Pour la France, la lutte contre la consommation et le trafic de stupéfiants constitue un enjeu majeur. L’Hexagone fait même partie des pays qui ont adopté une tolérance zéro contre la drogue. Cependant, les politiques répressives visant à contrôler la circulation des substances illicites et les conduites addictives peinent à porter leur fruit. Il est alors normal de se demander s’il existe une autre solution plus efficace (et aussi moins coûteuse) pour atteindre cet objectif. Afin de prévenir et accompagner les jeunes face aux dangers des produits psychoactifs sur la santé, on pourrait par exemple privilégier davantage l’accompagnement. Cannabis, cocaïne, héroïne, ecstasy, etc., adopter une politique éducative de santé pourrait donner de meilleurs résultats pour les combattre. Les détails.
Usage de drogue en France : quelques chiffres clés
Tout d’abord, on parle de drogue dès lors où la substance en question affecte le système nerveux. Elle modifiera alors les processus mentaux tels que la perception, la conscience, les capacités cognitives ou l’humeur. Dans la majorité des cas, la consommation de ces produits psychoactifs entraine la dépendance. On liste les drogues licites (il s’agit principalement de l’alcool et du tabac) et les drogues illicites. En France, les plus consommées à cet égard sont :
- Le cannabis (avec 1,3 million d’usagers réguliers) ;
- La cocaïne (qui compte 600 000 usagers chaque année) ;
- La MDMA/ecstasy (400 000 consommateurs annuels) et
- L’héroïne (500 000 expérimentateurs).
Si l’Hexagone a déjà mis en place des mesures draconiennes pour limiter la distribution de ces produits à la population, les chiffres restent relativement élevés. Démontrant ainsi l’inefficacité des politiques de lutte contre la drogue qui sont déjà en vigueur.
Pourtant, les risques qui découlent d’un usage abusif de stupéfiants sont réels. On cite entre autres :
- Les problèmes de santé à court terme (en particulier la dépression respiratoire) ;
- L’intoxication aiguë et l’overdose ;
- La vulnérabilité psychique ;
- L’altération des facultés physiques ;
- Le développement d’un comportement agressif ;
- Les dommages psychologiques et l’exacerbation de troubles psychiatriques ;
- L’installation d’une dépendance.
L’addiction par rapport à une drogue en particulier vient, elle-même, avec son lot d’inconvénients.
Adopter une politique anti-drogue reste ainsi primordial, mais encore faut-il s’y prendre de la bonne manière. D’autant plus que le problème semble s’aggraver chaque année. Pour la France, le trafic de stupéfiants représenterait par exemple un marché qui s’élève à 3,5 milliards d’euros.
Les limites des politiques répressives
La prohibition des stupéfiants en France a commencé dans les années 70. Les dispositions de la loi n° 70-1320 du 31 décembre 1970 ne concernent pas uniquement le trafic et la distribution de stupéfiants. Elles impliquent également les consommateurs en interdisant l’usage et la consommation illicites de ces produits. Et pourtant, les faits sont là. Plus de 50 ans plus tard, le problème est encore loin d’être résolu. Bien au contraire, la situation semble s’aggraver.
Mais alors, n’est-il pas temps d’opter pour une alternative peut-être plus bénéfique ? En effet, le problème réside principalement dans le fait que les autorités perpétuent un stéréotype voulant catégoriser la drogue comme l’ennemi public numéro 1. Toutefois, outre la réalité de « ce qui est interdit est excitant », on remarque aussi l’émergence de fausses informations et de beaucoup de « on dit ». Or, la considération de la drogue comme un sujet tabou entraine un manque de connaissance. Cela exacerbe d’autant plus le problème au lieu de donner l’effet escompté.
Afin de promouvoir la prévention de l’abus de drogue et de produits illicites en général, la répression seule ne suffira donc pas pour éradiquer le problème dans le temps. De plus, les politiques répressives intensives auraient des impacts économiques phénoménaux. À titre d’exemple, la MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) aurait alloué un budget de budget de 17 millions d’euros pour l’exécution du plan national de mobilisation contre les addictions.
De l’autre part, les cartels internationaux de la drogue deviennent plus agressifs et plus expansionnistes. Ils font preuve d’imagination, en changeant constamment leurs modes de distribution. Il n’est donc pas étonnant de constater que la France peine encore à freiner la croissance du trafic et de la consommation de drogue.
Qu’en est-il de l’usage de cannabis en particulier ?
La question revient souvent au centre des débats, mais reste en suspens depuis quelques années déjà. Faut-il légaliser ou non le cannabis ? Comme il s’agit de la drogue la plus consommée (surpassant de loin les drogues dures) dans l’Hexagone, un changement de législation à ce niveau pourrait être bénéfique. Cependant, la France fait encore partie des plus réfractaires par rapport à ce sujet.
