Le cannabis peut-il aider à lutter contre la spasticité musculaire ?

Partagez cet article

 

La spasticité est l’une des quelques orientations thérapeutiques qui ont été testées pour le cannabis médicinal. L’utilisation du cannabis comme médicament est l’un des sujets les plus débattus aujourd’hui. Pourtant, les vertus thérapeutiques de cette plante sont connues depuis l’âge de pierre. Le cannabis possède des propriétés psychotropes et les chamans l’utilisaient pour entrer en transe sous le nom de haschisch. Dans le présent article, nous allons examiner comment le cannabis peut aider à lutter contre la spasticité musculaire.

Qu’est-ce que la spasticité ?

La spasticité est une raideur musculaire involontaire. On la constate le plus souvent dans certains muscles présentant un déficit moteur. Elle se caractérise par une perturbation des schémas de mouvements musculaires. À cause de cette perturbation, certains muscles se contractent en même temps lorsque vous essayez de bouger ou même au repos. Ainsi, les muscles restent contractés et résistent à l’étirement. 

Parallèlement, la spasticité interfère avec les mouvements et peut affecter votre élocution ainsi que votre démarche. Son intensité peut varier de façon importante au cours de la journée. Elle peut se manifester pendant la nuit et peut altérer la qualité du sommeil. La spasticité entraîne aussi une augmentation du tonus musculaire qui se traduit par :

  • Une raideur persistante
  • Des contractures 
  • Des spasmes très douloureux qui peuvent devenir handicapants.

Ce trouble touche plus souvent les hommes que les femmes. Toutefois, la spasticité peut être permanente ou ne survenir que dans certaines situations.

Main humain

Quelles sont les causes de la spasticité ? 

La spasticité est d’origine neuromusculaire. Elle est due soit à un problème nerveux touchant les motoneurones des muscles contrôlés volontairement, soit à un problème de transmission de l’information entre le nerf et le muscle. Il faut savoir que nos muscles ne sont pas complètement détendus au repos. En effet, il existe encore une tension musculaire, que l’on appelle le tonus. Celle-ci est régulée par le réflexe d’étirement qui correspond à la contraction d’un muscle en réponse à son étirement. Ainsi, c’est le réflexe obtenu par le médecin en frappant le genou du patient avec un marteau.

 La spasticité est fréquente et survient en cas d’atteinte du système pyramidal dans les conditions suivantes:

  • Les accidents cérébraux (accidents vasculaires cérébraux)
  • La sclérose en plaques 
  • Les lésions du cerveau et de la moelle épinière : traumatisme, tumeur, infection
  • La paralysie cérébrale.

Il convient de bien noter que les personnes ayant subi une lésion cérébrale, une lésion de la moelle épinière ou un accident vasculaire cérébral peuvent commencer à présenter des signes de spasticité dans diverses parties du corps; et cela dans les semaines, les mois ou l’année qui suivent la lésion. Dans ces cas, les symptômes de spasticité s’atténuent parfois au fur et à mesure de la guérison du cerveau.

Comment se manifestent la spasticité ?

Bien que la spasticité affecte le plus souvent les muscles des jambes, elle peut également se manifester au niveau des bras, du cou et du torse. Certaines personnes atteintes de spasticité ne ressentent qu’une douleur. Parfois, la douleur et la raideur sont légères, tandis que d’autres présentent des symptômes graves et invalidants. Les signes et symptômes associés à la spasticité sont les suivants :

  • Augmentation du tonus musculaire
  • Douleur ou inconfort
  • Spasmes musculaires
  • Raideur musculaire
  • Croisement involontaire des jambes (appelé ciseau)
  • Posture anormale
  • Déformations osseuses et articulaires
  • Difficulté à marcher
  • Difficultés à parler, à manger et à boire
  • Muscles qui semblent lourds et difficiles à bouger
  • Contractures (contraction et raccourcissement permanents des muscles et des tendons)

La spasticité peut également affecter les petits muscles qui contrôlent le visage, la langue et les cordes vocales. Cela peut entraîner des troubles de l’élocution ou une voix rauque. Elle peut aussi entraîner des difficultés à manger, à boire et à avaler.

Le cannabis pour la récupération musculaire

L’un des principaux modes d’action du cannabis médical sur la spasticité musculaire est la récupération du muscle lui-même. Cela a attiré l’attention des athlètes du monde entier. Ces derniers l’utilisent pour récupérer et soulager leurs muscles. Le processus de croissance musculaire de tout exercice entraîne des douleurs et des inflammations lorsque le tissu musculaire est déchiré et régénéré.

D’ailleurs, le cannabis médical est utile pour soulager cette douleur. Il réduit également l’inflammation musculaire, le stress oxydatif induit par l’exercice et l’effet de l’inflammation. Il aide à la récupération des tissus musculaires endommagés.

En outre, des patients ordinaires et des athlètes d’élite ont signalé une réduction significative de la sévérité. De plus, la fréquence de leurs spasmes musculaires et de leurs douleurs a diminué avec l’utilisation du cannabis médical. Ils ont affirmé une fonction musculaire plus douce et meilleure.

cannabis medicinal

Système endocannabinoïde et spasticité musculaire

De nombreuses études confirment que le cannabis médical est efficace pour fournir un soulagement des spasmes musculaires. Mais en plus d’agir comme récupération musculaire sur la spasticité, il agit également sur les récepteurs du système endocannabinoïde et de réduire l’inflammation.

