Action du cannabis sur le système nerveux

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Si l’alcool intoxique le cerveau, le cannabis quant à lui, modifie son fonctionnement. Le THC est néfaste pour les cellules nerveuses notamment pour les jeunes consommateurs. On ne peut pas considérer le cannabis comme une drogue douce. En effet, son effet sur le cerveau inhibe le processus de mémorisation, de motivation et de l’attention. Un zoom sur l’action du cannabis sur le système nerveux.

Comment le cannabis joue avec les neurones

Nous réagissons au monde qui nous entoure grâce à notre cerveau. Dans celui-ci se trouve des cellules appelées neurones. Ces dernières ont pour mission de transmettre les messages nerveux qui se traduisent par des émotions, des pensées, des souvenirs.

Les informations sont transmises grâce à une charge électrique qui traverse les neurones pour libérer des substances chimiques appelées neurotransmetteurs. En voyageant à travers les synapses, les neurotransmetteurs influencent le neurone voisin de transmettre un message à son tour. Il peut aussi rester inactif. A savoir que les changements qui affectent les neurotransmetteurs peuvent influencer nos humeurs, notre pensée, notre mémoire, notre sensation. La consommation de cannabis peut entraîner des modifications.

Le cerveau : comment réagit-il au cannabis ?

Le cannabis contient un puissant ingrédient actif appelé THC ou tétrahydrocannabinol. Cette molécule possède une grande similarité aux endocannabinoïdes, des substances chimiques que le cerveau produit naturellement. Un des neurotransmetteurs que le corps produit est l’anandamide. Sa similarité avec le THC fait que ce dernier puisse perturber le bon fonctionnement du cerveau. Il peut influer sur notre perception du temps, notre énergie, notre humeur, notre appétit.

Neurones

Quel est le rôle de l’anandamide ?

Ce neurotransmetteur est important car il assure l’équilibre et la régulation des fonctions cérébrales.
Quand un premier neurone envoie un signal, le second renvoie à son tour de l’anandamide aux récepteurs du premier. Puis, une période de repos se crée entre les neurones grâce à cette réponse. Si à ce moment-là survient une autre impulsion électrique, le nombre de neurotransmetteurs libérés sera réduit. A savoir que le second neurone n’envoie pas d’impulsion électrique.

Le cannabis THC : comment modifie-t-il l’activité cérébrale ?

A la place de l’anandamide, c’est le THC qui prend le rôle de la régulation des fonctions cérébrales. On vous dit comment cela se passe :

L’anandamide se décompose très vite une fois son rôle accompli. Quand une personne prend ou fume du cannabis, le THC est libéré en grande quantité dans l’organisme. Il va ainsi se fixer aux récepteurs neuronaux de l’anandamide, ce dernier décomposé cède sa place au THC  qui va influer sur l’activité cérébrale. Celui-ci va temporairement envahir le système d’autorégulation et les effets vont durer plus longtemps.

Le cannabis : comment nous empoisonne t-il ?

Une substance chimique appelée dopamine est à l’origine de l’effet high que l’ingestion de THC provoque. Cette substance que le cerveau libère a permis à nos ancêtres d’améliorer leur chance de survie. 

Dans l’ancien temps, il était rare de trouver de la bonne nourriture. Ainsi, quand notre corps prenait des aliments riches en calories, en guise de récompense, le cerveau produisait de la dopamine. Ceci se traduisant par une sensation de bien-être et de satisfaction. L’anandamide est le neurotransmetteur responsable de ce système de réponse qui libère une certaine quantité de dopamine.

Par ailleurs, en consommant du THC, le cerveau est amené à libérer davantage de dopamine. Contrairement à l’effet de l’anandamide, celui du THC dure plus longtemps. Ce qui conduit notre ancien système de survie à créer une  sensation de bien-être.

Comment le THC influence t-il la production de dopamine ?

Des études réalisées sur des mammifères  proposent que les neurotransmetteurs : acide γ-aminobutyrique (GABA), glutamate, contrôlent les neurones producteurs de dopamine.

On peut comprendre ce système par une simple illustration :

Prenons comme exemple les feux de circulation vert et rouge. Le glutamate est comme le feu vert tandis que le feu rouge est le GABA. Afin  de réguler la production de dopamine, les deux neurotransmetteurs travaillent ensemble, tout comme les deux feux qui contrôlent le flux de la circulation.

Quel lien y a-t-il donc avec le THC ?

En temps normal, l’anandamide est celui qui contrôle la production de dopamine (cité plus haut). Cependant, le THC prend le contrôle de ce système une fois dans l’organisme. En inhibant la production de GABA, le THC limite la transmission des neurotransmetteurs aux neurones producteurs de la dopamine. Quant au glutamate, celui-ci s’accumule et amplifie les feux verts. Ainsi, les neurones dopaminergiques peuvent fonctionner librement pour produire davantage de dopamine ayant pour conséquence la sensation de plaisir.

Plus de THC signifie-t-il plus de dopamine ?

L’effet du THC sur la production de la dopamine a une certaine limite. Ceci résulte du fait que le cerveau soit un organe qui s’autorégule pour rechercher son équilibre.

