La Belgique à un Tournant dans le Débat sur la Légalisation du Cannabis

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La Belgique se trouve actuellement à un carrefour décisif dans le débat sur la légalisation du cannabis, avec le vice-Premier ministre Pierre-Yves Dermagne du Parti socialiste (PS) plaidant en faveur d’une nouvelle approche de la politique antidrogue du pays. Dans une interview accordée au journal belge L’Avenir, M. Dermagne a affirmé qu’il était grand temps de mettre fin à la prohibition du cannabis et de passer à un marché réglementé.

L’Évolution du Débat sur le Cannabis en Belgique

La question de la légalisation du cannabis est une question brûlante en Belgique depuis de nombreuses années. Le pays a déjà assoupli ses lois sur le cannabis en 2003, dépénalisant la possession de petites quantités pour le personnel d’usage. Cependant, la vente et la culture du cannabis restent illégales, ce qui crée un marché noir persistant.

Dermagne soutient que la poursuite, l’arrestation et l’emprisonnement de personnes pour des délits liés au cannabis n’ont plus de sens, surtout à la lumière de l’évolution du paysage dans les pays voisins de la Belgique. Il souligne que sur les quatre pays voisins de la Belgique, trois ont dépénalisé ou vont légaliser la consommation et la vente de cannabis.

Les Avantages Perçus de la Légalisation

Le vice-Premier ministre ne se contente pas de plaider en faveur de la dépénalisation, il milite pour une réglementation et un contrôle complets de la production et de la vente de cannabis. Il estime que cette approche présenterait de nombreux avantages.

Meilleure Supervision des Consommateurs

Une réglementation stricte permet de mieux surveiller les consommateurs et de garantir la sécurité des produits. Les consommateurs sauraient ce qu’ils achètent et pourraient être mieux informés sur les risques potentiels.

Protection contre la Vente aux Mineurs

La réglementation empêcherait la vente de cannabis aux mineurs, contribuant ainsi à protéger la jeunesse du pays contre les effets néfastes du cannabis sur le développement cérébral.

Réduction des Revenus du Crime

La légalisation priverait le monde criminel, y compris le financement potentiel d’activités terroristes, de revenus issus du trafic de cannabis. La criminalité liée au cannabis pourrait diminuer.

Concentration des Forces de l’Ordre sur des Questions Urgentes

En mettant fin à la poursuite des délits mineurs liés au cannabis, les forces de l’ordre pourraient se concentrer sur des questions plus pressantes, telles que la prévention de la criminalité grave.

Bénéfices Économiques

Dermagne estime que la Belgique pourrait générer 660 millions d’euros de recettes grâce aux droits d’accise sur le cannabis. Cette affirmation est étayée par une étude réalisée en 2019 par le Groupe du Vendredi, qui suggère des gains potentiels allant jusqu’à 144,6 millions d’euros par an, en fonction du modèle de dépénalisation choisi.

cannabis Belgique

Les Voix de l’Opposition et les Préoccupations

Cependant, la proposition de M. Dermagne ne fait pas l’unanimité. Le Parti libéral francophone (MR), partenaire majoritaire, s’oppose fermement à l’idée d’une dépénalisation à ce stade. Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, cite les problèmes actuels de consommation de drogues, en particulier de drogues dures, dans les villes belges comme une source de souffrance. Le MR reconnaît la nécessité d’un débat, mais souligne les effets nocifs du cannabis sur la santé, en particulier chez les jeunes consommateurs.

L’Examen Approfondi de la Possibilité de la Légalisation

Tandis que le débat se poursuit, la Belgique envisage d’examiner la possibilité d’une dépénalisation du cannabis de manière plus approfondie. Le Sénat prévoit de publier un rapport d’information dans les prochains mois, basé sur les contributions d’experts. À l’exception du MR, la plupart des partis francophones expriment leur soutien à une certaine forme de réforme du cannabis.

Ces partis différents dans leurs propositions, allant d’une réglementation stricte préconisée par le PS à la dépénalisation totale de la possession et de certaines formes de production et de distribution proposées par DéFI. Ecolo plaide pour une réglementation globale de l’ensemble de la chaîne du cannabis, tandis que Les Engagés prônent la dépénalisation de toute consommation de drogue. Le PTB insiste sur la régulation par l’État de la production et de la vente.

Dans son évaluation des modèles internationaux, M. Dermagne privilégie l’approche allemande, où les consommateurs adhèrent aux Cannabis Clubs responsables de la culture et de la distribution collective. Il critique le modèle néerlandais qu’il qualifie d’« hypocrite » en raison de l’écart entre les ventes légales et les cultures illégales.

Pour conclure, le débat sur la légalisation du cannabis en Belgique est actuellement au centre de l’attention politique. Les décisions prises dans les mois à venir pourraient avoir un impact significatif sur la politique antidrogue du pays et sur la manière dont il aborde la question complexe du cannabis. La Belgique, à l’étape de nombreux autres pays, se trouve à un tournant dans son approche de cette plante aux multiples facettes.

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