Système endocannabinoïde et perturbateurs endocriniens : Quel rapport ?

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Au cours de la dernière décennie, le système endocannabinoïde (SEC) suscite un intérêt particulier de la part de la communauté scientifique. Pour cause, il interviendrait dans la régulation de la balance énergétique et du métabolisme. Le rôle de cet ensemble de récepteurs au niveau du système nerveux serait essentiel au bon fonctionnement de l’organisme en général. C’est probablement pour cette raison que de plus en plus d’études se penchent sur la portée de ses actions. Récemment, une équipe de scientifiques italiens s’est intéressée à son potentiel régulateur face aux perturbateurs endocriniens. Ces substances chimiques, rappelons-le, interfèrent avec le système hormonal, d’où leurs effets néfastes, considérés même dangereux.

Quel est le rôle du système endocannabinoïde ? 

En réalité, la découverte du système endocannabinoïde est relativement récente. Elle remonte à 1992 avec les travaux de Lumir Hanus et de ses collègues chercheurs de l’Université hébraïque de Jérusalem. Depuis, les recherches et les études diverses sur le sujet ne cessent de croître. Mais, de quoi s’agit-il exactement ? Eh bien, on parle tout d’abord d’un réseau de signalisation cellulaire actif et complexe qui se situe au niveau du système nerveux central. Il est présent naturellement dans le corps humain et animal. 

On distingue trois composants principaux de ce réseau. 

  1. Les endocannabinoïdes ou cannabinoïdes endogènes. Ils contribuent à différentes fonctions de l’organisme qui, lui, en produit selon les besoins. Pour faire simple, il s’agit de neurotransmetteurs naturels à base de lipides. Ils jouent le rôle de messagers chimiques qui permettent l’échange de signaux entre les cellules nerveuses. Pour ceux qui sont familiers avec la plante de cannabis, ceux-ci sont similaires aux cannabinoïdes déjà bien connus : le CBD et le THC. Pour le système endocannabinoïde en revanche, les plus connus sont l’anandamide et le 2-arachidonoylglycerol.
  2. Les récepteurs endocannabinoïdes. Ils se trouvent à la surface des cellules de l’organisme et s’éparpillent un peu partout dans le corps. Les endocannabinoïdes se fixent ou se lient à ces derniers pour envoyer ensuite un message au système endocrinien. Aujourd’hui, les scientifiques identifient surtout le récepteur CB1 et le récepteur CB2. Le premier se situe au niveau du système nerveux central qui implique le cerveau et la moelle épinière. Tandis que le second est présent sur le système nerveux périphérique et les cellules immunitaires. 
  3. Les enzymes. Pour que le système endocannabinoïde fonctionne correctement, les enzymes doivent décomposer les endocannabinoïdes après qu’ils aient effectué la réponse nécessaire. Ici, on parle surtout de FAAH (hydrolase des amides d’acides gras) qui est responsable de la décomposition de l’anandamide. Il y a également la MAGL (monoacylglycérol lipase) qui s’occupe du 2-arachidonoylglycerol.

Comment fonctionne le système endocrinien ?

Le système endocrinien est connu dans le milieu scientifique depuis beaucoup plus de temps. Les travaux de Claude Bernard en 1855 auraient permis sa découverte. Dans tous les cas, il s’agit d’un réseau qui se compose d’organes que l’on appelle glandes. Celles-ci se situent partout dans le corps. Leur rôle principal est de sécréter et de libérer les hormones. Pour rappel, les hormones sont des substances chimiques qui participent aux différentes fonctions de l’organisme en coordonnant leur action.  

Par transport sanguin, elles transmettent alors des messages à vos organes, votre peau, vos muscles et autres cellules tissulaires. Ces signaux serviront ensuite à votre corps pour l’indiquer ce qu’il doit faire et quand. Tout comme le système endocannabinoïde, le système endocrinien s’avère essentiel à l’équilibre de votre bien-être au quotidien. Pour cause, les hormones interviennent dans quasiment tous les processus de l’organisme humain et animal. On parle entre autres de métabolisme, de croissance, d’humeur, de fertilité et de fonction sexuelle, de sommeil et de bien d’autres. 

Si les glandes produisent trop ou pas assez d’hormones, on observera un déséquilibre qui se traduira par divers problèmes de santé. Le système endocrinien se présente donc comme un surveillant permanent — avec l’aide de l’hypophyse — pour s’assurer que la quantité d’hormones dans votre sang est suffisante. En biologie, on se réfère à l’homéostasie pour définir ce système.

Photo de malade perturbateurs endocriniens

Comment agissent les perturbateurs endocriniens sur le SEC ? 

C’est justement le sujet d’une étude italienne de cinq ans dirigée par Oliana Carnevali. Cette experte en endocrinologie s’est déjà fait connaître pour ses différentes publications concernant le rôle du système endocannabinoïde. Au cours de ses dernières recherches, son équipe s’est surtout concentrée sur les effets des perturbateurs endocriniens sur le SEC. Elle s’est notamment exprimée sur le sujet dans une note pour Project CBD. 

