Le professeur Amine Benyamina, chef du service de Psychiatrie et d’addictologie à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif et président de la Fédération française d’addictologie, soutient les conclusions du Cese en indiquant que « interdire le cannabis peut inciter la curiosité et exposer nos enfants aux risques liés aux trafics illégaux. »
Des politiques inefficaces
Selon le Conseil économique et social (Cese), les politiques françaises actuelles sur le cannabis sont inefficaces en matière de santé publique. En conséquence, ils proposent une légalisation encadrée de cette drogue dans un projet d’avis qui sera soumis au vote ce mardi. Cet organe consultatif de la société civile a créé une commission ad hoc pour discuter des sujets souvent mal compris sur le sujet.
L’interdiction ne marche pas
Le professeur Amine Benyamina, chef du service de Psychiatrie et addictologie à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif, et président de la Fédération française d’addictologie, a déclaré que l’interdiction de cette drogue ne fait qu’attiser la curiosité et l’offre aux trafiquants l’occasion de proposer ces produits. Il appelle à ouvrir un débat sur d’autres options car l’interdiction ne fonctionne pas.
Les recommandations du Cese
Le Conseil économique et social (Cese) préconise une réglementation encadrée du marché du cannabis qui comprendrait l’interdiction de la vente aux mineurs et de toute forme de publicité ou de promotion pour protéger les mineurs. Il propose également la création d’un institut national du cannabis sous l’égide de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives pour développer la recherche fondamentale et diffuser une information claire, objective et accessible sur le cannabis. Il recommande également de favoriser l’agriculture biologique comme norme de production, d’autoriser l’auto-culture et les Cannabis Social Clubs, mais encadrés.
Va pour la légalisation du cannabis
Le professeur Amine Benyamina a exprimé son soutien en faveur de cette légalisation du cannabis. Il estime qu’une démarche telle qu’elle pourrait « venir couper la course folle de la consommation des drogues et du cannabis chez les jeunes, par une politique pragmatique« . Il ajoute que cela serait « une réduction des risques » pour les consommateurs. Par ailleurs, il critique les politiques répressives actuelles en France, en les qualifiant d’échec cuisant. Il appelle l’invention d’un « modèle français » pour la légalisation du cannabis qui prendrait en compte les aspects thérapeutiques et les questions liées à la fumée.
On a tous fumé un jour…
Tout le monde consomme du cannabis, particulièrement les jeunes. En effet, la consommation d’herbe dans l’Hexagone est relativement élevée par rapport à d’autres pays de l’Union Européenne. Selon les dernières données disponibles du Ministère de l’Intérieur, environ 8,8 millions de personnes ont consommé du cannabis au cours de l’année 2019, soit près de 14 % de la population âgée de 15 à 64 ans. La consommation est plus élevée chez les jeunes, avec près de 40% des 15-24 ans ayant déclaré avoir consommé du cannabis au cours de l’année.
…les jeunes en premiers
Selon le professeur Amine Benyamina, « Tout le monde consomme du cannabis en France. Ce qui pose effectivement problème, c’est la consommation précoce et chez les jeunes. Celle-ci est un facteur de mauvais pronostics sur le plan scolaire, psychologique et environnemental. Nous avons été les premiers, en 2005, à ouvrir une Consultation Jeunes Consommateurs à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif. Il y a souvent des comorbidités de type psychologique et psychiatrique qu’il faut gérer. » Il souligne également l’échec des politiques répressives et prône une politique pragmatique de réduction des risques qui vise à limiter les effets de la consommation de cannabis chez les jeunes.
De leur côté les députés de la majorité présidentielle reconnaissent également l’échec de la politique de prohibition des stupéfiants en France. En revanche, leur réaction est contraire à celle du professeur. Découvrez leurs propositions dans cet article.