Ce lundi soir, le président du syndicat du chanvre polynésien, Philippe Cathelain, a accordé une interview au journal de TNTV pour discuter de l’état d’avancement de la légalisation du cannabis thérapeutique en Polynésie. Selon lui, si tous les textes nécessaires sont adoptés d’ici là, la production pourrait commencer dès janvier 2024, avec un marché intérieur qui pourrait représenter un milliard de Francs. Cependant, l’exportation serait le véritable moteur de croissance pour le pays, offrant de nombreuses opportunités économiques. Dans cet entretien, Philippe Cathelain a partagé sa vision et ses attentes concernant la future réglementation du cannabis thérapeutique en Polynésie.
Analyse de la légalisation du cannabis thérapeutique en Polynésie
Lors d’une interview accordée au journal de TNTV, Philippe Cathelain, président du syndicat du chanvre polynésien, a répondu à plusieurs questions concernant la légalisation du cannabis thérapeutique en Polynésie.
Le retard de la signature de la convention avec l’ILM
Interrogé sur le retard de la signature de la convention avec l’ILM par le procureur de la République, Philippe Cathelain a déclaré que son syndicat n’avait pas cette information. Cependant, il a souligné que la dérogation accordée à l’ILM en mars 2022, basée sur des saisies judiciaires, ne permettrait pas d’obtenir les meilleures analyses pour développer une filière de cannabis médical, car les saisies ne concernent pas les fleurs de cannabis à maturité nécessaires à ces analyses.
La problématique des saisies judiciaires
À la question de savoir si une partie des plants saisis pourrait être utilisée pour les analyses, Philippe Cathelain a répondu que même si l’ILM identifiait une belle génétique parmi les saisies judiciaires, il n’aurait pas accès à cette génétique, car la Justice détruit systématiquement les saisies de stupéfiants.
Les discussions avec le futur gouvernement
Quant aux discussions avec le futur gouvernement, Philippe Cathelain a évoqué le deuxième arrêté pris par le président Fritch, qui permettra à l’ILM de produire du cannabis dans un cadre de recherche scientifique. L’objectif est d’identifier différentes variétés de cannabis qui répondront aux besoins des malades. Ces différentes formulations de cannabis répondent à diverses pathologies et sont contrôlées par l’ANSM, ce qui est une bonne chose. Il a également souligné la nécessité d’un organisme public de contrôle pour analyser les productions destinées à la fabrication de médicaments.
La filière de cannabis thérapeutique en Polynésie : un long chemin à parcourir
Selon Cathelain, bien que le Tapura ait fait de ce sujet une priorité, beaucoup de temps a été perdu depuis qu’ils ont porté cette question auprès du ministre de la Santé en 2020. En effet, il manque encore près d’une dizaine de délibérations et d’arrêtés d’application pour définir les différentes variétés cultivées, les méthodes d’analyses, quel médicament pourra être fabriqué et si la fabrication de médicaments est une compétence du Pays.
Le rôle du Syndicat des producteurs de cannabis médical
Depuis plus d’un an, le syndicat a réussi à fédérer différents profils, dont des médecins, des pharmaciens et des chimistes, ainsi que des partenaires à l’international, notamment en Nouvelle-Zélande. Selon Philippe Cathelain, il est important de travailler avec des partenaires internationaux, car si la Polynésie décide de légaliser le cannabis médical, il ne sera pas possible de produire les médicaments sur place. Des questions demeurent quant à la provenance des médicaments, la France ou la Nouvelle-Zélande, par exemple.
Les atouts de la Polynésie pour produire elle-même
Bien que l’approvisionnement par l’importation réponde à un besoin urgent des malades, la Polynésie a des atouts pour produire elle-même. Philippe Cathelain évoque notamment la possibilité de profiter des cultures expérimentales pour les homologuer, afin de pouvoir les mettre à disposition des futurs acteurs agricoles qui fourniraient les laboratoires pharmaceutiques. Ainsi, la Polynésie pourrait fournir le marché intérieur, qui représente une valeur d’un milliard Fcfp avec une projection de 3 000 patients, et générer une rentrée fiscale de 200 millions Fcfp par an avec une fiscalité à 20%. Cependant, l’objectif est aussi de développer les exportations pour permettre au pays d’importer des devises. La France représente un marché potentiel de 700 000 à 1 million de patients par an, avec une valeur de marché entre 40 et 50 milliards Fcfp, offrant ainsi une opportunité intéressante pour la Polynésie.
Projets futurs concernant la production de cannabis en Polynésie française, à la suite de l’élection imminente de Moetai Brotherson, à la tête du Pays
Dans l’interview, Cathelain explique que même s’ils n’ont pas encore fixé de rendez-vous avec le futur président, ils ont déjà pris contact avec lui et attendent que son gouvernement soit installé pour participer à des réunions de travail. Cathelain souligne également qu’ils ont des partenaires à l’étranger, des investisseurs locaux et étrangers et de nombreux patients en état d’urgence qui sont impatients de voir le processus avancer rapidement.
Attendre l’installation du gouvernement de Moetai Brotherson
Cathelain explique que pour l’instant, ils attendent que Moetai Brotherson installe son gouvernement avant de fixer un rendez-vous. Une fois cela fait, ils seront invités à participer à des réunions de travail pour apporter leur expertise. Le processus de production de cannabis en Polynésie française nécessite une collaboration étroite entre les parties impliquées, ce qui inclut le gouvernement, les partenaires à l’étranger, les investisseurs locaux et étrangers et les experts en la matière.
Des patients en attente de soulagement
Cathelain souligne également que de nombreux patients en état d’urgence attendent que le processus de production de cannabis avance rapidement. Il est impératif d’accélérer les choses pour soulager la douleur et la souffrance de ces personnes. Les investisseurs locaux et étrangers sont également prêts à investir dans ce projet, ce qui pourrait générer de nombreux emplois dans la région.
Le cannabis thérapeutique en Polynésie française
Cathelain rappelle que la loi votée en janvier par le Tapura prévoit un délai d’un an pour voter les délibérations et les arrêtés d’application concernant la production de cannabis thérapeutique en Polynésie française. Si tout se passe bien, la production pourrait commencer en janvier 2024. Il est donc important que le processus soit accéléré pour répondre aux besoins urgents des patients et pour permettre aux investisseurs locaux et étrangers de contribuer à la croissance de l’économie locale.