Le chanvre, cette plante aux multiples usages, pourrait bien trouver sa place en Nouvelle-Calédonie. Portée par le syndicat du chanvre local, une ambition émerge : celle de développer une filière réglementée et diversifiée autour de cette plante aux nombreuses vertus. Les membres du gouvernement sont en discussion régulière avec le syndicat, ouvrant la voie à une possible culture locale du chanvre à des fins industrielles, thérapeutiques voire médicales.
Les groupes AEC et UC-FLNKS, présents au Congrès, ont même exprimé le souhait de retirer le cannabidiol (CBD) de la liste des produits stupéfiants, afin de faciliter l’accès des patients aux bienfaits thérapeutiques du chanvre. Dans ce contexte prometteur, l’étude d’une filière chanvre locale est également demandée.
Une plante polyvalente au service de l’industrie et de la construction
En cultivant le chanvre sur le territoire, de nombreuses possibilités d’utilisation s’offrent à la Nouvelle-Calédonie, notamment dans le domaine industriel et celui de la construction. Ce potentiel est déjà exploité en Hexagone. Frédéric Gérard, président du syndicat du chanvre de Nouvelle-Calédonie, explique que le gouvernement est prêt à soutenir le développement du chanvre industriel dans un cadre européen, avec une teneur en tétrahydrocannabinol (THC) inférieure à 0,3 %.
Il précise également que plus de 50 000 applications industrielles ont été recensées, notamment dans le secteur du bâtiment. En effet, le mélange de bois de chanvre et de chaux permet de produire du béton, une solution phare en Europe pour réduire l’empreinte carbone et obtenir des marchés publics. Les fibres du chanvre peuvent également être utilisées de multiples façons, que ce soit pour la fabrication de tapis d’animalerie, de vêtements ou d’isolants.
Un intérêt croissant de la part des acteurs locaux
Selon le syndicat, près d’une centaine de cultivateurs potentiels manifestent un vif intérêt pour la culture du chanvre en Nouvelle-Calédonie. De même, des transformateurs et des importateurs se montrent également intéressés par cette filière émergente. Les vétérinaires ont exprimé leur intérêt pour l’utilisation des produits dérivés du chanvre, de même que les distillateurs d’huiles essentielles, les acteurs de l’agroalimentaire et les industriels en quête de sources locales pour leurs matières premières. Cette dynamique témoigne de l’engouement grandissant autour du chanvre en Nouvelle-Calédonie.
Le CBD en ligne de mire, avec un système de licence
Une autre possibilité explorée est l’utilisation thérapeutique du cannabidiol (CBD) contenu dans le chanvre, notamment dans le domaine pharmaceutique. Le syndicat ambitionne même d’exporter cette substance. Cependant, avant de concrétiser cette ambition, il est nécessaire d’établir un cadre réglementaire adapté, incluant plusieurs certificats permettant de garantir la traçabilité des produits.
L’idée serait de mettre en place en Nouvelle-Calédonie un système de licence, similaire à celui existant en France où l’on doit se déclarer auprès du préfet. Une autorité équivalente serait mise en place sur le territoire calédonien dans le but de permettre une production rapide et encadrée. L’année dernière, la Direction des Affaires Sanitaires et Sociales (Dass) a importé 6,5 kilogrammes de produits à base de CBD pour les besoins de la pharmacie locale. Il est donc temps de revoir la perception de ce sujet et de saisir les opportunités offertes par cette plante prometteuse.
Une vision partagée au-delà de la Nouvelle-Calédonie
Le syndicat du chanvre de Nouvelle-Calédonie collabore étroitement avec d’autres associations des territoires d’Outre-mer. Ensemble, ils partagent la vision d’une filière chanvre réglementée et florissante sur le territoire. Forts de leurs échanges et de leur détermination, ils espèrent voir cette vision se concrétiser à court terme.
En conclusion, la Nouvelle-Calédonie se positionne comme un territoire à fort potentiel pour développer une filière réglementée du chanvre. Les multiples utilisations de cette plante, allant de l’industrie à la pharmacie, ouvrent des perspectives prometteuses. En soutenant la culture locale du chanvre, le territoire pourrait bénéficier de matières premières locales, favoriser l’innovation et contribuer à la transition écologique. Toutefois, pour concrétiser cette ambition, il est primordial d’établir un cadre réglementaire adapté, garantissant la qualité et la traçabilité des produits dérivés du chanvre. Le temps est venu de changer de regard sur cette plante aux multiples vertus et d’explorer pleinement les opportunités qu’elle offre à la Nouvelle-Calédonie.