De nombreux scientifiques cherchent à démontrer les potentiels avantages véhiculés par la légalisation du cannabis. La plupart des études et recherches façonnent l’opinion publique sur cette question avec la popularité des produits CBD en ce siècle. C’est dans cette optique qu’un groupe de chercheurs ont voulu démontrer l’aspect positif de la légalisation du cannabis en Italie. L’Université de Messine s’est focalisée sur l’analyse des coûts et avantages de la légalisation du cannabis. La recherche italienne a démontré que la réglementation des drogues douces pouvait générer beaucoup de fonds (jusqu’à 6 milliards d’euros). De plus, la légalisation du chanvre permettrait à l’Italie de diminuer ses charges pénitentiaires chiffrées à près de 541 millions d’euros. Elle favoriserait également la réduction des dépenses affectées à la sécurité publique qui avoisinerait les 230 millions d’euros. Découvrez plus de détails sur l’analyse de coût de l’Université de Messine liée à la légalisation du cannabis dans cet article.
Impact de la légalisation du cannabis au niveau sociétal en Italie
En toute franchise, la discussion autour de cette légalisation peut provoquer du tapage dans le pays italien. En fait, il existe encore beaucoup de préjugés à cet égard dans la société. Et cela, sans parler de l’ignorance ou de la désinformation qui y dominent. Toutefois, ce n’est pas faute d’essayer d’éveiller la conscience des citoyens par de nombreuses études (données, chiffres, statistiques). L’opinion publique devrait pourtant être en avance sur le régime politique. Or, c’est justement durant cette période de crise économique et environnementale que traverse l’Italie qu’il est impératif d’enclencher un changement politique. L’un des meilleurs moyens pour appréhender la légalisation du cannabis est d’évaluer sérieusement ses coûts et ses avantages.
Aperçu de la consommation du cannabis en Italie
Pour avoir une opinion objective sur les conditions de la légalisation du cannabis, il faut s’intéresser à sa consommation en Italie. Le rapport de l’OEDT a révélé que 9,2 % de personnes ont déjà consommé du cannabis ou ses dérivés. Cet observatoire européen a également notifié que cette consommation touche particulièrement les adolescents (27,4 %) et les jeunes adultes (19 %). De ce fait, l’Italie se place au second rang après la France en matière de consommation juvénile de cannabis. Outre ce deuxième rang dans toute l’Union européenne, cette tranche d’âge de 15 à 34 ans est également classée 14e à l’échelle internationale. Bien entendu, ces chiffres sont des estimations puisqu’il est difficile de recueillir les données du marché illégal.
En outre, le gouvernement italien réquisitionnerait annuellement entre 1 500 et 3 000 tonnes de cannabis. Ces chiffres proviennent notamment du rapport annuel de la Direction nationale antimafia (année 2014). Cependant, ces estimations sont différentes de celles du Parlement de la Direction centrale des services antidrogue axée sur les chiffres ISTAT. Selon cette institution, le coût exhaustif de consommation en médicaments s’élève à 14,1 milliards en 2014. 28,2 % (4 milliards) de cette dépense est liée au cannabis et à ses dérivés, soit 0,25 % du PIB de l’Italie.
Par ailleurs, une autre recherche d’AquaDrugs destinée au Département des politiques antidrogues est également pertinente à ce sujet. Cette étude observant les résidus des principes actifs des différentes drogues dans l’eau a évalué la consommation annuelle de cannabis à près de 830 000 kg.
L’hypothèse de la taxation du cannabis
La recherche menée par l’université de Messine s’est notamment référée à ces chiffres pour évaluer les avantages économiques (recettes fiscales). En fait, on voulait vérifier si la légalisation du cannabis pouvait apporter des recettes à l’État (hormis l’autoproduction). Et cela, à l’image de la taxation des cigarettes dont le taux est estimé à 75 %.
Dans l’étude, ce taux d’imposition ne sert que de simulation. En effet, si la taxe est trop élevée, certains consommateurs se tourneront quand même vers le marché noir. Il ne faut pas oublier que le produit y est beaucoup plus abordable. À l’inverse, si la taxe est trop basse, on percevrait beaucoup moins de revenus.
Des bénéfices économiques non négligeables
L’équipe de chercheurs a estimé à 10 euros par dose le prix de marché moyen durable. Selon le professeur Ferdindando Ofria et ses collègues, le bénéfice économique de l’État serait d’environ 6 milliards d’euros à ce coût. On obtiendrait ce chiffre en multipliant simplement la consommation estimée de cannabis par le prix moyen du marché.