Elle affirmait : « Compte tenu des effets négatifs bien documentés des perturbateurs endocriniens sur le système reproducteur et sur le métabolisme des lipides, nous avons émis l’hypothèse que tout cela avait à voir avec le système endocannabinoïde, qui agit sur de nombreux aspects physiologiques, notamment la reproduction et l’homéostasie énergétique. »

Cependant, les travaux de la petite équipe ne se focalisaient pas sur le cas humain. D’autres recherches sont alors encore à réaliser pour confirmer cette théorie. Pour l’heure, on sait que cette étude se déroulait en Italie et impliquait deux espèces de poissons : le Danio rerio et la dorade royale marine. Deux perturbateurs endocriniens ont été utilisés pour effectuer cette expérience. Ils sont le bisphénol A (BPA) et le diisononyl phtalate (DINP)

Ici, les scientifiques ont observé une modification du système endocannabinoïde des animaux après une exposition aux perturbateurs endocriniens pendant 21 jours. Les effets se remarquaient au niveau du cerveau, du foie et des gonades. Les substances chimiques interféraient sur l’expression génique, l’activité des enzymes et la dégradation des endocannabinoïdes. Cela pourrait renforcer les hypothèses selon lesquelles les perturbateurs endocriniens nuisent grandement à la santé.

Comment éviter les perturbateurs endocriniens ? 

Compte tenu de la fonction de régulation bien précise du système endocannabinoïde, il est important de maintenir un équilibre à ce niveau. Pourtant, on a vu que les perturbateurs endocriniens peuvent faire obstacle à son action. D’autant plus que ces derniers affectent négativement l’organisme. En réalité, ils peuvent bloquer la voie de transmission entre une hormone naturelle et un récepteur endocannabinoïde. Aussi, ils peuvent agir directement sur une glande, la poussant à produire trop ou pas assez d’hormones. En imitant certaines d’entre elles, les perturbateurs endocriniens entraînent une réaction excessive de l’organisme ou une réaction au mauvais moment. 

Heureusement, il est tout à fait possible de les éviter avec des gestes simples au quotidien. Les réflexes de base comme le maintien d’une bonne hygiène et l’aération des pièces peuvent déjà vous aider dans ce cas. Toutefois, pensez aussi à éviter les produits contenant des substances chimiques considérées dangereuses. Dans la majorité des cas, il s’agit de : 

  • Le bisphénol A (BPA) et ses substituts BPS et BPF (généralement présents dans le présent dans les plastiques alimentaires ou non alimentaires) ; 
  • Les PFAS (erfluoroalkylées et polyfluoroalkylées) qui feraient partie des composants de peintures et détergents, pesticides ou encore produits d’hygiène ; 
  • Les phtalates se retrouvant parfois dans les cosmétiques et les emballages ; 
  • Les parabènes qui composent certains médicaments et produits de beauté ; 
  • Les POP (pesticides organophosphorés) et les carbamates que l’on retrouve dans des insecticides… 

Pour ne pas nuire au bon fonctionnement de votre système endocannabinoïdes, il vaut mieux toujours prêter une attention particulière à la liste des ingrédients contenus dans les produits avec lesquels vous interagissez au quotidien.

Photo de cbd cannabinoïde

Système endocannabinoïde : quelle est l’utilité des cannabinoïdes ? 

Les cannabinoïdes contenus dans la plante de Cannabis Sativa suscitent un véritable engouement ces dernières années. Bien qu’il en existerait plus d’une centaine, le THC et le CBD sont les plus connus. 

  • Le premier se liera par exemple aux récepteurs CB1 et CB2 du SEC. Il pourrait influer sur la douleur, la spasticité, la sédation, l’appétit et l’humeur. De même, il aurait un pouvoir anti-inflammatoire 20 fois supérieur à celui de l’aspirine, et 2 fois supérieur à celui des stéroïdes à l’instar de l’hydrocortisone. Dans tous les cas, les recherches sur son potentiel thérapeutique se poursuivent. Les médicaments comme le Cesamet®, le Marinol® et le Sativex® ont également vu le jour très récemment. 
  • En deuxième position, on retrouve le CBD qui est d’ailleurs légal en France, contrairement au THC. Il ne se lie que faiblement aux récepteurs CB1 et CB2 du système endocannabinoïde et exerce différentes actions indirectes. Le cannabidiol aurait la capacité de bloquer les enzymes qui dégradent l’anandamide — l’endocannabinoïde qui procure un sentiment de bien-être. La communauté scientifique a lancé plusieurs études préliminaires sur son rôle potentiel dans le traitement d’une grande variété de pathologies. Épilepsie, maladie de Parkinson, sclérose en plaques, troubles anxieux, etc., le CBD pourrait être bénéfique dans ces cas. 

Pour soutenir la fonction du système endocannabinoïde, il pourrait donc être intéressant de se tourner vers les cannabinoïdes. C’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit du CBD qui est un produit non toxique et non dangereux pour la santé humaine.

Conclusion

Le système endocannabinoïde et le système endocrinien sont importants au bon fonctionnement de l’organisme en général. S’il existe quelques indications sur la manière de soutenir leur action, les études sur le sujet ne sont pas encore suffisantes à l’heure actuelle. Cette recherche italienne est l’une des rares qui se concentrent sur « le rôle du SEC dans la médiation des impacts sur la santé des perturbateurs endocriniens ». Toutefois, les recherches se poursuivent. L’une d’entre elles a par exemple récemment permis d’identifier un endocannabinoïde jusque-là inconnu. Suivez le lien pour en découvrir davantage.  

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