Les grandes lignes du rapport sur l’expérimentation du cannabis médical

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L’expérimentation du cannabis médical en France aurait dû se terminer il y a quelques mois. Cependant, le contexte a fait que le projet a pris du retard. Néanmoins, le rapport est enfin disponible. Et les scientifiques sont unanimes : c’est « réalisable et opérationnel ». 

Les objectifs de l’expérimentation du cannabis médical

Comme tout rapport, les premières pages font mention des objectifs de l’expérimentation du cannabis médical en France. Il s’agissait ici de voir si la mise en place d’un circuit de distribution légal de cannabis médical est possible dans l’Hexagone. Pour cela, chaque étape du processus de soin devra être analysée. 

En outre, ce projet devait permettre de voir les réelles efficacités du cannabis médical comme traitement. Il ne s’agit néanmoins pas de faire de nouveaux tests sur les bienfaits thérapeutiques du produit, mais uniquement de la possibilité de l’intégrer dans le processus de soins français. 

Les grands chiffres à connaître 

Pour ce faire, 1 450 patients ont été conviés à participer à l’expérience en début de mars 2022. 1036 d’entre eux le font toujours. 23 % ont stoppé l’expérimentation. 3 % sont encore en phase d’en faire partie. Dans la grande majorité, ces patients ont tous été traités contre des « douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapies accessibles », des spasmes à cause de sclérose en place, d’épilepsies, et de pathologies ou douleurs dans le système nerveux central. 

Sur les 28 % des patients qui ont stoppé l’expérimentation :

  • 38 % ont eu des effets secondaires importants
  • 37 % disent que le cannabis médical n’a pas été efficace pour leur traitement
  • 15 % sont décédés.

Que peut-on en déduire ? 

Seuls 28 % des patients ont dû sortir de l’expérimentation du cannabis médical. C’est-à-dire que la majorité a trouvé des avantages à utiliser ce modèle de traitement pour leur maladie. Ce sont des résultats encourageants selon les scientifiques. 

De plus, au fil des mois d’analyse et de suivi de ces patients, on peut constater une amélioration de leur état. Le cannabis serait donc effectivement efficace contre les spasmes, les douleurs physiques et neuropathiques. 

  • 52 % des patients affirment une amélioration de leur condition de vie.
  • 19 % disent que leur état s’est grandement amélioré seulement après seulement 3 mois de traitement. 

Dans sa conclusion, le rapport confirme même : 

« Les résultats issus des données du registre et les informations qualitatives obtenues grâce aux entretiens avec les acteurs de terrain ont permis de valider la faisabilité du circuit de mise à disposition du cannabis médical pour la majorité des étapes ».

L’expérimentation du cannabis médical du point de vue des patients

Les experts sont positifs quant à la possibilité de faire usage du cannabis médical en France. Mais qu’en est-il des patients ? 

  • 68 % sont convaincus des avantages de ce traitement. Ils disent avoir ressenti énormément de bénéfices en passant par la marijuana. 
  • 32 % estiment que le cannabis a non seulement amélioré leur état de santé, mais également leur vie en général. 

L’expérimentation du cannabis médical a même reçu une note de 8.2 à 9 sur 10 en moyenne par les 725 des 1 630 patients qui ont fait partie du projet depuis le début. Certains disent même que ce projet ne devrait pas en rester en phase expérimentale. Retourner dans le système de traitement classique ne semble plus les intéresser. Pour autant, avec un ministre français de la santé contre la légalisation du cannabis, cela peut être compliqué. 

« Le cannabis médical constitue pour certains patients un traitement dont ils ne peuvent plus se passer, pour lequel il n’existe pas d’alternative, avec une certaine inquiétude vis-à-vis de la suite de l’expérimentation ».

Pour ce faire, certains patients n’envisagent plus de se soigner autrement, quitte à consommer illégalement du cannabis. 

Quels sont les obstacles encore à surmonter ? 

Malgré tout, cette expérimentation du cannabis médical en France n’annonce pas que du positif. Les experts disent que la filière doit encore faire face à différents obstacles. Notamment, le circuit de distribution de ces traitements à base de marijuana n’est pas encore au top dans le pays. Certains médecins et établissements hospitaliers n’ont pas encore l’habitude de prescrire le cannabis comme traitement. Et quand bien même, la disponibilité des stocks laisse à désirer. 

Pour autant, le projet de légaliser le cannabis médical et d’en faire une norme est « réalisable et opérationnel ». 