Le système endocannabinoïde (ECS) est un ensemble de récepteurs présents dans tout le corps humain. Ce système réagit aux molécules endogènes, créées à l’intérieur du corps sans apport extérieur. En se liant aux récepteurs cannabinoïdes, ces molécules activent les mêmes récepteurs que ceux du cannabis. D’ailleurs, les deux principaux récepteurs qui vont traiter les messages chimiques des cannabinoïdes sont appelés CB1 et CB2. La prise de cannabidiol active les récepteurs CB1 et CB2. Ceux-ci sont reliés au système nerveux central, lui-même touché par la sclérose en plaques. 

Selon des études scientifiques, le système endocannabinoïde et la prise de CBD jouent un rôle dans la régulation de la spasticité. Cela grâce à leurs propriétés anti-inflammatoires, immunosuppressives et neuroprotectrices. La prise de cannabinoïdes pourrait donc réduire les symptômes. Toutefois, elle pourrait aussi ralentir la progression neurodégénérative.

Spasticité : Le cannabis pour la sclérose en plaque

Une étude a montré que le cannabis médicinal a été identifié comme un traitement efficace des symptômes de la sclérose en plaques. Il permet notamment de réduire la douleur et la spasticité causées par la maladie.

En effet, par son action anti-inflammatoire, immuno-suppressive et neuroprotectrice, le cannabis médicinal pourrait ralentir la progression de la SEP. Pour être plus précis, l’huile de CBD arrête par exemple la production d’anticorps dans certains globules blancs. Or, dans une maladie comme la SEP, ces anticorps détruisent la gaine de myéline, aggravant ainsi l’inflammation.

En outre, la douleur neuropathique est presque toujours présente chez les patients atteints de sclérose en plaques. Ce type de douleur est causé par des lésions nerveuses. De plus, la douleur est chronique et ne répond pas aux antalgiques habituels. Avec l’utilisation de cannabis thérapeutique tel que le CBD, les récepteurs du système endocannabinoïde vont inhiber la production de glutamates et ainsi réduire les douleurs neuropathiques.

Options de traitement de la spasticité par le cannabis

Les produits à base de cannabis peuvent être consommés de plusieurs manières : fumés ou vaporisés et inhalés. On peut aussi les manger ou les appliquer sur la peau. Plusieurs formulations ont été expérimentées pour remédier à la spasticité.

  • Inhalation

Même si quelques études ont examiné les produits de cannabis fumés ou vaporisés comme thérapie potentielle de la spasticité, le simple fait de fumer peut causer des dommages aux poumons. Ainsi, les formulations inhalées ne sont généralement pas recommandées à des fins médicales.

  • Edibles

Les edibles sont des formes de cannabis conçues pour la consommation ou l’ingestion. Ils se présentent sous de nombreuses formes. Citons notamment les chewing-gums, les bonbons, les produits de boulangerie ou les capsules. Quelques essais cliniques ont examiné les effets de l’utilisation d’extraits de cannabis par voie orale. Ces extraits sont des préparations comestibles contenant des concentrations contrôlées de cannabinoïdes pour traiter la SEP. Les extraits oraux de cannabis se sont révélés capables de réduire les symptômes de spasticité et de douleur rapportés par les patients atteints de SEP.

Les produits à base de cannabis

  • Spray oral

Un spray oral de cannabis appelé nabiximols, qui contient un mélange presque égal de THC et de CBD, a fait l’objet de nombreux essais cliniques sur la SEP. On a constaté qu’il soulageait de manière significative les symptômes tels que la spasticité, la douleur et les problèmes de vessie. Cette thérapie est approuvée au Canada et dans la plupart des pays européens pour traiter la spasticité liée à la SEP. Elle est commercialisée en France sous le nom de marque Sativex.

Les risques de la consommation de cannabis dans la SEP

En effet, l’utilisation de produits à base de cannabis peut provoquer des effets secondaires indésirables. Ces effets peuvent, dans de rares cas, s’avérer être une menace. Toutefois, le profil de sécurité spécifique de chacun dépend du produit, de la dose et de la méthode d’administration. Les effets secondaires courants associés aux produits à base de cannabis rapportés dans les essais cliniques pour la spasticité sont les suivants : 

  • Étourdissements ou des vertiges
  • Diarrhée, nausées ou vomissements
  • Sécheresse de la bouche
  • Fatigue ou somnolence
  • Maux de tête
  • Désorientation ou troubles de l’attention

Il convient de noter que la consommation de cannabis peut augmenter le risque de développer une psychose, notamment en cas de consommation à fortes doses. Il faut donc l’éviter chez les personnes à risque, comme celles qui ont des antécédents familiaux de schizophrénie. 

Conclusion

Les examens des preuves scientifiques disponibles ont généralement soutenu l’idée que les thérapies à base de cannabis peuvent aider à soulager les symptômes de la douleur et de la spasticité. Ces essais ont montré que les thérapies à base de cannabis ne sont pas assez efficaces pour guérir définitivement la spasticité. Cependant, les traitements sont systématiquement efficaces pour réduire les symptômes de spasticité dont font état les patients. Il est cependant préférable de consulter un expert avant d’utiliser un quelconque produit à base de cannabis.

spot_img

Articles Similaires

Cannabis-Café : Un duo surprenant ! 

Ceux qui cherchent à démarrer leur journée de manière...

La Thaïlande et le cannabis : Un pas en avant, deux pas en arrière ?

La Thaïlande se retrouve une nouvelle fois à un...

Le Combat des Psychedéliques : Quand la Science Défie la DEA

La Drug Enforcement Administration (DEA) des États-Unis se retrouve...

Légalisation du cannabis aux États-Unis : Kamala Harris ou Donald Trump

Joe Biden a créé la surprise en annonçant son...

Cannabis et Grossesse : Une Association Périlleuse ?

La consommation de cannabis pendant la grossesse est de...
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img