A la découverte des salles de consommation à moindre risque

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La salle de consommation à moindre risque (SCMR) a été homologué par la loi en 2016. Il en existe actuellement deux en France : un à Paris et un à Strasbourg. 

SCMR : quelques explications

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Qu’est-ce que la salle de consommation à moindre risque SCMR ?

Une SCMR est une installation qui offre aux usagers de drogues un cadre d’utilisation sécuritaire. Cela leur permet de consommer leurs produits dans des conditions d’hygiène et sous la supervision d’un personnel qualifié. Ce dernier peut les expliquer les risques et recommander des pratiques plus sûres.

Les drogues ne sont pas fournis. Le personnel n’aide pas aussi à l’utilisation. L’objectif est avant tout de réduire le risque. En effet, l’accès à du matériel d’injection propre et à un environnement supervisé réduit :

  • la morbidité,
  • la mortalité
  • et les nuisances causées par la consommation de drogues dans les espaces publics.

Intégrés au réseau plus large de services offerts aux usagers de drogues, les SCMR visent également à se connecter avec les plus marginalisés d’entre eux. De plus, elles les orientent aussi vers des soins ou des services sociaux appropriés.

SCMR de Paris

Le Conseil de Paris a voté en faveur de l’expérimentation d’une salle de consommation surveillée dans la capitale en 2010. Puis, il a réitéré son souhait en 2013, avant un vote pour financer la salle en 2016.

Le gouvernement s’est aussi saisi de la question. En 2015, le Parlement a voté une loi. Cette dernière permet l’expérimentation des salles de consommation à moindre risque sur le territoire des villes candidates.

SCMR : une expérimentation

Une salle de consommation à faible risque est avant tout un dispositif expérimental. Elle est coordonnée par la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les addictions (MILDECA). Elle s’inscrit dans le cadre du plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les addictions. L’expérience comprend la création de deux injections à Paris et Strasbourg pour une durée déterminée de 6 ans. Le SCMR étant une expérimentation, la MILDECA souhaite l’évaluer.

Le fait que la SCMR soit une expérimentation soulève un paradoxe. En effet, les personnes qui interviennent dans la polémique formulent des avis sur l’impact de la salle de shoot, son apport, ses inconvénients pendant toute la durée de ce projet, c’est-à-dire avant même son lancement. Cependant, le but de la mise en œuvre gouvernementale de la SMCR est précisément de déterminer l’apport réel, l’impact, etc. du dispositif en l’expérimentant. Inutile de dire que si le projet a réussi, c’est parce que les autorités ont postulé que le système était efficace. De plus, le terme « expérience » doit être traité avec prudence. En effet, le discours institutionnel en faveur de la SCMR va davantage vers l’évaluation dont le rôle est d’améliorer le système plutôt que de valider ou d’invalider sa mise en œuvre.

Comme déjà mentionné, la SMCR vise à atteindre à peu près deux objectifs ou deux types d’objectifs. Le premier objectif est l’objectif de santé publique. Le but est d’améliorer la santé des usagers de drogues en essayant de réduire le nombre de surdoses et la transmission des maladies en prévenant les pratiques à risque. Il s’agit aussi de faciliter l’accès aux soins pour des personnes souvent très marginalisées : toute personne entrant dans une SCMR peut consulter un médecin. Le deuxième objectif est d’améliorer l’environnement social et urbain du quartier Gare du Nord. Cet intention se traduit par l’amélioration de la quiétude des riverains qui souffrent de la forte présence d’usagers s’injectant dans :

  • l’espace public,
  • les toilettes,
  • les cages d’escaliers,
  • les entrées de parking,
  • les couloirs d’entrée.

Dès lors, les deux programmes d’évaluation mis en place par la MILDECA répondent à ces deux objectifs.

Salles de consommation à moindre risque : réponses à certaines idées reçues

Alors que la consommation parisienne de crack revient dans l’actualité, de nombreuses idées circulent sur ces salles.

« Les salles de consommation à moindre risque sont considérées comme des » salles de shoot «  »

INEXACTE. L’expression « salle de shoot » est très souvent utilisée. Elle ne reflète cependant pas ce qui se passe réellement dans une salle de consommation à moindre risque. Les usagers de drogues sont incités à consommer les produits dans des conditions d’hygiène qui réduisent les risques pour leur santé. Cela les aide notamment à réduire les risques de blessures, d’abcès et de transmission de maladies telles que le VIH et l’hépatite C. Cependant, il peut s’agir non seulement d’injection, mais aussi d’inhalation (ou de sniff dans la salle de Strasbourg). Toutefois, le travail des professionnels de la salle de consommation à moindre risque ne se limite pas à cela. Les usagers peuvent bénéficier d’un accompagnement : 

  • sanitaire : consultation d’un médecin ou d’un infirmier, orientation vers une cure d’addictologie ou de psychiatrie, etc.
  • et social : questions administratives, logement, logement, justice, etc. 

