Ce jeudi, dix-sept associations de malades ont exprimé leur inquiétude dans une tribune publiée dans « Le Parisien », réclamant une transition de l’expérimentation à la législation concernant le cannabis médical. Cette inquiétude survient suite à des informations faisant état de menaces internes pesant sur la proposition d’une prescription simplifiée.
Le cannabis à usage médical est autorisé dans environ trente pays à travers le monde, avec les Pays-Bas comme pionniers en Europe en 2003, suivi par 22 des 27 pays de l’Union européenne. En France, l’idée d’utiliser le cannabis à des fins thérapeutiques est explorée depuis le début des années 2000, mais les progrès ont été lents.
En mars 2021, une expérimentation contrôlée et limitée a finalement été lancée, autorisant la prescription de médicaments à base de cannabis sous forme d’huiles, de gélules et de fleurs séchées à vaporiser. Ces médicaments étaient destinés aux patients souffrant de maladies graves telles que certaines formes d’épilepsie, de douleurs neuropathiques, d’effets secondaires de la chimiothérapie, de soins palliatifs ou de scléroses en plaques.
Vers une généralisation de l’usage du cannabis médical ?
L’expérimentation était censée aboutir au printemps 2023 et, potentiellement, ouvrir la voie à une généralisation de l’usage du cannabis médical, permettant ainsi aux médecins de le prescrire dans des indications spécifiques. Cependant, l’année dernière, le gouvernement a discrètement décidé de prolonger cette expérimentation. Le ministre de la Santé de l’époque, François Braun, avait justifié cette décision en déclarant :
« Nous n’avons pas atteint le nombre de patients requis pour en tirer des conclusions. »
L’expérimentation prévoyait d’inclure 3 000 patients, mais seulement 1 700 y ont participé.
Aujourd’hui, dix-sept associations de malades font entendre leur voix dans « Le Parisien« , demandant que « l’expérimentation laisse place à la législation » et exprimant leur préoccupation concernant les « menaces internes » pesant sur la proposition d’une prescription simplifiée.
Les attentes non-comblées des patients
Les signataires de la tribune font remarquer :
« En 2022, malgré des résultats très positifs en termes d’efficacité et de sécurité d’emploi, tels qu’indiqués dans divers rapports sur l’expérimentation, nous avons dû nous battre pour que celle-ci ne soit prolongée que d’une seule année, alors que le gouvernement de l’époque préconisait une extension de trois ans. » Ils expriment leur inquiétude, affirmant que « les promesses faites se révèlent insuffisantes, et l’absence d’action de la part de l’État prolonge la souffrance de près de 300 000 patients. »
Appel à l’inclusion du cannabis médical dans le droit commun
Les patients considèrent le cannabis médical comme une option thérapeutique supplémentaire pour les patients chroniques et sévères qui n’ont pas répondu aux traitements existants. Ils lancent un appel aux pouvoirs publics pour garantir que le cannabis médical devienne une réalité dès l’année prochaine, tout en veillant à ce que l’accès aux traitements ne soit ni difficile ni impossible.
Des conditions de prescription délicates
En février 2022, un médecin rééducateur du CHU de Lille avait souligné :
« Les conditions de prescription sont horribles. »
Pour certains médecins et élus, les hésitations du gouvernement semblent davantage liées à un manque de courage politique qu’à des considérations médicales. La députée macroniste Caroline Janvier avait évoqué l’année précédente « une forme de tabou » liée aux débats plus larges sur la légalisation du cannabis en général.