Quel effet le THC (tétrahydrocannabinol), principale molécule psychoactive, a-t-il sur un fœtus lorsque sa mère consomme du cannabis ? De nombreux chercheurs se posent cette question depuis des années. Si un consensus est toujours attendu, certaines données concordent.
Comme la nicotine et les autres produits du tabac (hydrocarbures, métaux lourds, etc.), le THC peut traverser la barrière placentaire. Autres points, les principaux risques de la consommation de cannabis pendant la grossesse concernent l’accouchement prématuré. Mais aussi un faible poids à la naissance.
Qu’est-ce que le cannabis ?
Produit obtenu à partir du chanvre (Cannabis sativa), le cannabis est utilisé pour ses effets psychoactifs et thérapeutiques. Il se présente sous diverses formes, notamment des fleurs et des feuilles séchées, du haschich, des extraits tels que l’huile et les concentrés de cannabis (shatter) et des produits comestibles (bonbons, beurre ou biscuits).
Le cannabis contient des centaines de composés chimiques, dont plus de 100, appelés cannabinoïdes, sont spécifiques au cannabis. Le THC (delta 9-tétrahydrocannabinol) est le principal cannabinoïde psychoactif responsable de la sensation euphorique (« high ») procurée par le cannabis. Le cannabidiol (CBD), un autre cannabinoïde, a peu ou pas d’effet psychoactif. Il neutralise certains des effets négatifs du THC et ne vous rend pas euphorique.
Quels sont ses effets durant la grossesse ?
Lorsqu’une femme enceinte consomme du cannabis, son bébé à naître est également à risque. En effet, la molécule responsable des effets du cannabis, le THC, traverse la barrière placentaire.
Il existe plusieurs études sur les effets du cannabis sur le bébé durant la grossesse, mais leurs résultats sont mitigés. En particulier, nous savons que les mères qui consomment régulièrement du cannabis durant la grossesse sont plus susceptibles d’accoucher prématurément ou de donner naissance à un bébé de faible poids. Les spécialistes recommandent donc la prudence et conseillent aux femmes enceintes d’éviter le cannabis.
Une nouvelle recherche met en garde la prise de cannabis durant la grossesse
Un chercheur de Calgary prévient que la consommation de cannabis contenant du THC peut ne pas être sécuritaire pendant la grossesse. La doctorante Samatha Baglot a présenté ses recherches sur la consommation de cannabis durant la grossesse lors du récent symposium du 10e anniversaire au Mathison Centre de l’Université de Calgary.
L’événement a mis en évidence des percées dans le domaine de la santé mentale et des neurosciences. Les sujets allaient des progrès de la santé mentale aux effets sur la santé du cannabis et des cannabinoïdes.
La recherche de Baglot étudie les effets de l’exposition prénatale au cannabis chez des rats de laboratoire.
Des effets à long terme sur les bébés
Les services de santé de l’Alberta mettent en garde les femmes contre la consommation de cannabis pendant la grossesse. Ils affirment que cela peut avoir des effets à long terme sur les enfants, notamment :
- un développement cérébral anormal,
- une croissance plus lente,
- des troubles d’apprentissage,
- et des problèmes de comportement.
De plus, une étude de 2020 publiée dans le Medical Journal of Australia a également trouvé des liens entre la consommation de cannabis pendant la grossesse et le faible poids à la naissance.
L’expérience de Baglot a exposé des rats enceintes à 10 % de distillat de tétrahydrocannabinol – aussi connu sous le nom de THC – par inhalation. Les rats ont été exposés une fois par jour durant 15 minutes.
Le THC est le principal produit chimique actif du chanvre, mais il convient de noter que tout le chanvre ne contient pas de THC. Les recherches de Baglot ont montré que l’exposition au cannabis contenant du THC peut affecter le fœtus.
“Le THC s’accumule dans le cerveau du fœtus. Mais le placenta semble être son principal réservoir. De plus, environ 30 % de ce qui circulait dans le sang de la mère atteint le cerveau fœtal dans notre modèle d’inhalation”, a déclaré Baglot.
Les rats enceintes exposés au cannabis dans l’étude Balgot ont pris du poids, ont eu des portées plus petites et ont montré des signes de problèmes potentiels avec la fonction immunitaire. Fait intéressant, les rats testés n’ont pas montré d’anxiété accrue.
De nouvelles recherches sont encore nécessaires
La présentation de Baglot au symposium a souligné que ses recherches étaient en cours et qu’il y avait un besoin pour plus de recherche.
La prochaine phase de ses recherches portera sur le développement des systèmes endocannabinoïde et immunitaire dans le cerveau fœtal, le placenta et la rate maternelle.
“Il est important de noter que ce modèle parait généralement reproduire certaines découvertes clés chez l’homme et les modèles animaux précédents. Cela nous donne une certaine confiance dans son développement translationnel”, a déclaré Baglot.
Le Centre Mathison de l’U de C se consacre à l’avancement de la recherche et de l’éducation dans la détection précoce, le traitement et la prévention des maladies mentales.
Un symposium récent a permis à des professeurs, des chercheurs et des médecins de se réunir pour parler de leurs découvertes et de leurs liens avec la santé mentale, comme l’étude Baglot.