Par conséquent, la régulation du marché des drogues douces se traduira par une réduction notable des dépenses judiciaires pénitentiaires. Cette réduction de 541,67 millions d’euros se base sur le nombre de détenus arrêtés pour possession de cannabis et emprisonnés. De plus, la réglementation du marché du cannabis réduira à 228,37 millions les dépenses liées à l’ordre et à la sécurité publique.
Toutefois, d’autres avantages financiers suivront si l’Italie décide de légaliser les drogues douces. Ferdindando Ofria et ses collègues de l’université de Messine estiment qu’il faudrait évaluer d’autres revenus. L’État peut utiliser la légalisation des drogues douces comme un outil dans la lutte contre le crime organisé. La direction antimafia du district partage également cet avis en le présentant comme une approche pertinente. Ainsi, la réglementation de ce marché aura des avantages immédiats en réduisant les coûts de sanction et de maintien de l’ordre public.
Des coûts à prévoir
Rappelons que la légalisation du cannabis aura également des coûts à la fois directs et indirects. Les premiers sont affectés à la régulation du système, qui n’est pas encore effective à ce jour. Et les seconds, c’est-à-dire les coûts indirects, seront affectés à l’augmentation des besoins sur le plan médical. Quoi qu’il en soit, selon les recherches de l’Université de Messine, on estime que les coûts réels n’auront aucun impact sur le PIB du pays.
Impacts sociaux de la réglementation du cannabis
La croissance de l’emploi et des opportunités d’investissement, l’augmentation des recettes fiscales sont autant d’avantages sociaux de la légalisation.
Impacts de la légalisation du cannabis en Amérique
La majorité des recherches s’accordent sur les répercussions positives dans les pays où la légalisation est devenue une réalité. En Arizona, par exemple, l’État a pu percevoir près de 284 millions de dollars de recettes fiscales depuis la légalisation du chanvre. L’État de Washington a quant à lui obtenu 559,5 millions de dollars de recettes liées au chanvre légal en 2021. Ce qui représente plus de 85 millions de dollars de recettes supplémentaires par rapport à l’année précédente. Quant à l’État du Colorado, il a perçu 423 millions de dollars de recettes fiscales liées au cannabis en 2021. Ce qui représente une croissance de près de 10 % par rapport à 2020.
Selon une recherche menée au Nevada, la filière du cannabis récréatif pourrait générer des revenus de travail de 1,7 milliard de dollars. En outre, la légalisation du cannabis dans le gouvernement fédéral des États-Unis pourrait générer 1 million d’emplois d’ici 2025 (New Frontier report).
Impacts sociaux de la réglementation du cannabis en Italie
On ne peut donc ignorer les effets de la légalisation sur le monde du travail. La légalisation du cannabis en Italie pourrait créer de nouvelles opportunités en créant beaucoup d’emplois à la population active. Les chiffres sont estimés à 10 000 emplois selon les archives Coldiretti/Ixè datant de quelques années.
En fait, la légalisation de la marijuana (médicale ou récréative) permettrait le développement du marché légal du cannabis. Des entrepreneurs du monde entier peuvent créer des entreprises spécialisées dans la recherche et la fabrication des produits médicaux dérivés du cannabis. Tandis qu’une tranche importante de la population active travaillera dans la production et la distribution du cannabis.
En légalisant nationalement le cannabis, les sociétés seraient libres de s’inscrire sur les bourses à grande échelle. Cela augmenterait l’accès à davantage d’investisseurs. Si la côte de la filière cannabis continue de croître, les investisseurs pourraient manifester beaucoup d’intérêt pour l’industrie.
Que dire en définitive ?
L’étude de l’Université de Messine révèle que les frais de justice pour l’emprisonnement diminueraient de 541,67 millions. Ce chiffre se base sur le nombre de toxicomanes arrêtés ou détenus pour possession de drogues douces. L’équipe de recherche estime également que les dépenses liées au maintien de l’ordre et de la sécurité publique diminueraient de 228,37 millions. Et cela, sans parler des bénéfices indirects de la lutte contre la criminalité. Les citoyens pourront obtenir des produits de qualité sur le marché légal, ce qui serait bénéfique pour la santé des usagers. Dans l’ensemble, sur la base des données rapportées, la légalisation vaut la peine d’être appliquée en Italie. Maintenant il s’agit surtout de décider du moment d’entreprendre des actions concrètes à cet égard. Persister à prohiber le cannabis s’avère être à la fois antiéconomique, anachronique et borné. C’est à se demander de quels autres éléments a encore besoin la puissance publique avant de se décider à agir.
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