Les récepteurs dopaminergiques se ferment momentanément à la persistance d’un niveau excessif de dopamine. Ce qui explique que sans l’effet du cannabis, les addicts n’arrivent pas à trouver de véritable plaisir même dans une situation agréable. Ainsi, ils ont besoin d’augmenter leur dose pour retrouver une sensation de joie et de bien-être. Faut-il dire que les grands consommateurs de cannabis s’amusent beaucoup moins quand ils sont sobres.

Cannabis THC : les autres effets

Consommer du THC peut aussi perturber l’horloge biologique.
Le centre nerveux appelé cervelet joue un rôle important dans la gestion du temps chez l’être humain. Pour un cerveau sobre et équilibré, il passe à une autre tâche après la réception d’impulsion et transmission de celle-ci. Selon une étude réalisée sur des consommateurs de THC, l’IRM a relevé un changement du flux sanguin dans le cervelet. Ceci résulte de la perturbation de l’autorégulation du cerveau provoquée par le cannabis. Ainsi, le consommateur va avoir l’impression que le temps externe ralentit et s’arrête tandis que son horloge interne tourne  vite. Pour lui, les événements se déroulent différemment. La perception d’une personne droguée (musique, idées, etc ) est plus prononcée que celle d’une personne normale. L’absence d’autorégulation engendre une boucle de rétroaction qui empêche le cerveau de passer à une autre tâche. Ce qui semblait être des sensations extraordinaires deviennent normales quand les effets du THC disparaissent.

L’effet du cannabis sur la faim

Outre le sens déformé du temps, prendre du THC peut accroître votre envie de manger sans que vous ayez faim.

Il existe dans le cerveau deux régions qui sont particulièrement sensibles à l’anandamide, il s’agit du noyau accumbens et l’hypothalamus. Ces derniers ont le rôle de contrôler les besoins alimentaires et à quel moment il faut manger. Dans ce cas, il est évident que la présence du THC qui prend la place de l’anandamide perturbe ce fonctionnement. Sous l’influence du cannabis,  les deux régions du cerveau ne considèrent plus que vous ayez mangé récemment. Pour résultat, il a accru votre désir de manger bien que vous soyez rassasiés. Ici, ce n’est pas la faim comme elle devrait l’être, qui pousse une personne droguée à vouloir manger. Il s’agit tout simplement d’un désir intense de nourriture.  

Et en cas de mauvaises expériences ?           

Quel que soit le type de drogue, outre les fortes sensations, en consommer peut conduire à des expériences désagréables.

La plupart du temps, les consommateurs de cannabis expérimentent un sentiment de bien-être accompagné d’une subtile sensation d’euphorie. Cependant, un mauvais état d’esprit avant la prise de psychotrope peut engendrer des sentiments négatifs, voire l’empirer. Pour une personne intoxiquée, un simple bruit peut causer une peur de cambriolage tandis qu’une chanson banale peut paraître extraordinaire. La posologie peut déterminer les effets du cannabis comme le plaisir ou l’anxiété. Quant à la sensibilité du consommateur, celle-ci peut varier en fonction de la distribution des récepteurs cannabinoïdes du cerveau.

neurones et les neurotransmetteurs

Les effets du THC en fonction de différentes doses

Dans le cerveau se trouve une région qui se charge de réguler l’anxiété. L’amygdale par exemple régule la peur et s’occupe de diverses réactions émotionnelles. 

Théoriquement, le THC à faible dose empêche l’amygdale de libérer des glutamates. Ce qui va avoir pour conséquence, l’accumulation de GABA qui va calmer l’activité de l’amygdale. D’autre part, une forte dose de THC inhibe les neurones GABA, accumulant le glutamate qui va activer l’amygdale. Ainsi on sait que l’équilibre du système glutamate-GABA peut conduire vers une expérience désagréable ou agréable.

Toutefois, il s’agit d’une théorie basée sur des modèles animaux. Pour les humains, les études pourraient amener à d’autres conclusions.

L’effet du THC sur la fonction mentale

On sait depuis toujours que les consommateurs de cannabis ont des capacités intellectuelles réduites. Les études réalisées sur les effets du THC sur le fonctionnement du cerveau ont tirés certaines conclusions :

Consommer du cannabis peut affecter les capacités à prendre des décisions, la fonction cognitive et d’autres capacités essentielles. Les études ont suggéré que l’intoxication au cannabis réduit l’accès à la mémoire verbale. Certains sujets ont du mal à trouver les mots pour exprimer leurs pensées. Ce trou de mémoire s’estompe après la disparition des effets du THC.

Conclusion

On peut dire que le cannabis agit sur le fonctionnement du cerveau en modifiant les neurotransmetteurs, notamment l’anandamide. Cela peut entraîner des effets durables sur l’autorégulation cérébrale, les troubles de l’humeur et de la fonction cognitive. De plus, le cannabis peut être nocif pour les jeunes consommateurs en raison de son impact sur le développement du cerveau. La question importante est de savoir comment réglementer et contrôler l’utilisation de cette drogue de manière à minimiser ses effets potentiellement néfastes sur la santé.

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