Parler de « salle de shoot » est donc une réduction par rapport à la réalité.

« La création d’une salle de consommation à moindre risque conduit à l’installation de toxicomanes dans le quartier. »

FAUX. Les salles de consommation à moindre risque n’ont pas été créées par hasard. A Paris, par exemple, le quartier de la Gare du Nord est fréquenté depuis de nombreuses années par les usagers de drogues itinérants : 

  • depuis les années 1980 pour les usagers d’héroïne, 
  • depuis les années 1990 pour les usagers de crack. 

C’est ainsi une erreur de prétendre que c’est la SCMR qui a incité les consommateurs à être présents dans le quartier. De plus, selon l’étude de l’INSERM sur les SCMR, installer une salle dans un quartier permettait de réduire la consommation dans les espaces publics.

« Des salles de consommation à moindre risque encouragent les utilisateurs à continuer à consommer de la drogue, et non à arrêter. »

FAUX. La salle de consommation à moindre risque n’est pas un simple « salle de shoot ». Elle fait partie d’un dispositif pluridisciplinaire qui permet l’accueil, l’accompagnement et la réinsertion des usagers de drogues. Les personnes admises font généralement partie d’un public très précaire. Elles mettent en relation des préoccupations d’addictions liées au logement, à l’emploi, à des problèmes de santé mentale, etc. Lors de la fréquentation de la salle de consommation à moindre risque, en plus des effets bénéfiques liés à la consommation (réduction du risque de surdose ou de transmission de maladies), elles peuvent avoir accès à des soins de santé et services sociaux.

« Au lieu d’accompagner la consommation de drogue, les toxicomanes devraient être forcés de se sevrer. »

FAUX. Forcer les toxicomanes à arrêter de fumer n’est pas efficace. Selon la Haute Autorité de Santé, « L’incidence des rechutes et des décès suite à un sevrage forcé montre que la coercition et la pression sont non seulement incompatibles avec un contrat de soins, mais aussi thérapeutiquement inefficaces voire néfastes. Les addictions sont à l’origine de problèmes médicaux, sociaux et psychiatriques. La Salle de consommation à moindre risque est la porte d’entrée d’un dispositif qui peut conduire au soin.

« L’installation d’une salle de consommation à moindre risque dans le quartier entraîne une augmentation de la criminalité là-bas. »

FAUX. En France, comme dans de nombreux pays où existent des salles de consommation à moindre risque, les recherches sur le sujet montrent que l’aménagement d’une salle a un effet neutre ou positif sur la sécurité du quartier. Une étude de l’INSERM sur les salles à Paris et Strasbourg en 2021 montre que les usagers de drogues qui utilisent le SCMR commettent 15 à 28 % d’infractions en moins par rapport aux usagers qui n’en utilisent pas.

« Il y a 300 mètres autour de la salle de consommation où la police ne peut pas intervenir dans la circulation. »

FAUX. La loi de 2016 autorisant les salles de consommation à moindre risque pour les consommateurs offre une immunité aux occupants à l’intérieur de la chambre. La circulaire du garde des sceaux indique que les usagers qui entrent dans la salle usent de la tolérance de leur environnement pour apporter leurs produits, comme l’a souligné le parquet de Paris. Le trafic de drogue est toujours interdit, cependant, aussi à l’intérieur. La circulaire prévoit même une « politique pénale dure ». Les forces de l’ordre sont également présentes dans la salle, comme partout ailleurs. Elles procèdent à des arrestations pour de multiples crimes.

« Les salles de consommation à moindre risque doivent être éloignées des zones résidentielles. »

MAUVAISE IDÉE. L’implantation d’une salle de consommation dans un lieu n’est pas fortuite. Elle vise à inclure une « scène ouverte », c’est-à-dire la consommation dans l’espace public. Le nombre de places disponibles doit encore être suffisant : l’Île-de-France ne compte actuellement qu’une seule SCMR pour 12 millions d’habitants, alors que Hambourg, Barcelone et Francfort comptent jusqu’à 7 salles.

« Des salles de consommation sont mises en place sans consulter les résidents »

INEXACTE. Associations et pouvoirs publics impliquent les habitants non seulement dans la création, mais aussi dans la gestion d’une salle de consommation. A Paris, le comité de quartier se réunit régulièrement pour répondre aux questions et préoccupations des habitants et pour établir des contacts entre les différents acteurs. Il regroupe les associations de gestionnaires, les élus, les riverains, l’administration et la police. Ses compte-rendus sont disponibles sur le site de la mairie du 10ᵉ arrondissement.

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