Lundi dernier, les responsables de l’État de New York ont pris des mesures drastiques en fermant sept dispensaires de cannabis non autorisés situés dans la partie ouest de l’État. L’action a été entreprise en réponse aux allégations selon lesquelles le propriétaire avait persisté à faire fonctionner les établissements sans l’approbation requise et aurait vendu des produits à base de cannabis à des mineurs.
De plus, des événements douteux d’échange de produits en pot ont été organisés par l’entreprise lors de chasses aux œufs de Pâques. Le propriétaire, David Tulley, n’a pas tardé à contester ces accusations, catégoriquement démentant avoir vendu des produits illicites à des mineurs et affirmant que ses établissements offrent des conseils et une formation sur les produits à base de cannabis en échange de frais de consultation et de démonstration gratuite. Alors que les deux parties se préparent pour une confrontation en justice mercredi prochain, les enjeux pour l’industrie du cannabis dans l’État sont énormes.
Le bras de fer judiciaire
Le bras de fer entre David Tulley et l’État de New York semble être à son paroxysme, avec le tribunal du comté de Wayne en ligne de mire. L’État demande la fermeture immédiate des magasins de Tulley, l’interdiction de la distribution de produits à base de cannabis et l’imposition de lourdes amendes. Les montants d’amendes potentiels pourraient atteindre des millions de dollars, car les responsables de l’État soulignent que des ordonnances de cesser et de s’abstenir ont été envoyées à Tulley dès février 2022.
La gouverneure Kathy Hochul, la procureure générale Letitia James et le bureau d’État de la gestion du cannabis ont fait cette annonce commune, citant une nouvelle autorité conférée par une loi récemment approuvée. Cette loi permet au bureau du procureur général de prendre des mesures judiciaires contre les contrevenants à la loi sur le cannabis, à la demande du Bureau de la gestion du cannabis. Le rôle de la police d’État dans la fermeture des magasins de Tulley a été crucial, faisant de ces établissements les premiers à fermer sous l’égide de la nouvelle loi de l’État.
Application renforcée
L’enjeu est important, car New York prend très au sérieux la lutte contre les dispensaires illégaux depuis que l’utilisation du cannabis à des fins récréatives a été légalisée en 2021. En vertu de la loi de l’État, des amendes allant jusqu’à 10 000 $ par jour peuvent être imposées à une entreprise qui vend du cannabis sans licence, et jusqu’à 20 000 $ par jour si la vente se poursuit après que l’entreprise a reçu l’ordre de cesser son activité.
En ce qui concerne Tulley, le risque de millions de dollars d’amendes est bien réel, étant donné que l’État a déjà émis des avertissements répétés depuis plus d’un an. Les responsables de l’État estiment que ces sanctions sévères sont nécessaires pour dissuader les opérateurs illégaux et protéger les entrepreneurs et les consommateurs qui opèrent conformément à la loi.
Contestations du propriétaire
Les arguments de Tulley en faveur de l’absence de nécessité de licences d’État pour ses magasins reposent sur deux points clés. Premièrement, il nie catégoriquement avoir vendu des produits à base de cannabis à des mineurs, affirmant que ses établissements suivent strictement les règles. Cependant, des enquêteurs infiltrés ont raconté une tout autre histoire, déclarant avoir acheté pour 1 000 $ de produits à base de cannabis dans six magasins « I’m Stuck » et témoignant que plusieurs de ces magasins avaient illégalement vendu des produits à des personnes de moins de 21 ans.
Deuxièmement, Tulley souligne que ses magasins offrent des services éducatifs sur les produits à base de cannabis, permettant aux consommateurs de prendre des décisions éclairées lorsqu’ils se rendent dans des dispensaires agréés. De plus, il insiste sur le fait que ses établissements fournissent des échantillons gratuits allant d’un bonbon au cannabis à une ou deux onces de fleur de cannabis.
Cette approche, selon lui, élimine le besoin d’une licence d’État. Cependant, les autorités de l’État considèrent cette démarche comme une violation flagrante des lois sur le cannabis, qui visent à protéger la santé et la sécurité des mineurs et à réglementer rigoureusement le marché du cannabis.
Des événements douteux d’échange de produits en pot
La controverse autour des magasins de Tulley ne se limite pas à des ventes illégales présumées. Les événements d’échange de produits en pot lors des chasses aux œufs de Pâques organisés par les magasins de Tulley ont été particulièrement inquiétants pour les autorités.
Ces événements ont été annoncés publiquement et se sont déroulés dans des lieux tels que des terrains de jeux et des églises, où des œufs de Pâques pouvaient être échangés contre des produits à base de cannabis et des jouets pour enfants. Un enquêteur de l’État a même raconté avoir échangé de nombreux œufs contre des fleurs de cannabis, des produits comestibles, des graines de cannabis et d’autres produits dans l’un des magasins de Tulley à Macedon.
Cette action délibérée a incité le Bureau de la gestion du cannabis à saisir plus de 47 livres (21 kilogrammes) de fleurs de cannabis, 244 livres (111 kilogrammes) de produits comestibles au cannabis et 89 livres (40 kilogrammes) de concentré de cannabis lors des inspections des magasins de Tulley.
La fermeture de ces sept dispensaires sans licence envoie un message clair aux opérateurs illégaux de l’industrie du cannabis à New York : les autorités sont prêtes à prendre des mesures drastiques pour faire respecter les lois et réglementations.
La gouverneure Hochul, la procureure générale James et le bureau de la gestion du cannabis ont tous exprimé leur détermination à lutter contre les opérateurs illégaux qui enfreignent la loi et nuisent au succès des entrepreneurs et des consommateurs qui respectent les règles. En outre, l’État envisage également des sanctions contre les propriétaires des immeubles abritant les magasins de Tulley, soulignant ainsi la responsabilité partagée dans la régulation du marché du cannabis.
La prochaine étape de cette saga juridique sera cruciale pour l’industrie du cannabis à New York. Les résultats de cette confrontation pourraient avoir un impact significatif sur la manière dont l’État gère les dispensaires de cannabis à l’avenir et sur les normes d’application de la loi.
La légalisation du cannabis à des fins récréatives a ouvert de nouvelles opportunités pour les entrepreneurs, mais elle a également posé des défis en matière de régulation et de conformité. Alors que les opérateurs illégaux cherchent à tirer parti du marché en plein essor du cannabis, les autorités restent vigilantes dans leur mission de protéger la santé publique et d’assurer la viabilité d’un marché réglementé.
Dans l’ensemble, la bataille entre l’État de New York et les dispensaires de cannabis non autorisés de David Tulley met en lumière les tensions et les défis liés à la régulation du cannabis dans un État qui cherche à concilier la légalisation récente avec un marché réglementé et sécurisé. Le résultat de cette affaire pourrait s’avérer déterminant pour l’industrie du cannabis dans l’État et servir de précédent pour les opérations futures. Pour l’instant, tous les yeux sont tournés vers le tribunal du comté de Wayne, où un verdict sera rendu dans cette affaire captivante de cannabis.