La Californie est sur le point d’ouvrir la voie à une nouvelle ère du cannabis avec l’approbation imminente des cafés à la manière d’Amsterdam. Cette législation révolutionnaire permettra aux dispensaires de marijuana de se métamorphoser en cafés où la vente de produits à base de cannabis sera assortie de concerts en direct et d’une expérience de convivialité. Un changement culturel majeur est en cours, selon le législateur Matt Haney, créateur de cette proposition de loi.
Des cafés cannabis à l’horizon : une approbation attendue
Les Californiens ne sont plus qu’à une signature du gouverneur Gavin Newsom pour voir fleurir des cafés cannabis inspirés d’Amsterdam dans tout l’État. La législation, récemment adoptée par le Sénat de Californie avec un vote de 33 voix contre 3, et par l’Assemblée avec un vote final de 66 voix contre 9, ouvrira la porte à une toute nouvelle expérience du cannabis en Californie dès l’année prochaine.
Le projet de loi, porté par le député Matt Haney, démocrate de San Francisco, vise à transformer les dispensaires de marijuana en cafés où l’on pourra acheter de la nourriture, des produits à base de cannabis et profiter de concerts en direct. Cette initiative vise également à renforcer les recettes fiscales de l’État grâce à ces nouvelles opportunités commerciales.
Changer de paradigme : du modèle pharmacie au café convivial
Actuellement, il n’est pas illégal pour les clients de consommer du cannabis dans un dispensaire, mais il est interdit aux dispensaires de vendre autre chose que du cannabis, comme de la nourriture ou du café. Le projet de loi 374 de l’Assemblée propose un virage radical en permettant aux dispensaires de quitter leur modèle de type pharmacie pour adopter une approche plus accueillante.
Cependant, il est important de noter que le projet de loi n’autorisera pas les cafés cannabis à servir de l’alcool ni à vendre du cannabis. Ils devront également respecter les réglementations locales et ne pourront pas fonctionner dans les zones où la vente de marijuana est interdite.
Un nouvel outil pour servir les clients
Matt Haney souligne l’importance de cette évolution :
« Beaucoup de gens veulent profiter du cannabis légal en compagnie d’autres personnes. Et beaucoup de gens veulent le faire en sirotant un café, en mangeant un scone ou en écoutant de la musique. Il n’y a absolument aucune bonne raison, d’un point de vue économique, sanitaire ou sécuritaire, pour que l’État rende cela illégal. Si un magasin de vente au détail de cannabis agréé souhaite également vendre une tasse de café et un sandwich, nous devrions permettre aux villes de rendre cela possible et cesser de freiner ces petites entreprises. »
Selon Haney, aux Pays-Bas, plus de 700 cafés vendent du cannabis, générant un chiffre d’affaires annuel de plus d’un milliard de dollars. Son projet de loi vise à remplacer la culture du cannabis centrée exclusivement sur le médical par un cadre social plus détendu, s’inspirant des cafés néerlandais.
Des préoccupations en matière de santé publique
Cependant, des opposants au projet de loi craignent que cette initiative ne contrevienne aux lois anti-tabac en vigueur en Californie. Autumn Ogden-Smith, directrice législative de l’American Cancer Society Cancer Action Network, s’oppose au projet de loi et encourage le gouverneur Newsom à y opposer son veto. Selon elle, ce projet de loi « mettra fin à des années de travail acharné pour protéger le droit des Californiens à respirer un air pur et sans fumée et mettra en danger la santé publique. »
Le groupe de défense à but non lucratif s’inquiète notamment de la possibilité de fumer de la marijuana dans les lieux publics, exposant ainsi les autres à des substances nocives par le biais de la fumée secondaire. Cette initiative pourrait affaiblir la législation anti-tabac californienne et compromettre son application.
Un espoir pour les petites entreprises
Malgré les préoccupations en matière de santé publique, Matt Haney insiste sur les avantages pour les petites entreprises. Il cite l’exemple de West Hollywood, qui a lancé son propre programme de salons de cannabis en 2018, mais qui rencontre des obstacles réglementaires, car ces établissements ne sont pas autorisés à préparer de la nourriture sur place.
Dans la ville, les cafés cannabis trouvent des solutions créatives pour servir de la nourriture et des boissons. Par exemple, au Artist Tree Dispensary & Weed Delivery sur Santa Monica Boulevard, les clients peuvent déguster des plats commandés au Fresh Corn Grill, un restaurant partenaire. Bien que cette expérience soit très appréciée des clients, les bénéfices reviennent au restaurant et non au dispensaire.
Selon Lauren Fontein, copropriétaire de l’Artist Tree,
« C’est le gros problème, c’est pourquoi ce projet de loi est très important. La nourriture et les boissons représentent une part importante du système de revenus, et nous ne sommes pas en mesure d’en profiter pour le moment. »
L’avenir des dispensaires de marijuana en Californie
En fin de compte, les dispensaires de marijuana luttent pour rester compétitifs face aux restaurants, aux bars et au marché noir. Matt Haney conclut en disant :
« Les lois actuelles sont arbitraires et irrationnelles, et franchement nuisibles à cette industrie légale du cannabis dont nous avons besoin pour survivre et prospérer dans notre État. »
Si le projet de loi est approuvé par le gouverneur Newsom, la loi sur les cafés cannabis entrera en vigueur le 1er janvier prochain, marquant ainsi un tournant significatif dans la culture du cannabis en Californie.