Une expérimentation du cannabis médical qui va encore être prolongé de 1 an

En tous les cas, l’expérimentation du cannabis médical va encore être prolongée de 1 an. La Direction Générale de la Santé ou le DGS n’a pas attendu les résultats de la première évaluation pour statuer à ce sujet. 

Et pour cause, le test n’a pas permis de toucher autant de médecins libéraux que prévu. Seuls 300 d’entre eux ont pu participer au projet. Ce qui est trop peu pour confirmer la viabilité de la légalisation. En outre, malgré un retard dans la réalisation de l’expérience, quelques données sont encore manquantes : économiques, efficacités, taux d’échec, etc. 

Cette décision de poursuivre n’est pas vue d’un bon œil par tout le monde. Les cannabistes et les professionnels du cannabis médical en France 

« regrettent vivement n’avoir été ni consultées, ni même informées de cette décision, avant que celle-ci n’ait fuité dans la presse par un communiqué des représentants de la filière agro-industrielle. Cette méthode est symptomatique du peu de considération dont bénéficient les malades dans cette décision ». 

Ils disent en outre : 

« Les motifs invoqués pour prolonger l’expérimentation, à savoir l’impréparation de la filière agro-industrielle française et le risque de prise de position d’acteurs étrangers sur le marché, ne sauraient en aucun cas dicter notre politique sanitaire. Privilégier des intérêts économiques à l’amélioration de la santé et de la qualité de vie de dizaines de milliers de malades souffrant de symptômes chroniques et lourdement invalidants constitue une rupture dangereuse avec l’éthique de santé publique et ne serait-ce que la doctrine du « quoi qu’il en coûte » adoptée au moment de la crise du Covid-19. »

Les associations et les patients déclarent : 

« Si prolongation il y a, nous demandons un engagement ferme pour que cette année de « report » serve à affiner les indications et à mettre à disposition les produits médicaux à base de cannabis sur le marché. Dans le cas contraire, la légalisation serait remise aux calendes grecques. »

Serait-ce un manque de volonté de la part du gouvernement ?

Le report d’un an de la publication officielle de l’expérimentation du cannabis médical et de la prise de décision pour la légalisation n’est pas du goût de tout le monde. Pour les associations et certains patients, ce serait plutôt le signe d’un manque de volonté de la part du gouvernement. 

D’après certaines personnes, le projet de légaliser le cannabis en France ne serait pas la priorité du Ministère pour le moment. Certains responsables font d’ailleurs un blocage net à ce projet. Cependant, la Direction Générale de la Santé n’a apporté aucune précision sur la véracité de ces faits. 

Le nouveau ministre de la Santé, François Braun, quant à lui, a pris une position claire face à la situation. Lors d’un interview sur BFM TV, il affirme être contre la légalisation du cannabis, même médical, en France. 

« Je ne suis pas à titre personnel favorable à la légalisation du cannabis…En tant que ministre de la Santé, en tant que médecin, il y a une place qui est proposée pour le cannabis en tant que médicament, en tant que thérapeutique. Les résultats scientifiques sont contrastés au niveau international. C’est pour ça que nous avons en cours une expérimentation ». 

Il s’est néanmoins engagé à poursuivre jusqu’à la fin l’expérimentation du cannabis médical lancé par son prédécesseur. On peut néanmoins désormais s’attendre à ce que cela en reste là. 

Quels sont les risques de ne pas légaliser le cannabis médical ? 

Mais si l’expérimentation sur le cannabis médical en reste réellement là, quels sont les risques ? Certains patients annoncent déjà la couleur. Ils ne souhaitent pas repasser à un traitement classique. Ceci pourrait donc favoriser le marché noir en France. 

Les risques sont d’autant plus grands que les patients français n’ont que l’embarras du choix pour se fournir. Plusieurs pays dans le monde ont déjà sauté le pas de la légalisation du cannabis. Tel est le cas du Canada, des Pays bas, et de certains pays des États-Unis. 

En tous les cas, les associations et les patients n’ont pas d’autre choix que d’attendre après le Ministère de la Santé et cette année de report. Il y a encore une chose pour que l’expérimentation du cannabis légal porte ses fruits. Les associations et les patients sont aussi soutenus par de grands pontes de la filière comme Santé Cannabis France. En attendant, les patients peuvent aussi compter sur les CBD shops qui proposent légalement des produits à base de Chanvre qui pourraient calmer la douleur. Feuilles séchées, consommables, huiles essentielles, etc. Ils ont le choix en attendant un approvisionnement légal de cannabis médical en France. 

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