La République tchèque deviendra-t-elle bientôt l’un des pays européens légalisant le cannabis ? En fait, un projet de loi pourrait être soumis au Parlement tchèque d’ici 2023 pour légaliser le cannabis pour les adultes. Les experts du domaine prennent maintenant la question très au sérieux et détaillent le projet. Des rumeurs circulent depuis la réunion des coordinateurs européens de lutte contre la drogue à Prague début septembre. Récemment, le cannabique tchèque Jindřich Vobořil a confirmé les informations. Il est un expert, un coordinateur national antidrogue et membre de l’équipe de direction de l’ODS, révélant son travail dans une interview avec le média Novinky.
Loi du cannabis en République Tchèque
Selon l’article 187a (1) : Quiconque détient, sans autorisation, une substance stupéfiante ou psychotrope ou un poison en quantité supérieure à infime est puni d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à deux ans ou d’une peine pécuniaire.
Techniquement, fumer du cannabis est illégal à Prague et en République tchèque. Toutefois, les mouvements de légalisation du cannabis sont très actifs dans les villes. Ces lois actuelles sur les drogues permettent aux gens de ne pas posséder plus qu’une « petite quantité » de cannabis. Par contre, cette « petite quantité » n’est pas précisée.
Généralement, cette limite est comprise comme moins de 4 grammes. Vous serez obligé de payer une amende pouvant aller jusqu’à 15 000 CZK (607 €) si vous êtes pris. Et, si vous avez de la chance, vous pourrez peut-être garder votre cannabis. Cependant, des experts souhaitent modifier la loi de 1999. Spécifiquement, ils visent à détacher le cannabis des drogues » dures », à la fois dans la définition et dans les sanctions.
Prochainement vers la légalisation du cannabis en République Tchèque ?
En fait, l’approche de Vobořil ne consiste pas seulement à mettre en place un projet stable pour la vente légale de cannabis. Il a également besoin du soutien de la majorité du parlement tchèque.
« C’est un sujet qui n’est pas connu de gauche et de droite. J’ai des arguments solides, et nous ne prenons aucun risque. Au contraire, on les réduira. Je souhaite que le projet soit adopté à la majorité de 101 voix, plutôt qu’à un consensus dans l’ensemble de l’hémicycle », explique-t-il.
Mais Vobořil, membre de l’ODS, le Parti civil démocrate, principale force libéralisme du pays, assure que son projet de légalisation a le soutien de Petr Fiala. Celui-ci est le Premier ministre. Il vient également de l’ODS et chef d’un gouvernement de coalition.
Vobořil a ajouté : « Afin d’avoir le pouvoir de préparer la proposition, je voudrais d’abord me mettre d’accord en fonction du spectre politique. J’aimerais former un groupe de travail pour élaborer le glossaire des paragraphes et présenter un concept d’ici la fin de l’année.»
La République tchèque s’apprête au changement !
Pavel Blažek, ministre de la Justice et collègue de Vobořil l’a également soutenu publiquement. Ainsi, il a déclaré : « J’ai consulté des experts sur la structure proposée de l’industrie du cannabis et je ne vois aucun problème. L’État n’a pas besoin de fournir des ressources financières pour l’abus et les tribunaux de ce sujet. Nous devons pouvoir nous concentrer sur des crimes plus graves. »
Pour information, les tchèques peuvent posséder et cultiver du cannabis depuis 2010. Par contre, le gouvernement pénalise l’usage public et est passible de sanctions. Cependant, ce projet légal de cannabis est déjà défini pour Jindřich Vobořil. Les ventes seront gérées dans des magasins spécifiques. De même pour l’utilisation et la culture personnelle.
Faire pression sur l’Europe pour légaliser le cannabis ?
Dans le même temps, la République tchèque souhaite des mesures au niveau de l’UE. Lors d’une récente table ronde à Prague, Jindřich Vobořil a appelé à une action collective pour réguler le marché du cannabis : « Nous espérons qu’on coordonne les efforts. Il est impossible de ne pas en parler au niveau de l’Union européenne. L’interdiction ne s’est pas avérée suffisamment efficace. Il faut trouver un autre modèle pour les contrôles. »
« Un marché contrôlé peut être la seule solution possible », déclare Vobořil. « Nous essayons de faire cela depuis plus de 10 ans, mais de nombreux problèmes juridiques existent. »
Michel Kazatchkine, membre français du Comité mondial de la politique des drogues, a également partagé son avis. « Je pense qu’il y aura un changement d’état d’esprit en Europe et dans le monde, et qu’il y aura un marché régulé du cannabis. » a-t-il déclaré.
En ce sens, Jindřich Vobořil s’est réjoui que la République tchèque ne soit pas la seule à partager cet objectif. Notamment, l’Allemagne, le Luxembourg et les Pays-Bas en font des exemples.