Si d’autres pays européens comme le Luxembourg et l’Allemagne ont déjà sauté le pas, nous ne sommes pas encore là pour le moment. Bien au contraire, les différents acteurs français de la lutte contre la drogue mènent une guerre sans merci vis-à-vis du cannabis. Seulement, les chiffres parlent d’eux-mêmes. 46,1 % des adultes auraient déjà consommé du cannabis.
De l’autre part, de plus en plus de personnes se tournent aujourd’hui vers cette substance. Et ce, afin de profiter de ses bienfaits thérapeutiques présumés. De même, le profil des consommateurs se diversifie continuellement. Et l’image de la marijuana auprès du public évolue progressivement. De leur côté, les défenseurs de la légalisation du cannabis prônent les avantages de cet acte. Nous pouvons citer entre autres :
- La liberté de consommation ;
- Le contrôle de la qualité des produits disponibles à l’achat ;
- La maîtrise des points de vente ;
- L’extension de la portée des recherches scientifiques ;
- Et même l’amélioration des finances publiques.
Dans ces conditions, la légalisation du cannabis peut déjà représenter une solution envisageable face à l’inefficacité des politiques répressives.
La politique éducative de santé : une meilleure alternative ?
Il existe différentes options à considérer pour promouvoir la lutte anti-drogue et la prévention de la criminalité en général dans l’Hexagone. Si la répression ne porte pas suffisamment de résultats, la politique éducative semble présenter des avantages non négligeables. En réalité, l’accompagnement pourrait vraiment être une excellente solution à cet égard.
Quoi qu’il en soit, plusieurs possibilités existent ici pour renforcer les moyens de lutte. Notons entre autres :
- La distribution massive des informations sur les différentes drogues et leurs effets ;
- La destruction des mythes et connaissances populaires ;
- L’adoption d’une méthode pédagogique et interactive ;
- L’instauration de débats et échanges d’opinions ;
- La communication sur les nouveaux principes et dispositifs de précaution ou de prévention contre l’abus de drogue.
Les actions de sensibilisation devraient par ailleurs commencer dès le milieu scolaire pour favoriser l’atteinte des objectifs à cet égard. Quant aux mesures d’accompagnement de personnes déjà dépendantes, il pourrait s’avérer judicieux de :
- Favoriser l’accès à la prise en charge des troubles addictifs ;
- Prévoir la mise en route du traitement de sevrage ;
- Organiser un suivi psychologique individuel et collectif ;
- Privilégier un accompagnement social.
Si ces dispositifs sont déjà disponibles à l’heure actuelle, il convient encore d’élargir leur portée.
CBD : une solution intéressante à envisager
Chanvre industriel, cannabidiol, CBD…, ces termes renvoient à la plante de cannabis. À la seule différence que vous pouvez acheter du CBD en France de manière tout à fait légale. Il est alors facile de voir d’où vient la confusion. Cependant, le cannabidiol n’est pas considéré comme de la drogue. Pour cause, il ne contient qu’une infime dose de THC (la substance psychoactive responsable de l’effet high). Cela signifie que vous évitez les effets indésirables de la marijuana classique en optant pour du CBD. Grâce aux propriétés relaxantes de ce dernier, il induit néanmoins une sensation de détente que vous pourriez apprécier.
Cependant, l’intérêt du cannabidiol ne réside pas uniquement dans sa capacité apaisante. Il pourrait aider dans la lutte contre la drogue. En effet, il interviendrait dans le contrôle des comportements addictifs en modulant les circuits neuronaux impliqués dans la toxicomanie. Même si l’accompagnement constitue une solution qui marche, l’intégration du CBD dans ce processus pourrait donc donner des résultats encore plus avantageux. Autrement dit, ce serait une addition non négligeable pour compléter les options de traitement déjà mises en place (groupes de soutien, médicaments et psychothérapie).
En outre, la consommation du CBD permettrait aussi de diminuer les symptômes de sevrage. Ces derniers diffèrent en fonction de la substance faisant l’objet de la dépendance. Mais les manifestations incluent de manière générale le trouble du sommeil, l’irritabilité et les sautes d’humeur. Eh bien, encore une fois, le cannabidiol présente des résultats satisfaisants dans la résolution de ces problèmes.
Lutte anti-drogue : que retenir ?
La France sanctionne lourdement le trafic de stupéfiants (jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle et 7 500 000 euros d’amende). Pour la détention illicite, vous encourez jusqu’à 10 ans de peine de prison et de 7 500 000 euros d’amende. Malgré des politiques répressives intenses, l’Hexagone est cependant encore loin d’avoir réglé le problème.
Après une lutte acharnée contre la drogue depuis plus de 50 ans, sans obtenir de résultat, il est alors peut-être temps de considérer de nouvelles solutions. L’adoption d’une politique éducative de santé et l’accompagnement des personnes dépendantes pourraient notamment être une meilleure idée dans ce cas.
C’est peut-être aussi le moment d’envisager la perspective de légalisation du cannabis.