Mauvaise nouvelle pour l’expérimentation sur le cannabis médical

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La première expérimentation sur le cannabis médical pourrait probablement ne pas être approuvée. Pourtant, quelques malades étaient déjà enthousiastes de tester les produits à base de cannabis pour atténuer leurs maux. Cette ancienne expérimentation devant se terminer en mars prochain n’est pas en bonne voie pour autoriser le cannabis thérapeutique en France.

Petit rappel

La France a démarré une expérimentation de 2 ans sur le cannabis médical l’année dernière (26 mars 2021). L’expérimentation portait notamment sur des sujets souffrant de maladies graves (sclérose en plaques, troubles épileptiques et neuropathiques). On voulait évaluer les conditions d’accès des malades qui pourraient avoir besoin des cannabinoïdes (THC, CBD) pour leur traitement. Les résultats attendus devaient permettre de découvrir les mesures liées aux indications, aux prescriptions et à l’usage du cannabis médical. Pour ce faire, le gouvernement a dû importer les produits (gélules, huiles, fleurs séchées). Pour rappel, la production de variété de cannabis ayant un taux élevé (THC>0,2 %) est interdite en France. En outre, on a lancé une nouvelle expérimentation dont les conditions sont encore inconnues (durée, budget, etc.). Le public et les acteurs œuvrant dans l’industrie du cannabis ne savent pas quoi en penser.

cannabis-médical

Différence entre les deux expérimentations du cannabis médical

Il y a une distinction majeure par rapport à l’ancienne expérimentation. Si auparavant les produits à base de cannabis médical étaient obtenus gratuitement, désormais on paiera leurs fournisseurs. On aurait déjà interrogé ces derniers sur le prix de leurs marchandises. Les membres de l’Agence Nationale de la Santé et du Médicament ont procédé ainsi, afin d’évaluer le coût de la deuxième expérience. La DGS (Direction générale de la santé) dispose probablement de plus d’informations sur la mise en œuvre de cette nouvelle expérimentation. Vu que le montant recueilli est très élevé (40 000 euros voire le double pour les nouveaux produits) l’agence devra à cet effet trouver par appel d’offres des fournisseurs. Par conséquent, cette expérience sera approvisionnée par de nouveaux fournisseurs de cannabis médical. La première expérimentation a donc pu échapper à cet investissement conséquent. Avant, l’agence (ANSM) avait une plus grande liberté pour choisir ses propres fournisseurs.

Qu’en est-il de la progression de l’expérience en cours ?

Au niveau de l’expérimentation en cours, les patients peuvent se porter volontaires jusqu’au mois de décembre. Cette prolongation est due à l’insuffisance des volontaires en juillet (moins de la moitié des 3000 places disponibles). Et cela, sans compter les patients qui se sont désistés (540) à cause des effets secondaires ou de l’inefficacité du traitement. Cela n’est pas surprenant, car l’effet des cannabinoïdes n’est pas forcément la même chez tout le monde. Par ailleurs, un prestataire externe rapportera ce mois-ci au Parlement le résultat de son évaluation sur la base des données collectées.

Le président du comité scientifique ad hoc qui suit l’expérience sur la marijuana médicale reste perplexe quant à la poursuite de l’expérience. Nicolas Authier a notifié que les décisions, désormais politiques, devront s’ajouter au PLFSS2023 en tenant compte de la suite de l’expérimentation. Ce projet de financement de la sécurité sociale détermine les dépenses annuelles de santé sur l’ensemble du territoire national. Toutefois, l’expérimentation médicale pourrait réussir si l’État prévoyait effectivement d’affecter des fonds au traitement des patients.

Par ailleurs, ce dirigeant du comité a souligné qu’il faudrait encore penser à :

  • Déterminer le statut provisoire des produits à base de cannabidiol auquel cas ils seront inscrits au Code de la santé publique
  • Décider de couvrir la charge des soins par une assurance maladie ou pas.

Particularité de l’expérimentation française sur le cannabis

Il faut préciser que des personnels soignants formés (1 374) issus de différentes structures encadrent ces patients. Parmi eux, on trouve des médecins (558), des pharmaciens, des infirmiers, etc. En fait, la sensibilisation du personnel soignant est aussi capitale que celle du public pour légaliser le cannabis médical. Ils pourront ainsi évaluer par eux-mêmes le potentiel thérapeutique des cannabinoïdes. Selon la maladie et le patient, ils sauront le type de produit indiqué, comment et à quel moment le prescrire. Ces professionnels de la santé sont notamment plus avantagés par rapport à ceux d’autres pays qui ne bénéficient d’aucune formation. Alors si le personnel médical est convaincu de la valeur thérapeutique des cannabinoïdes, le public suivra certainement.

Pour conclure, l’engagement d’une nouvelle expérimentation crée une confusion dans l’opinion publique. La première n’a pas encore été achevée alors qu’on envisage déjà une autre tentative. Il est difficile alors de se prononcer si la légalisation du cannabis médical est pour bientôt ou non en France. Quoi qu’il en soit, la réussite des expérimentations dépend grandement de la disposition des volontaires à y participer jusqu’au bout. Mais, il faut également prendre quelques mesures pour favoriser l’approbation des expérimentations. On devrait alors définir le statut provisoire des produits dérivés du cannabis et se positionner en termes d’assurance maladie.

Découvrez également ce qu’il en est du report de la légalisation du cannabis médical en France.

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