et nécessite une longue préparation. D’ailleurs, en France la légalisation du cannabis médical est reportée afin d’être prêt à toutes éventualités.