Après 10 ans de légalisation du cannabis en Uruguay, Juan Ignacio Tastás estime qu’il est temps de réviser la loi sur la réglementation de cette filière. Selon le directeur de L’IRCCA – Institut de Réglementation du Contrôle du Cannabis – il y a eu des changements auxquels il faut se mettre à jour.
10 ans de légalisation du cannabis en Uruguay
Cela doit faire exactement 10 ans en 2023 que les autorités uruguayennes ont fait les premiers pas dans la légalisation du cannabis. La loi 19.172 a mis l’Uruguay au centre du débat mondial à cause des réformes de la politique en matière de drogue.
2023, une année pour tout revoir sur le cannabis en Uruguay
Cette année marque un anniversaire de la légalisation du cannabis en Uruguay. D’habitude, la célébration d’une décennie amène les gens à faire le point sur certaines choses. Selon Juan Ignacio Tastás, le directeur de l’IRCCA, c’est le bon moment pour tout remettre en question :
- Révision de la loi sur la réglementation du cannabis en Uruguay ;
- Abandon de toutes les craintes ;
- Assouplissement de l’accès aux produits.
Autrement, 2023 est une année préélectorale. La coalition gouvernementale elle-même est en train de remettre en question la loi sur le cannabis en Uruguay. Il est temps de changer, vu les actions policières sur les cultivateurs indépendants et le projet de loi qui vise à vendre aux touristes non-résidents.
Les nouvelles variétés, un impact sur le commerce
Les variétés de cannabis Gamma ont commencé à circuler en Uruguay depuis décembre dernier. Immédiatement, cela avait entraîné une explosion des achats dans les pharmacies. Juan Ignacio Tastás voit ce phénomène d’un regard optimiste. Selon lui, le marché uruguayen est en mesure de satisfaire les demandes des consommateurs.
Au début de l’aventure, l’Uruguay avait commencé par deux souches de cannabis, dont l’Alpha et le Bêta. Ces deux variétés ont toutes deux un taux de THC assez faible. Comme il leur manquait des composantes psychoactives, elles n’ont pas pu satisfaire les besoins des consommateurs. Après Gamma, on prévoit le lancement d’une nouvelle variété avec un taux de THC à 15 % au cours de l’année prochaine. L’idée est de produire régulièrement une nouvelle souche.
Proposer les variétés de cannabis aux entreprises en Uruguay
Au niveau des entreprises, on commence d’abord par lancer une proposition. Le rôle de l’IRCCA est de diffuser les variétés de cannabis en Uruguay. Actuellement, il y a Alpha, Bêta et Gamma, mais d’autres viendront plus tard. Pour Juan Ignacio Tastás, pour mener à bien le processus de recherche et de production, il faut faciliter la mise en place de nouvelles possibilités de lancement de nouvelles variétés.
Il faut donner des avantages aux entreprises. Cela va permettre aux activités légales du cannabis de se développer. Avec des offres multiples, plus de clients vont abandonner le marché noir et intégrer le commerce réglementé. On envisage que les variétés produites au niveau des entreprises vont atteindre les dispensaires pour être accessibles aux consommateurs.
Réétudier la loi sur le cannabis en Uruguay
La loi 19.172 a été adoptée il y a 10 ans exactement. Vu les circonstances politiques et sociales, nationales et dans le monde, est-ce que celle-ci convient encore à l’Uruguay ? Sinon, ce serait le moment propice pour tout revoir selon le directeur de l’IRCCA.
Un débat politique pour une modification de la loi sur le cannabis
À ces 10 ans d’effet, il est temps de faire une rétrospective à la loi sur le cannabis en Uruguay. Pour le directeur de l’IRCCA, c’est le meilleur moment pour faire une certaine mise au point. Au départ, les craintes étaient logiques, car on n’avait aucun modèle à suivre dans le monde. Actuellement, on peut bien réviser les réglementations, car on a pu être illustré pendant ces 10 ans d’expérience.
L’IRCCA avait sûrement devancé les autres institutions. Au niveau de cette entité, on a déjà travaillé sur des suggestions. On laissera l’administration et le système politique décider sur les grandes lignes à suivre sur la réglementation du cannabis uruguayen. Il faut mettre un accord sur les besoins et les décisions. Par exemple, les suggestions demandent à produire et à vendre du cannabidiol pur au niveau des pharmacies, alors que la politique nationale l’interdit.
Faciliter l’accès au cannabis légal en Uruguay
Pour réviser, il faut s’asseoir sur devant une table et tout voir. C’est par cette approche que l’on peut procéder aux changements et aux améliorations. Juan Ignacio Tastás avance qu’il a plusieurs points à suggérer. Toutefois, il estime qu’il faut attendre la décision du système politique sur la ligne directrice à suivre.
