Avec 160 millions de consommateurs (chiffres des Nations Unies), le cannabis est certainement la drogue la plus populaire à l’échelle mondiale. C’est pour cette raison d’ailleurs que la plante suscite l’intérêt grandissant de la communauté scientifique. Certaines études se concentrent sur les effets de ses principaux actifs (surtout le THC et le CBD). Tandis que d’autres se penchent davantage sur son action spécifique sur notre organisme. Une recherche indienne menée à Srinagar a permis de définir ses conséquences sur le cerveau après une consommation sur une longue durée. D’après les résultats de cette analyse, le cannabis aurait des effets délétères sur les fonctions cognitives.
Il causerait un trouble visuo-spatial
Zoya Mir, psychologue clinicienne réputée d’Inde, a récemment parlé des résultats d’une étude qu’elle a menée conjointement avec le professeur en psychiatrie Yasir Rathe. Pour rappel, celle-ci se focalisait sur les effets d’une consommation à long terme de cannabis sur les fonctions cognitives. Selon cette recherche, fumer de la marijuana pouvait certes procurer un soulagement à court terme. Néanmoins, il est aussi primordial de s’intéresser à son action nocive sur le cerveau.
Le premier dysfonctionnement à constater concernerait le trouble visuo-spatial. À titre indicatif, ce problème se traduit par un défaut de coordination entre les membres et le cerveau qui peut entamer sur la vie quotidienne. Or, il s’agit d’un mécanisme indispensable pour exécuter de nombreuses tâches. Pareillement, il joue un rôle important dans la perception de la position et l’orientation des éléments environnants.
La marijuana, de son côté, perturbe cette coordination motrice. Cela peut être particulièrement dangereux pour la conduite par exemple. La substance serait d’ailleurs responsable d’un accident mortel sur 5 sur la route.
Le cannabis affecterait le contrôle inhibiteur
La consommation de marijuana perturberait également les fonctions exécutives. Pour être précis, l’étude de Zoya Mir rapporte une déficience au niveau du contrôle inhibiteur. Or, celui-ci s’avère essentiel dans la suppression de pensées et actions automatiques inappropriées. Comme son nom l’indique, ce mécanisme permet alors d’inhiber la première réponse qui se déclare habituellement, mais qui peut porter préjudice à notre entourage ou à nous-mêmes.
Un défaut à ce niveau pourrait alors se manifester au niveau du comportement moteur, de l’attention ou encore du comportement. Justement, les consommateurs réguliers de cannabis présenteraient des difficultés à contrôler leurs impulsions. Cela peut réellement être handicapant dans la vie quotidienne (autant sur le plan personnel et professionnel que social). D’autant plus qu’un problème à ce niveau provoque une altération du processus de prise de décisions.
Il réduirait la flexibilité mentale
La capacité à modifier correctement un comportement en réponse des changements d’environnement s’avère cruciale. C’est ce qu’on appelle « flexibilité mentale ». Elle entre en jeu dans les processus d’apprentissage, mais pas uniquement ! En effet, de nombreuses situations du quotidien exigent que vous puissiez changer de façon de penser ou d’avis rapidement pour attaquer un évènement sous différents angles. Elle s’avère aussi essentielle lorsque vous devez passer d’une tâche à une autre pour être au top de vos performances cognitives.
Selon la psychologue Zoya Mir, la consommation de cannabis sur de longues périodes causerait toutefois un léger déficit à cet égard. D’après les résultats d’autres recherches sur le sujet, la rigidité cognitive pourrait favoriser le développement de symptômes de stress, d’anxiété et de dépression. Pour cause, la flexibilité mentale nous empêche de nous laisser submerger par les réactions émotives, mais promeut aussi la résolution de problème.
Le cannabis affecterait la mémoire de travail
Dernier effet néfaste de la consommation de marijuana sur les fonctions cognitives, on retrouve l’altération de la mémoire de travail. Ce terme se réfère principalement à l’aptitude de votre cerveau à retenir brièvement une petite quantité d’informations et à les traiter. Celles-ci vous serviront ensuite dans l’exécution des tâches cognitives. Or, le cannabis affecterait cette capacité chez les consommateurs réguliers de la plante. Il en est de même pour la compétence à maintenir la concentration et l’attention. D’ailleurs, fumer de la marijuana sur une longue durée perturberait autant le processus d’apprentissage que la mémoire visuelle et verbale.
Démystifier la perception du cannabis
Par le biais de son étude, Zoya Mir a aussi tenu à démystifier la perception selon laquelle le cannabis ne cause aucun dommage cognitif. La majorité des jeunes consommant de la marijuana pensent effectivement qu’il s’agit d’une substance sans danger. Or, il convient de redoubler de vigilance quant à son utilisation, car il reste un produit à potentiel psychoactif.
La plupart du temps, les jeunes consommateurs échappent cependant à la vigilance de leurs parents. Multiplier les campagnes de prévention contre ses effets dévastateurs pourrait donc être judicieux.