Le THC peut-il soulager les symptômes des traumatismes crâniens ?

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Comme de nombreux autres types de blessures et de maladies, les traumatismes crâniens déclenchent une réponse immunitaire caractérisée par une inflammation excessive autour du tissu affecté. C’est cette réponse qui cause souvent des dommages à long terme. De plus, il convient de noter que le système endocannabinoïde joue un rôle dans la régulation de ces réponses immunitaires et dans la capacité du cannabis médical à atténuer l’inflammation. Par conséquent, les scientifiques se tournent de plus en plus vers le cannabis et le THC comme traitements potentiels d’un traumatisme crânien.

Qu’est-ce qu’un traumatisme crânien ?

traumatisme cranien et THC

Un traumatisme crânien est défini comme toute commotion cérébrale au niveau du crâne entraînant des troubles de la conscience. Chutes, agressions, accidents de voiture ou de vélo… Les traumatismes crâniens sont devenus très courants aujourd’hui. Leur gravité est très variable :

  • Le traumatisme crânien léger (TCL) ;
  • Le traumatisme crânien modéré ;
  • Le traumatisme crânien sévère.

Quels sont les symptômes des traumatismes crâniens ? 

Le traumatisme crânien léger (TCL)

C’est l’image la plus banale. Il n’y a aucun symptôme neurologique et aucun changement dans le cerveau. Par ailleurs, le traumatisme crânien léger provoque une perte de connaissance immédiate. Le patient est étourdi et fatigué. Il peut avoir de légers maux de tête et un peu de vertige.

Le traumatisme crânien modéré 

Ce traumatisme se manifeste par :

  • une perte de conscience initiale,
  • des maux de tête,
  • des vomissements,
  • des troubles de la conscience,
  • une fracture due à un traumatisme au visage (nez cassé, dents cassées, etc.) avec du liquide céphalo-rachidien (liquide biologique clair qui baigne le cerveau) dans le nez ou les oreilles.

Le traumatisme crânien sévère.

Dans ce cas, il existe des modifications anatomiques du cerveau (nécrose hémorragique avec œdème) au niveau de la plaie ou du côté opposé (effet de relâchement). Ces lésions cérébrales provoquent ainsi des symptômes localisés de déficit neurologique : 

  • diminution de la force musculaire ou de la sensibilité des membres, 
  • asymétrie des réflexes ostéotendineux (réponse de contraction musculaire involontaire normale), 
  • symptôme de Babinski, 
  • aphasie, etc.

Quels sont les traitements des traumatismes crâniens ? 

La prise en charge d’un traumatisme crânien varie selon la gravité de la blessure :

  • Commotion cérébrale 

Une surveillance est nécessaire pour détecter une complication secondaire : hématome épidural ou hématome sous-dural.

  • Contusion du cerveau  

Parfois, le gonflement du cerveau est suffisamment grave pour initier une atteinte cérébrale (atteinte cérébrale inférieure dans le grand foramen). L’hémorragie sous-arachnoïdienne accompagne souvent la contusion cérébrale et provoque des maux de tête, une raideur de la nuque et des troubles de la conscience.

  • Coma profond d’emblée 

S’il y a un hématome fonctionnel, l’intervention est réalisée immédiatement. Dans le cas contraire, seul un traitement de réanimation est entrepris. Cependant, le diagnostic dépend en grande partie de l’âge du patient. En effet, plus le patient est âgé, plus les chances de guérison sont faibles.

  • Hématome extradural (HED) 

Un scanner d’extrême urgence permet le diagnostic ou éventuellement l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Cette situation extrême nécessite un traitement immédiat : trépanation (trou dans le crâne) et ablation de l’hématome.

  • Hématome sous-dural (HSD) 

Cette urgence nécessite un électroencéphalogramme. La tomodensitométrie ou l’imagerie par résonance magnétique (IRM) est essentielle. Le traitement consiste en un traitement anti-œdème (ACTH, corticoïdes, Synacthène) et une évacuation chirurgicale de l’hématome.

Utilisation du THC pour traiter les traumatismes crâniens

THC pour traumatisme cranien

La principale molécule active du cannabis, le THC, a un fort effet psychotrope. Aujourd’hui, il est utilisé pour soulager les effets d’un traumatisme crânien. Mais qu’est-ce que le THC ? Quels sont ses effets sur le corps ? Quels sont les risques de la consommation de THC ? Pourquoi utiliser du THC pour soulager les symptômes des traumatismes crâniens ? 

Qu’est-ce que le THC ? 

Le tétrahydrocannabinol, ou THC, est la molécule responsable des principaux effets psychoactifs du cannabis. Il agit comme les cannabinoïdes naturellement produits par notre corps dans le système endocannabinoïde.

Les récepteurs cannabinoïdes sont concentrés dans certaines parties du cerveau liées :

  • à la pensée, 
  • à la mémoire, 
  • au plaisir, 
  • à la coordination 
  • et à la perception du temps. 

Le THC se lie à ces récepteurs et les active. Ainsi, il affecte : 

  • la mémoire, 
  • le plaisir, 
  • le mouvement, 
  • la pensée, 
  • la concentration, 
  • la coordination 
  • et la perception du temps.

Le THC est l’un des nombreux produits chimiques présents dans la résine sécrétée par la plante de cannabis. Il faut savoir que la plupart de ces glandes se trouvent autour des organes reproducteurs de la plante, c’est-à-dire les fleurs. Il existe d’autres composés spécifiques au cannabis connus sous le nom de cannabinoïdes dans cette résine. L’un de ces cannabinoïdes, le cannabidiol ou CBD, est non psychoactif et fonctionne avec le THC.

