La Thaïlande, qui avait marqué l’histoire en devenant le premier pays asiatique à légaliser le cannabis en 2022, fait un virage à 180 degrés. Un projet de loi visant à reclasser le cannabis comme stupéfiant dès l’année prochaine a été proposé par le ministère de la Santé publique. Dès le 1er janvier 2025, les bourgeons de cannabis seront considérés comme une drogue de « catégorie cinq », selon une nouvelle réglementation publiée le 11 juin 2024.
Réglementations et consultations publiques
Utilisation limitée de la plante
Si les bourgeons de cannabis sont reclassés, l’utilisation d’autres parties de la plante, telles que les racines et les feuilles, restera autorisée. Le ministère de la Santé publique a ouvert une période de commentaires publics jusqu’au 25 juin, invitant les citoyens à exprimer leur avis sur cette proposition.
Absence de période de grâce
Le projet de règlement ne prévoit pas de période de grâce, ce qui signifie que les entreprises devront immédiatement se conformer aux nouvelles normes dès leur entrée en vigueur. Cette décision affectera des milliers de dispensaires de cannabis et d’autres entreprises connexes qui ont émergé suite à la légalisation.
Réactions et controverses
Opposition et manifestations
Le ministre de la Santé, Somsak Thepsutin, a déclaré qu’il prendrait en considération les propositions des partisans et des opposants au cannabis. Toutefois, cette décision a suscité de vives réactions. Les groupes de défense du cannabis et les entreprises concernées ont protesté, organisant des manifestations et menaçant d’intenter une action en justice contre le Premier ministre, Srettha Thavisin, qui avait demandé au début de l’année des mesures pour limiter l’utilisation de la marijuana à des fins médicales.
Pétition pour la recriminalisation du cannabis
Une récente pétition pour la recriminalisation de la plante a obtenu plus de 100 000 signatures, reflétant une division profonde au sein de la société thaïlandaise sur cette question. Selon l’industrie du cannabis, reclasser la plante comme stupéfiant pourrait entraîner une perte économique de plus de 10 milliards de bahts pour les opérateurs.
Impacts économiques et sociaux
Coûts de santé publique en hausse
Depuis la dépénalisation du cannabis, le ministre Somsak Thepsutin a noté une augmentation significative des cas liés à la consommation de marijuana. Les coûts de traitement liés à la plante sont passés de 3 à 20 milliards de bahts, soulignant une charge financière accrue pour le système de santé publique.
Conséquences sur la santé mentale
Lors d’une audition publique, Somsak Thepsutin a exprimé ses préoccupations concernant l’augmentation des maladies mentales associées à la consommation de marijuana. Le financement pour le traitement des patients liés au cannabis a considérablement augmenté, ce qui inquiète le gouvernement.
Études et préoccupations scientifiques
Impact sur le développement du cerveau
Des études menées aux États-Unis ont montré que la consommation de marijuana peut affecter le développement cérébral des enfants, réduisant leur QI de huit à neuf points. Ces résultats alarmants ont renforcé les arguments des opposants à la dépénalisation du cannabis en Thaïlande.
Dépendance et santé mentale
Des recherches indiquent que la consommation de marijuana peut mener à une dépendance et à des problèmes de santé mentale. Le Dr Manit Sisurapanont a souligné que des recherches aux États-Unis ont montré que les consommateurs de cannabis peuvent développer une dépendance, ce qui entraîne des problèmes psychologiques graves.
Débats et propositions
Participation publique
L’audition publique du 8 juin a rassemblé divers acteurs de la société thaïlandaise, y compris des adolescents, des médecins et des réseaux de la société civile. Somsak Thepsutin a indiqué que cette audition faisait partie des efforts pour reclasser le cannabis, notamment les bourgeons, dans la catégorie des stupéfiants d’ici à la fin de l’année.
Réglementations futures
La réglementation actuelle classe les extraits de cannabis contenant plus de 0,2 % de tétrahydrocannabinol (THC) comme des stupéfiants. Avec les nouvelles mesures, les autorités espèrent contrôler plus strictement l’usage du cannabis et ses effets sur la population.
Conclusion
La Thaïlande se prépare à reclasser le cannabis comme stupéfiant dès 2025, marquant un revirement significatif par rapport à sa position de pionnier en Asie. Cette décision, motivée par des préoccupations de santé publique et de sécurité, pourrait avoir des répercussions économiques et sociales profondes. Les débats publics et les réactions des différents acteurs de la société seront déterminants pour l’avenir de la politique thaïlandaise sur le cannabis. Les prochains mois seront cruciaux pour voir comment cette nouvelle réglementation sera mise en œuvre et quels seront ses impacts réels.