La nouvelle résolution de l’ONU va influencer la politique de drogue à l’échelle mondiale. La revendication d’une communauté sans drogue a depuis longtemps été au centre de la politique antidrogue, au sein du système des Nations unies. Or, le renforcement de la criminalisation des drogues a entraîné plus de dommages que d’effets positifs. On assiste à l’expansion du trafic de drogue (avec une diversification des produits). Le non-respect des droits, la hausse des emprisonnements et des mortalités liées à la drogue sont autant de préjudices humains navrants.
Nations-Unis : Une résolution révolutionnaire en matière de politique de drogue
Dernièrement, le système des Nations-Unies a adopté une résolution semblant aller à l’encontre de l’idéologie d’une société exempte de drogue. Il s’agit d’une révolution décennale, dans la mesure où le texte de résolution n’a fait aucune mention de cette idéologie. Pourtant, le document présente de puissants arguments de droits humains afférents au cannabis. Il faut dire que cette approche a encore peu évolué depuis la Commission des stupéfiants à Vienne.
Une modification du procédé de résolution
Ce qui fait l’innovation et la particularité de cette résolution c’est son adoption à la suite d’un vote. L’Assemblée générale des Nations-Unies prenait jusqu’ici des décisions par consensus. La Russie est en quelque sorte à l’origine de ce changement de processus. En voulant défendre l’idéologie d’un monde sans stupéfiants, elle a demandé le vote du texte.
Mais les choses ne se sont pas produites telles que la Fédération de Russie l’avait espéré. En fait, le texte a été approuvé au sein de la Commission et de l’Assemblée de l’ONU. Par conséquent, la Russie a mis fin au procédé habituel de consensus de l’ensemble des États membres, en privilégiant le vote. Il semble qu’avec la situation en Ukraine, la plupart des États membres de l’ONU ne soutiennent plus la Fédération russe.
Mais il existe tout de même quelques réticences du côté des représentants désireux de maintenir le consensus d’avant. Mais lors de la séance plénière, 124 représentants ont voté pour la résolution (contre 9 opposants et 45 abstentions). Cela représente une victoire écrasante en faveur du cannabis.
Une initiative mexicaine payante
En tant que responsable rédactionnel de cette résolution omnibus annuelle, le Mexique a décidé de ne pas agir comme d’habitude. Il a plutôt rédigé un texte plus court détaillant point par point différents thèmes. Le Mexique a surtout mis en évidence la préoccupation centrale en matière de drogue, à savoir l’humain (son bien-être et sa santé). L’Ambassadeur mexicain a déclaré lors de la troisième Commission que la présentation annuelle des mêmes dossiers n’est qu’un gaspillage de feuilles. Selon lui, on ne peut pas toujours répéter les mêmes actions et espérer une évolution au niveau des résultats.
Quelles sont les principales dispositions de la résolution de l’ONU ?
Bref, la résolution a bouleversé la procédure consensuelle en termes de politique de drogue à l’ONU. Cette dernière tend à s’éloigner de la prérogative d’une société exempte de drogue, pour privilégier les droits humains. Cela constitue, par la même occasion, un rejet de la tolérance zéro des Russes aux stupéfiants. Néanmoins, on encourage les États à lutter contre les activités illicites en matière de drogues (culture, production, trafic) nuisibles à la société.
La résolution met fin aux anciennes décisions, en condamnant le racisme dans les procédures pénales et judiciaires en matière de stupéfiants. Cette résolution n’admettra plus l’impunité de ces actes. Par ailleurs, la résolution contient des arguments poignants concernant les autochtones (notamment leurs droits). Avant d’interdire les activités économiques liées à la marijuana, les États devraient apporter d’autres moyens de subsistance alternatifs à leur population.
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