Quels sont les effets du THC sur le corps ? 

Le THC stimule les cellules cérébrales à libérer de la dopamine, créant un effet euphorique. Il interfère également avec les informations traitées par l’hippocampe. C’ est la partie du cerveau responsable de la création de nouveaux souvenirs.

Les effets du THC durent environ 2 heures et apparaissent entre 10 minutes et 1 heure après la consommation, selon le mode de consommation. Par exemple, la fumée de chanvre agit plus rapidement que le gâteau de chanvre. La durée pendant laquelle le THC reste dans le sang est beaucoup plus longue.

La liste des effets du THC est longue. De la relaxation au soulagement de la douleur, le THC peut aussi induire de l’anxiété, de la tachycardie ou une perte de mémoire à court terme. Certains cannabinoïdes, comme certains terpènes (composés qui font sentir les plantes), peuvent moduler et réduire les effets négatifs du THC.

Quels sont les risques de la consommation de THC ? 

Les effets du cannabis ont rendu le THC populaire. Il est aussi considéré comme l’une des drogues illégales les plus consommées au monde. Cependant, selon le NIDA, le THC peut affecter la santé mentale de certaines personnes et provoquer le retour des symptômes schizophréniques.

Un autre risque lié à la consommation de THC est l’altération de la motricité. Le cannabis peut interférer avec la conduite ou des activités similaires jusqu’à 3 heures après la consommation. Il est aussi la deuxième substance psychoactive la plus fréquemment détectée chez les conducteurs après l’alcool.

Cannabinoïdes et traumatisme crânien

Un traumatisme crânien déclenche une réaction rapide du système immunitaire qui, par inflammation, se débarrasse des cellules endommagées. Bien que ce processus soit essentiel à la guérison, une inflammation excessive peut : 

  • endommager les tissus entourant ces cellules, 
  • aggraver la situation 
  • et augmenter le risque de lésions cérébrales graves, voire mortelles.

Les cannabinoïdes présents dans notre corps – ou endocannabinoïdes – sont alors sollicités pour contrôler cette inflammation. L’endocannabinoïde 2-arachidonoylglycérol (2-AG) joue donc un rôle de premier plan. En effet, il module la réponse immunitaire et réduit l’inflammation. Cependant, ce mécanisme bénéfique est souvent désactivé par des cellules endommagées. Elles sécrètent une enzyme appelée monoacylglycérol lipase (MAGL), qui décompose le 2-AG avant qu’il ne puisse faire son travail.

En conséquence, l’inflammation devient incontrôlable dans les jours et les semaines suivant une blessure, causant généralement de graves lésions tissulaires. Les scientifiques recherchent ainsi des moyens d’inhiber la MAGL immédiatement après une telle blessure, et les premières recherches suggèrent que le cannabidiol (CBD) pourrait jouer ce rôle. Pour cette raison, des scientifiques du Medical College of Georgia mènent actuellement des recherches sur l’efficacité du CBD dans le traitement des lésions cérébrales traumatiques.

Cannabis médicinal et traumatisme crânien

Les scientifiques à l’origine de cette nouvelle étude disposent de nombreuses preuves pour étayer leur hypothèse. En effet, nous connaissons déjà la capacité du CBD, du tétrahydrocannabinol (THC) et d’autres cannabinoïdes végétaux – ou phytocannabinoïdes – à réduire l’inflammation et à guérir les lésions cérébrales.

En 1998, une étude a révélé que le CBD et le THC protégeraient le cerveau des rats des dommages causés par des niveaux toxiques de glutamate. Fait intéressant, cet effet protecteur s’est avéré complètement indépendant de l’activité du récepteur endocannabinoïde. Il est plutôt produit par les propriétés antioxydantes des composés.

D’ailleurs, des études plus récentes ont montré que le CBD atténuait de manière significative de nombreux dysfonctionnements comportementaux et neuropsychiatriques associés aux traumatismes crâniens chez la souris :

  • les troubles de la mémoire, 
  • l’anxiété, 
  • l’agressivité 
  • et la dépression.

Dans une de ces études, nourrir des rongeurs avec 10 milligrammes de CBD par kilogramme de poids corporel a restauré bon nombre des déséquilibres neurochimiques causés par une traumatisme crânien. Il a également contribué à induire la formation de nouveaux neurones dans l’hippocampe, une région clé du cerveau liée à la mémoire.

Des études humaines ont montré des résultats similaires. Par exemple, une étude publiée en décembre 2018 a révélé que 80 % des patients qui ont reçu du cannabis à des fins médicales pour traiter une lésion cérébrale traumatique ont connu des améliorations significatives des niveaux d’activité cérébrale. L’amélioration la plus notable concernait l’humeur, le sommeil et les maux de tête, mais aussi la qualité de vie globale.

Cependant, la même étude a révélé que certains chimiotypes et modes de consommation de cannabis étaient plus efficaces que d’autres. Par exemple, l’huile de chanvre contenant du THC / CBD dans un rapport 1: 1 s’est avérée particulièrement efficace pour traiter les symptômes généraux et à long terme des lésions cérébrales traumatiques. Tandis que les maux de tête aigus étaient plus efficacement soulagés en vaporisant du cannabis contenant du THC / CBD dans un rapport 20 : 1.

Globalement, les traumatismes crâniens sont l’une des principales causes de décès chez les jeunes. De plus, aucune intervention pharmaceutique ou chirurgicale n’a été trouvée pour réduire efficacement l’inflammation suite à de telles blessures. Ainsi, l’utilisation croissante du cannabis, notamment du THC, peut s’avérer être une solution particulièrement souhaitable.

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