Le directeur de l’IRCCA souligne qu’il y a beaucoup d’asymétries dans le système de réglementation du cannabis en Uruguay. Celui-ci soulève également l’accès universel aux produits légaux, en estimant qu’il est difficile de passer d’un système à un autre. Tastás donne un exemple sur le fait qu’il est impossible à un autocultivateur, inscrit légalement, de s’approvisionner auprès d’une pharmacie. Il faut pourtant le reconnaître que si le consommateur ne peut pas avoir accès au produit légal, il s’approvisionnera sur le marché noir.
Un projet de loi par la commission touristique
Dans les circonstances politiques actuelles, les députés de la Commission du Tourisme sont en étude d’un nouveau projet de loi. Ce dernier vise à permettre la vente du cannabis aux étrangers non-résidents en Uruguay. Ainsi, on envisage à ce que les clubs de cannabis fournissent des produits que l’on va ensuite proposer aux entreprises touristiques.
Selon le directeur de l’IRCCA, la notion de club est très vaste. C’est lorsqu’un groupe de personnes ou une association se réunit pour planter un produit, c’est là qu’apparaît le phénomène. L’IRCCA contrôle seulement les clubs, mais n’a pas accès à la teneur en cannabinoïde ou en autres substances.
L’IRCCA et les contrôles de la filière cannabis en Uruguay
Les missions de l’IRCCA consistent à faire des contrôles dans le cadre de la réglementation du cannabis en Uruguay. On estime qu’il faut assouplir la loi afin de pouvoir augmenter le nombre de pharmacies. Juan Ignacio Tastás donne quelques précisions sur les rôles de l’IRCCA dans le contrôle des producteurs.
L’IRCCA n’effectue pas le contrôle des cultivateurs indépendants
Il est à rappeler que lors du lancement de la variété de cannabis Gamma en Uruguay, de nombreux producteurs se sont plaints des contrôles policiers. À ce moment, l’IRCCA avait déclaré que cette mission relevait du Ministère de l’Intérieur. Les observateurs ont remis en question les rôles de l’IRCCA. Ne serait-ce pas son rôle de contrôler les producteurs ?
Toutefois, le directeur avait dernièrement expliqué que, s’il s’agit d’une référence juridique, ce rôle relève exactement du Ministère. Toutefois, le contrôle des autocultivateurs revient entièrement à l’IRCCA. Celui-ci souligne que son institution n’a pas encore effectué de contrôle. Ce suivi ne sera pas pour bientôt. Il est à préciser que l’IRCCA n’a pas délégué ses fonctions à la police.
L’IRCCA n’avait pas effectué les contrôles
C’était le Ministère de l’Intérieur de l’Uruguay, par le biais des officiers de police, qui avait réalisé le contrôle des producteurs de cannabis, en particulier les autocultivateurs. Les observateurs ont trouvé cela non clair. De nombreux producteurs ont dénoncé les procédures policières qui, selon eux, n’étaient pas dans les normes. On avait même déclaré qu’il y a eu des abus. Toutefois, l’équipe cherche à y remédier à partir de cette année. Des formations juridiques auront lieu en faveur des concernés. Cela va sûrement aider à comprendre le fonctionnement de la réglementation et des différentes démarches administratives.
Si l’IRCCA n’avait pas effectué ses missions de contrôles, ce serait à cause d’un manque au niveau des ressources humaines. Autrement, les procédures se trouvent complexes, car les employés et les agents travaillent pendant la journée. Il convient donc de programmer les descentes chez les producteurs de cannabis pendant les heures de travail. En revanche, de nombreux lieux d’interventions sont inoccupés pendant l’horaire de passage, car les personnes ne sont pas là. Le fait de ne pas avoir l’autorisation d’y entrer constitue un autre problème dans le cadre des inspections.
L’IRCCA dans les campagnes de sensibilisation du cannabis
Dans ses propres missions, l’IRCCA doit également mener des campagnes de sensibilisation à la consommation du cannabis en Uruguay. Devant les problèmes de ressources humaines, cette institution doit savoir gérer pour mener à bien cette attribution. Le directeur annonce des soucis sur le plan budgétaire, car il s’agit d’une lourde responsabilité nécessitant une grande mobilisation.
Durant l’année 2022, l’IRCCA avait misé sur une grande campagne médiatique. On avait alloué un budget colossal. En 2023, il est prévu de poursuivre par des ateliers de formation. Cela consiste à conscientiser les utilisateurs sur les réels problèmes liés à la consommation de cannabis.
Pour conclure, Juan Ignacio Tastás estime qu’après 10 ans de légalisation de cannabis, l’Uruguay doit revoir sa politique de réglementation. Il convient de faire des précisions sur quelques points : la révision de la loi, le contrôle des producteurs, et les variétés de cannabis à diffuser.